Rudy Aernoudt

Chômage limité dans le temps : place à l’action !

À côté de l’investisseur en hamac, il existe aussi le chômeur en hamac. Si l’on est payé indéfiniment pour ne pas travailler, pourquoi chercherait-on un emploi ? Humain, trop humain, écrivait Nietzsche. Ce n’est pas le chômeur qui est en faute, mais un système unique au monde qui permettait cela en Belgique. D’après les statistiques de l’Onem, il y a en Belgique 294.000 chômeurs indemnisés (chiffre de 2025), dont 45%, soit 130.000, le sont depuis plus de deux ans. La suppression de cette possibilité introduit donc une dynamique dans cette population. En prévision de la limitation dans le temps, on cherche une issue. Et comme l’oiseau chante comme le lui permet son bec, chacun réagit à sa manière.

Le SPF Emploi a calculé que parmi les chômeurs de longue durée, un tiers tout à coup n’aurait plus besoin de ses allocations, en d’autres termes, 94.000 chômeurs renonceraient à leur indemnité. Si l’on suppose que chaque chômeur coûte en moyenne 21.000 euros par an à l’État (allocations de chômage + coûts d’activation + gestion administrative), cela équivaut à une économie de 2 milliards d’euros.

Un autre tiers, à l’approche de la fin des allocations, trouverait un emploi. Cela correspond également à des expériences menées à l’étranger. Lorsque la Slovénie a limité la durée du chômage de 12 à 6 mois, l’emploi a augmenté de 19% chez les hommes et de 31% chez les femmes. Lorsque la Suède a réduit la durée de 90 à 60 semaines pour les plus de 55 ans, l’emploi de ce groupe a immédiatement augmenté de 10%. En partant de l’hypothèse qu’un tiers des chômeurs trouve un emploi grâce à la limitation dans le temps, cela représente encore 94.000 personnes.

Lorsque la Slovénie a limité la durée du chômage de 12 à 6 mois, l’emploi a augmenté de 19 % chez les hommes et de 31 % chez les femmes.

Le coût par chômeur est de 21.000 euros, mais une fois au travail, celui-ci paie aussi des cotisations sociales et des impôts, ce qui rapporte en moyenne 11.000 euros supplémentaires à l’État. Le gain total pour l’État est donc de 32.000 euros pour chaque chômeur qui reprend le travail. Cela conduit à une économie statique de 3 milliards d’euros. Par ailleurs, il existe aussi un aspect dynamique, car cela signifie que 94.000 postes vacants sont pourvus, ce qui permet aux entreprises de croître.

Enfin, un tiers ira frapper à la porte des CPAS. Ceux-ci se plaignent alors d’avoir trop de travail. Mais n’est-ce pas également la tâche du CPAS d’accompagner les personnes exclues du marché de l’emploi ? Ce n’est en effet pas parce qu’on reçoit des allocations sociales du CPAS qu’on n’est plus accompagné vers le marché du travail. Le VDAB, le Forem et Actiris soutiennent les CPAS afin qu’ils activent les personnes et les aident à parcourir le chemin vers le marché de l’emploi, un chemin qui peut parfois être très long. Les personnes qui sont au chômage depuis très longtemps – ils sont 41.000 à l’être depuis plus de huit ans – doivent être motivées et requalifiées avant de pouvoir se repositionner sur le marché du travail. C’est pourquoi les CPAS disposent de plus de flexibilité et de moyens, précisément pour adapter leur approche à la situation individuelle, étant donné que leur public cible est plus éloigné du marché du travail. Et si les CPAS ne disposent pas de suffisamment de connaissances sur la manière d’activer les personnes, une bonne coopération avec le VDAB, le Forem et Actiris est cruciale.

Et malheureusement, en plus des mesures proactives, des contrôles et des sanctions seront nécessaires pour les personnes non désireuses de travailler qui veulent néanmoins conserver leurs allocations. Aujourd’hui, 11% des chômeurs flamands reçoivent une sanction ou un avertissement, contre seulement 2,4% des chômeurs wallons. Si l’on veut réussir à atteindre l’objectif d’un taux de participation de 80%, le Forem devra urgemment changer son fusil d’épaule. 

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