Amid Faljaoui

Exit le patron de Hertz: ou comment avoir tort quand on a raison trop tôt?

Avoir raison trop tôt équivaut parfois à avoir tort. C’est ce qu’a découvert récemment Stephen Sherr, l’ancien PDG du loueur de voitures Hertz.

Je dis “ancien PDG” car il a été renvoyé après seulement deux ans à ce poste – une sortie de route rapide et brutale. Pourtant, son arrivée avait été accueillie avec enthousiasme, le cours de l’action Hertz ayant augmenté de 42 % en moins de quinze jours en 2021, ce qui semble être une éternité maintenant. À l’époque, Stephen Sherr venait d’être nommé à la tête du troisième loueur de voitures mondial, alors que Hertz sortait d’une période difficile due à la pandémie de COVID, qui avait failli être fatale pour de nombreux loueurs de voitures.

Stephen Sherr semblait avoir un raisonnement imparable. Premièrement, il avait anticipé l’essor de l’électrification des voitures et pensait que les consommateurs soucieux de l’environnement se précipiteraient sur les voitures électriques. Il a donc agi comme un joueur de poker, misant gros en commandant 100 000 voitures électriques à Tesla. La Bourse a applaudi cette décision et le cours de l’action Hertz a grimpé en flèche. Son deuxième coup de poker a été de collaborer avec Uber pour louer une partie de sa flotte de véhicules électriques. Avec la pression croissante des villes pour des véhicules propres, comme l’exigence de New York que tous les véhicules de location utilisés par Uber soient propres d’ici 2030, le marché a également salué cette collaboration.

Cependant, ce raisonnement, qui semblait parfait sur le papier, ne s’est pas vérifié dans la réalité. Sherr n’avait pas pris en compte le coût des réparations des voitures électriques, deux fois plus élevé que celui des voitures thermiques en raison des pièces détachées coûteuses de Tesla. De plus, les conducteurs d’Uber étaient responsables de nombreux accidents. Ensuite, la guerre des prix engagée par Tesla pour gagner des parts de marché a fait chuter la valeur de revente des voitures de Hertz, accélérant ainsi leur dépréciation comptable. Enfin, les Américains n’ont pas adopté aussi rapidement que prévu les voitures électriques, même en location.

Une autre leçon tirée de cette histoire est la différence entre le monde des affaires et le monde politique. En affaires, lorsque l’on échoue, la sortie est immédiate. En politique, comme nous le voyons avec les prochaines élections, on peut échouer pendant vingt ou trente ans et revenir solliciter le suffrage des électeurs sans être gêné. Saviez-vous qu’à l’Antiquité, les architectes qui concevaient un pont étaient attachés et placés sous le pont en question jusqu’à ce que les échafaudages soient retirés ? Si le pont tenait, tout allait bien pour l’architecte, sinon, il mourait immédiatement avec l’effondrement du pont. C’était une manière de responsabiliser les gens à cette époque. Certaines bonnes pratiques semblent s’être perdues avec le temps. Et vous, qu’en pensez-vous ?

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content