Amid Faljaoui

Contre la Bourse, Erdogan vers un autre mandat ?

La direction de la Turquie n’est pas prête de changer. De l’avis des observateurs, l’actuel président Erdogan, qui est déjà au pouvoir depuis 20 ans, risque de rempiler pour un autre mandat le 28 mai prochain.

Si son opposant s’est bien défendu et a même forcé Erdogan à un second tour, l’espoir d’un changement semble peu probable. Ne serait-ce que parce que le président sortant profite à fond des leviers du pouvoir. Non seulement il contrôle à 90% la presse, mais il a pu bénéficier de 48 heures d’antennes à la télévision locale contre 32 minutes pour son rival. Le contraste est pour le moins saisissant.

En Europe, ces élections turques sont surveillées de près, ne serait-ce que parce que la Turquie appartient à l’OTAN et reste proche de Moscou pour diverses raisons économiques. C’est sans doute étonnant, mais la Commission européenne (tout en ne prenant parti pour aucun des deux candidats) ne serait pas forcément à l’aise avec une victoire de l’opposant d’Erdogan. D’abord, parce qu’il voudrait reprendre les négociations d’adhésion auprès de l’Union européenne et qu’il a promis à ses compatriotes des voyages en Europe sans visa. Des demandes qui n’enchantent pas nécessairement l’Europe, alors que de son côté Erdogan est plus prévisible. Certes, il est plus autoritaire, mais avec le temps, les Européens savent comment négocier avec lui, car il est essentiellement « transactionnel » comme disent les diplomates. En clair, « je te donne ça et toi tu me donnes ceci ».

En attendant, la Bourse turque fait grise mine. Il faut dire qu’elle s’attendait à une victoire nette de Kemal Kiliçdaroglu, l’opposant d’Erdogan. Donc, la Bourse anticipe une victoire du président sortant qui est fâché avec les théories économiques. Alors que l’inflation est au plus haut dans son pays, Erdogan, au lieu d’augmenter les taux d’intérêt, s’entête à les baisser. Et les gouverneurs de la banque centrale qui s’opposent à lui sont licenciés. Il a épuisé 3 gouverneurs de banque centrale en moins de 4 ans.

Pendant ce temps, la livre turque ne cesse de plonger et les Turcs achètent de l’or pour se protéger contre l’inflation galopante. Si Erdogan rempile à la tête de la Turquie, la confiance des investisseurs internationaux n’est pas prête de revenir. D’ailleurs, les actions et les obligations turques ne les intéressent plus. Elles leur brûlent littéralement les doigts. Il y a 10 ans, les investisseurs étrangers détenaient 152 milliards d’avoirs turcs sous forme d’actions ou d’obligation. Aujourd’hui, c’est seulement 24 milliards. Quel gâchis ! Mai bon, les peuples sont libres de choisir leur destin.

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