Amid Faljaoui
Donald Trump et le Groenland : un délire immobilier ou une stratégie millimétrée ?
Entre richesses naturelles, position stratégique et population méfiante, le rêve glacé de Trump soulève bien des questions.
Ah, Donald Trump. Toujours prêt à bousculer les conventions, à surprendre, et, disons-le, à faire parler de lui. Rappelez-vous. En 2019, il avait déjà lancé l’idée saugrenue (visionnaire ?) d’acheter le Groenland, ce gigantesque morceau de glace entre l’Atlantique et l’Arctique. Une petite « grosse opération immobilière », comme il disait. Loin d’être une lubie passagère, Trump revient aujourd’hui à la charge. Et cette fois, il sort l’artillerie lourde : menaces voilées, visites de son fils, et un refus catégorique d’exclure une… intervention militaire. Rien que ça.
Le rêve américain, version Monopoly
Mais est-ce vraiment si absurde ? Après tout, l’histoire des États-Unis est jalonnée de coups immobiliers audacieux. La Louisiane achetée à la France, l’Alaska cédé par la Russie, et même la Floride, jadis espagnole. Donc pourquoi pas le Groenland ? Certes, ce n’est pas tout à fait Miami. Mais, derrière les icebergs, il y a un trésor stratégique et économique. Pétrole, gaz, minerais rares… et une position géographique qui ferait saliver n’importe quel stratège militaire. Une sorte de jackpot géopolitique sous un épais manteau neigeux.
Mais pourquoi acheter quand on peut louer ?
Cela dit, une question demeure : pourquoi Trump voudrait-il acheter quand il pourrait louer comme le suggèrent mes excellents confrères de Bloomberg ? La Chine n’achète pas des pays. Pékin prête de l’argent, investit et construit. Et en échange, la Chine prend ce dont elle a besoin : matières premières, influence géopolitique. Subtil, efficace, rentable. Pourquoi Trump ne s’ inspire-t-il pas de l’exemple chinois ? Louer le Groenland, construire des bases, exploiter les ressources, tout ça sans s’encombrer de la gestion d’un territoire immense et complexe. Donald manquerait-il de finesse ?
Une population pas si conquise
Parce que, ne nous leurrons pas, le Groenland, ce n’est pas qu’une terre vierge. C’est aussi un peuple d’environ 57 000 âmes. Un peuple qui a obtenu l’autonomie en 2009 et rêve d’indépendance. Pensez-vous vraiment qu’ils seraient ravis de troquer leur drapeau danois contre les étoiles et les rayures ? Pas sûr. Et que dire des promesses d’autonomie face à une administration américaine pas franchement exemplaire en matière de lutte contre le changement climatique ? Un détail qui, au Groenland, n’est pas vraiment anodin.
La réalité derrière le fantasme
Et puis acheter le Groenland, ce n’est pas seulement signer un chèque. C’est aussi investir des sommes colossales pour exploiter des ressources qui, en plus, sont difficiles d’accès. La glace, ça complique tout, et les saisons d’exploitation sont courtes. Sans parler des infrastructures à développer. Bref, un cauchemar logistique et financier.
Alors, Donald, qu’attendez-vous pour négocier ?
La vérité, c’est qu’une coopération ciblée serait bien plus intelligente. Soutenir le Groenland dans son développement économique, investir dans ses ressources, tout en respectant son autonomie. Une stratégie gagnant-gagnant qui éviterait de froisser les sensibilités locales. Parce qu’un Groenland hostile, c’est un Groenland inaccessible. Et dans ce cas, c’est tout le monde qui est perdant.
Alors, Donald, un dernier conseil : redescendez de votre nuage glacé et redécouvrez l’art subtil de conclure un accord. Et cette fois, sans Monopoly en tête.
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