L'oeil d'Amid Faljaoui

Google vacille. Et ce n’est pas un bug, ni une rumeur

Ce qui s’est passé cette semaine en Bourse est passé presque inaperçu… Et pourtant, c’est peut-être un moment historique pour Internet. 

Mercredi dernier, l’action d’Alphabet, la maison mère de Google, a perdu plus de 150 milliards de dollars de valeur en une seule journée. Pourquoi ? Mais à cause d’une simple phrase prononcée par un cadre d’Apple, devant un tribunal américain.

Et la phrase est courte, mais lourde de sens, je vous la lis : “Nous envisageons d’ajouter d’autres moteurs de recherche dans Safari.” Traduction : Apple pense à laisser tomber Google comme moteur de recherche par défaut sur l’iPhone.

Mais ce que vous devez savoir, c’est que ce partenariat entre Google et Apple, c’est le nerf de la guerre. Pourquoi ? Mais parce que chaque année, Google paie jusqu’à 20 milliards de dollars à Apple pour rester la porte d’entrée d’Internet sur Safari, le navigateur de l’iPhone. Vous me direz, mais pourquoi une telle somme ?

Réponse : Parce que c’est stratégique. En étant le moteur par défaut, Google capte des centaines de millions d’utilisateurs… et surtout, il capte leur attention, le veritable pétrole des temps modernes. Et cette attention, Google la monétise grâce à la publicité.

C’est ça en résumé le modèle économique de Google : Vous tapez une question. Et Google affiche une page avec des liens. Et parmi ces liens, certains sont des publicités déguisées en résultats naturels. Et comme vous le savez, les annonceurs paient pour que leur lien apparaisse en haut. Chaque clic peut leur coûter plusieurs euros. C’est ce qu’on appelle le référencement payant.

Et ça, ça rapporte énormément à Google.

Le modèle vacille

Mais voilà : ce modèle est depuis cette semaine en train de vaciller. D’abord, parce que de plus en plus d’utilisateurs ne passent plus par Google. Ils utilisent des assistants intelligents comme ChatGPT, Perplexity, ou même l’IA de Microsoft.

Les utilisateurs, autrement dit, vous et moi, nous ne voulons plus dix liens, nous voulons une réponse claire, directe, en langage naturel. Nous ne voulons plus chercher. Nous voulons qu’on cherche pour nous.

Et c’est là que Google est en danger. Parce que ces nouveaux outils ne proposent qu’une réponse, et pas une page entière à faire défiler. Et donc… il n’y a plus d’espace pour glisser des publicités.

Et sans espace publicitaire, plus de revenus publicitaires. C’est le grand défi du moment pour Google : Comment monétiser une réponse unique produite par une intelligence artificielle ? Comment gagner de l’argent quand l’utilisateur n’a plus besoin de cliquer sur plusieurs liens ?

Aujourd’hui, des assistants comme ChatGPT ne gagnent presque rien avec leurs recherches. Mais cela pourrait changer demain :

  • Avec des partenariats e-commerce
  • Avec des commissions sur les ventes
  • Ou avec une nouvelle forme de publicité plus subtile

Mais pour l’instant, ce modèle économique reste encore à inventer. Et c’est pour cela que les marchés boursiers paniquent. Car si Google perd son accord avec Apple, et si les utilisateurs changent d’habitude… alors c’est tout son empire qui est en jeu.

Ce n’est pas encore la fin de Google. Mais c’est peut-être la fin du réflexe Google. Et pour une entreprise dont plus de la moitié des revenus dépendent encore de la recherche en ligne, ça change tout. Merci pour votre lecture et à lundi pour un nouveau décryptage de l’actualité.

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