Rudy Aernoudt

Chômeurs : choisissez 
la bonne Région !

La Belgique est le seul pays au monde où il est possible d’être chômeur à vie. Mais c’est moins facile en Flandre qu’ailleurs. Si l’emploi, le chômage et les contrôles restent des compétences essentiellement fédérales, les sanctions sont régionales. On distingue la disponibilité passive (qui consiste à répondre aux invitations de l’office de l’emploi, à accepter des formations ou un poste ou à se présenter chez un employeur) et la disponibilité active (en vertu de laquelle le chômeur coopère pleinement aux initiatives proposées et cherche lui-même, sérieusement, un travail). Les Régions peuvent inviter l’Onem à rayer, pour une durée plus ou moins longue, tel ou tel chômeur de ses listes. L’Onem ordonne les paiements. Le versement des allocations est essentiellement confié aux syndicats ; la minorité non syndiquée peut s’adresser à la Caisse auxiliaire de paiement des allocations de chômage (Capac) où, soit dit en passant, siègent également les syndicats, dans le cadre d’un fonctionnement paritaire.

Cette structure complexe est à elle seule une solide pourvoyeuse d’emplois : ensemble, les quatre agences régionales pour l’emploi (Forem en Wallonie, VDAB en Flandre, Actiris à Bruxelles et ADG en communauté germanophone) emploient 11.500 personnes, ou 9.900 équivalents temps plein (ETP). L’Onem occupe 2.960 personnes (2.570 ETP) et la Capac, 570 (483). Soit un fonctionnaire pour 20 chômeurs indemnisés. Objectif ‘‘emploi direct’’ atteint, avec la plus grande distinction. L’Onem s’assure qu’il n’y a pas cumul illégal des allocations de chômage avec d’autres revenus. Ce qui, calculs faits, se produit dans 40 % des cas. Il s’avère de surcroît que 30 % des personnes contrôlées ont menti sur leur situation familiale. Bonjour la fraude sociale.

La Belgique est le seul pays au monde où il est possible d’être chômeur à vie. Mais c’est moins facile en Flandre qu’ailleurs.

En Flandre, un chômeur sur 10 est sanctionné. En 2022, selon les derniers chiffres disponibles pour chaque Région, 9.870 chômeurs du nord du pays ont été pénalisés, ce qui correspond à 10 % des chômeurs indemnisés (en décembre 2022). Parmi eux, 9.719 l’ont été pour indisponibilité passive et 151 pour indisponibilité active. A cela se sont ajoutés 513 avertissements et 9.454 premiers avertissements qui, en cas de récidive, se mueront en sanctions – une mesure non prévue au niveau fédéral et qui n’est appliquée qu’en Flandre et à Bruxelles.

En Wallonie et à Bruxelles, un chômeur sur 50 est sanctionné. La Wallonie a pénalisé 2.135 personnes, soit 1,8 % des chômeurs indemnisés – 923 pour indisponibilité passive, 1.212 pour indisponibilité active. L’on recense en outre 2.530 avertissements. A Bruxelles, Actiris a prononcé 1.223 sanctions (2 % du total), dont 119 pour indisponibilité passive et 1.104 pour indisponibilité active. Les avertissements ont été au nombre de 1.425 et les premiers avertissements, de 2.823. La Communauté germanophone a comptabilisé 97 sanctions, soit 7,5 % des 1.292 chômeurs qu’elle indemnise.

Il existe plusieurs moyens d’échapper aux sanctions. Le premier consiste évidemment à accepter un emploi. Un autre est de s’inscrire à une formation. La démarche est si importante pour le marché du travail qu’en Wallonie et à Bruxelles, elle est rémunérée au prix de 2 euros de l’heure, avec maintien de l’allocation de chômage. Ce système n’existe pas (plus) en Flandre, mais chaque Région offre des primes à la formation aux professions en pénurie.

Un risque de sanction jusqu’à cinq fois plus élevé et des formations non rémunérées font donc de la Flandre la Région la moins intéressante pour les chômeurs qui ne sont pas trop pressés de ­travailler.

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