Amid Faljaoui
La baisse de l’inflation et l’histoire du tube du dentifrice
Quand l’actualité n’est pas réjouissante, il est parfois de bon conseil de prendre du recul pour se focaliser sur le verre à moitié plein. Et ce verre, c’est celui de l’inflation.
En 2022, l’inflation avait fait un retour fracassant dans nos vies quotidiennes, notamment via l’augmentation de nos factures d’énergie et la valse des étiquettes au supermarché. Comme d’habitude certains experts abonnés à l’erreur nous ont expliqué doctement que nous étions revenus aux chocs pétroliers des années 1970 et que nous devions nous attendre à une inflation haute et couplée à une hausse du chômage. Au final, nous n’avons eu ni l’un ni l’autre, et c’est exploit nous le devons en partie aux banques centrales qui pour lutter contre l’inflation n’ont pas hésité à augmenter les taux d’intérêt.
Le combat n’était pas gagné d’avance. Un ancien ministre des finances allemand avait d’ailleurs résumé ce combat en disant qu’il était perdu d’avance, car disait-il « l’inflation, c’est comme le dentifrice, une fois qu’il est sorti du tube, bonne chance pour le remettre dedans ». Eh bien non, le diable inflationniste est en train de retourner dans sa boite ou son tube. En un peu plus d’un an et 10 hausses de taux en Europe, l’inflation a été diminuée de moitié. Bien sûr, elle est encore trop élevée, et notamment parce que le mandat officiel des banquiers centraux consiste à réduire l’inflation autour des 2%. On n’y est pas encore, mais on est loin des 10% d’inflation de 2022.
Et donc, il faut le rappeler, le combat contre l’inflation commence à être gagné. C’est une victoire aussi pour le pouvoir d’achat des ménages. Mais ce combat contre l’inflation va aussi se traduire par une baisse des taux d’intérêt. Le consensus des experts table sur une baisse au second semestre 2024. Les uns diront que c’est trop tard, que d’ici là l’économie aura trop baissé à cause de ces taux d’intérêt trop élevés. D’autres, plus optimistes, constateront qu’il y a déjà une pause aujourd’hui. Aucune des banques centrales importantes n’a relevé ses taux dernièrement. Bien sûr, le discours officiel se veut offensif, et les présidents de ces banques centrales rappellent à qui veut l’entendre qu’ils ont encore l’arme au pied et qu’au moindre dérapage de l’inflation, ils n’hésiteront pas à dégainer l’arme des taux d’intérêt. Mais ça c’est pour le discours. La réalité, c’est que nous sommes tous en train de gagner collectivement cette bataille contre l’inflation et nous nous habituerons progressivement à avoir des taux plus élevés que par le passé. Mais comme nous avons tous une mémoire de poisson rouge, nous avons oublié que nous quittons une période anormale sur le plan historique, une période durant laquelle nous avions des taux d’intérêts négatifs. Une période durant laquelle on a vu des situations dans lesquelles celui ou celle qui prêtait de l’argent devait payer un intérêt et celui qui empruntait recevait un intérêt.
A force de toujours guetter le prochain souci, le prochain problème, nous avons oublié que nous venons de quitter une autre époque, une époque de dingues. Mais tout comme le serpent qui mue est aveugle, nous sommes nous aussi en pleine mutation. Et donc, aveugles aux changements qui nous entourent.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici