Amid Faljaoui

Entre 2023 et 2030, ce sera darwinien dans le secteur automobile

Je vais vous parler aujourd’hui de Carlos Tavares, un homme d’exception qui est la tête du groupe automobile Stellantis, né de la fusion du groupe français PSA et du groupe italien Fiat-Chrysler.

Stellantis gère 13 marques automobiles différentes et donc les plus connues sont Fiat, Peugeot et Citroën ou Jeep. A l’inverse de Mercedes, les marques gérées par Stellantis ne sont pas aussi prestigieuses et Stellantis n’écoule pas autant de voitures que son concurrent allemand. Mais grâce aux efforts de Carlos Tavares, Stellantis occupe aujourd’hui le trio de têtes des groupes automobiles les plus rentables, avec une marge de 13% et un profit record de quasi 17 milliards d’euros. On peut donc dire que c’est la fête chez Stellantis. Ca, c’est le résultat du boulot des équipes, mais surtout d’un homme d’exception : Carlos Tavares.

A 64 ans, ce patron français (qui est en réalité portugais) vient d’un milieu de la classe moyenne, avec un papa expert-comptable pour une société d’assurances française et une mère portugaise professeure de français. Autant dire que le jeune Carlos Tavares est francophile dès sa naissance selon le portrait que lui ont consacré mes confrères des Echos. Il fera d’excellentes études d’ingénieur à Paris et sera même à un moment donné le bras d’un autre Carlos, mais dont le nom est Ghosn. Il finira par quitter ce patron trop remuant et trop médiatique pour prendre lui-même la direction du groupe PSA.

Si tous les observateurs disent que Carlos Tavares est remarquable, c’est parce que diriger un groupe qui pèse 180 milliards d’euros et qui emploie 270.000 personnes, ce n’est pas simple. Comme il le dit lui-même, c’est un paquebot et pas un hors-bord. Il ne suffit donc pas de claquer des doigts pour le faire changer de cap.

“Se désintoxiquer de la guerre des volumes”

Pourtant quand Tavares hérite du paquebot PSA, ce dernier est très mal en point. C’est à coup de restructuration et de fusions qu’il en a fait aujourd’hui l’un des groupes les plus rentables au niveau mondial en quelques années à peine. Pour cela, Carlos Tavares a appris à se désintoxiquer, comme il le dit lui-même, de la guerre des volumes pour s’axer plus sur la rentabilité. D’ailleurs, comme il le dit au quotidien économique Les Echos, d’ici à 2030 la compétition va être féroce dans le secteur automobile. Pourquoi ? Mais parce qu’à cause du COVID et de la guerre en Ukraine, les chaines d’approvisionnements automobiles étaient sous tension. Les prix ont augmenté et le paradoxe c’est que les marges des constructeurs se sont améliorées aussi vu l’absence de stocks. Mais la situation est en train de changer. L’offre est à nouveau normale. Les stocks sont reconstitués et les clients peuvent être livrés normalement. Les prix seront à nouveau sous pression, mais à la baisse cette fois-ci, notamment en Europe avec le rouleau compresseur des marques chinoises.

C’est là où le travail remarquable de Carlos Tavares doit être signalé : que dit-il en substance ? Qu’entre 2023 et 2030, ça va être la jungle dans le secteur automobile. Ca va être darwinien et les marques qui s’en sortiront de cette guerre des prix seront celles qui auront le point mort le plus bas possible. Autrement dit, le seuil de rentabilité le plus bas possible. C’est le cas de Stellantis qui peut se permettre, selon son patron, d’être à l’équilibre même si demain ses revenus sont à 40% de ce qu’ils sont aujourd’hui ! Tout le monde ne peut pas en dire autant et pas que dans le secteur automobile.

J’en parle aussi parce qu’à la différence des profits de TotalEnergies et d’autres sociétés pétrolières cotées en Bourse qui ont fait couler beaucoup d’encre négative, personne n’a parlé des profits insolents de Stellantis, ne serait-ce que pour les dénoncer ! Vous savez pourquoi on a critiqué les sociétés pétrolières qui gagnent de l’argent et pas Carlos Tavares ? Parce que les premiers ont juste bénéficié d’un effet d’aubaine, à savoir l’explosion du prix du pétrole et du gaz à cause de la guerre en Ukraine, tandis que Tavares, ses résultats, il les doit à sa stratégie et à ses équipes. Comme quoi il y a parfois une justice médiatique en ce bas monde.

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