Amid Faljaoui
Donald Trump, le bal des hypocrites et l’Amérique en vente libre
Ce lundi 20 janvier, Donald Trump va entrer officiellement à la Maison-Blanche. La cérémonie s’annonce grandiose, hollywoodienne, gargantuesque… et surtout très chère.
Deux fois plus chère que celle de ses prédécesseurs. Pas un problème : il a récolté plus de 200 millions de dollars pour son investiture. Non, ce n’est pas lui qui paie – voyons, il est bien trop malin pour ça. Ce sont ses donateurs, et pas n’importe lesquels : parmi eux, Apple, Google, Meta, OpenAI, Amazon… Oui, vous avez bien lu.
Les mêmes géants de la tech qui, il y a encore quelques mois, le conspuaient publiquement, se drapant dans une indignation vertueuse. Les mêmes qui dénonçaient ses positions climatosceptiques, son populisme économique et son mépris pour la Silicon Valley. Meta, qui l’avait banni après l’assaut du Capitole. Amazon, propriété de Jeff Bezos, qui a transformé le Washington Post en fer de lance de l’opposition anti-Trump. OpenAI, dont les cadres se lamentaient du danger que représente un second mandat de « l’homme orange ».
Mais voilà, Trump a gagné. Il sera leur président pour les quatre prochaines années. Alors, on fait quoi ? On signe le chèque. Pas un chèque de soutien, non. Un investissement. Parce qu’en politique américaine, on ne fait pas de la philanthropie : on joue au capital-risque. On arrose et on attend le retour sur investissement.
Dérégulation et business first
Le jackpot, c’est quoi ? Très simple : une déréglementation massive de leurs secteurs respectifs. Pour Elon Musk, ça veut dire une Maison-Blanche qui ferme les yeux sur le chaos de Twitter/X, qui ne le contraint pas à modérer les fake news et les discours de haine. Ça veut aussi dire mettre la pression sur l’Europe pour qu’elle arrête de réguler l’intelligence artificielle et laisse OpenAI faire ce qu’il veut.
Pour les financiers de Wall Street, qui ont eux aussi sorti le carnet de chèques, c’est la promesse d’un secteur bancaire encore plus dérégulé. Un parfum de 2008 flotte déjà dans l’air. Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, le dit sans détour : “Wall Street est en train de nous préparer la prochaine crise financière.”
L’Amérique, une oligarchie assumée
Joe Biden, pourtant loin d’être lui-même un parangon de vertu, l’a dit pendant la campagne : les États-Unis ne sont plus une démocratie, mais une oligarchie. Un pays où un milliardaire entre à la Maison-Blanche, entouré d’autres milliardaires, financé par des multinationales qui achètent leur influence. Et tout cela a été rendu possible par une décision de la Cour suprême en 2010 qui a ouvert la boîte de Pandore : plus de limite aux financements politiques. Résultat ? On ne finance plus un candidat, on investit en lui. Et les investisseurs veulent leur dû.
Mais l’histoire est cruelle. Si les oligarques pensent qu’ils vont tranquillement dicter leur loi, ils devraient revoir leurs cours d’histoire. Car souvent, quand le pouvoir politique se cogne au pouvoir de l’argent, c’est le politique qui gagne.
Quand le pouvoir se retourne contre ses mécènes
Philippe le Bel, au XIVe siècle, a d’abord emprunté de l’argent aux Templiers… avant de les brûler vifs et de confisquer leurs richesses. Louis XIV, jaloux de la splendeur de Nicolas Fouquet, l’a fait emprisonner à vie et a volé son château de Vaux-le-Vicomte.
Alors, Elon Musk et compagnie devraient peut-être prendre quelques précautions. Car Trump adore ses alliés… jusqu’à ce qu’ils lui deviennent inutiles. Un caprice, un tweet, et tout peut basculer. Un contrat fédéral qui disparaît, une enquête lancée pour monopole, un décret imprévu…
D’ailleurs, certains commentateurs de la politique américaine comme Bill Bonner, estiment qu’il serait peut-être temps pour Musk de vérifier si son passeport sud-africain est encore valable. Juste au cas où.
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