Amid Faljaoui

Bernard Tapie, son rétroviseur et l’étonnante résistance de l’économie mondiale

Vous avez sans doute parfois la même impression que moi : l’actualité s’emballe et semble n’être constituée que de mauvaises nouvelles. C’est hélas le modèle économique ambiant des réseaux sociaux et des médias qui courent après la même audience.

Pourtant, il y a parfois de quoi – non pas se réjouir, je ne suis quand même pas naïf à ce point – mais juste ne pas déprimer. C’est possible chaque fois qu’on prend un peu de hauteur et de distance face à l’écume de l’actualité.

Prenons le cas de l’énergie. L’Europe était biberonnée au gaz russe. Or, deux ans après l’invasion en Ukraine, nous constatons qu’en dépit des difficultés, nous avons réussi à couper le cordon ombilical avec Moscou. Nous avons réussi à diversifier nos sources d’approvisionnement en moins de deux ans. Pas mal, non ?

De même, le commerce mondial a été perturbé par le Covid et les fermetures de frontières ; tout cela a perturbé les chaînes d’approvisionnement pendant deux ans. Cela continue aujourd’hui en raison des attaques des rebelles houthis près de la Mer Rouge et du Canal de Suez. Depuis, le commerce entre l’Asie et l’Europe est détourné par le cap de Bonne Espérance. Les transporteurs maritimes doivent payer un peu plus cher et les marchandises arrivent avec dix jours de retard. Cependant, le commerce mondial montre sa résilience et continue de tourner.

De même, depuis deux ans, tout le monde se plaint de la hausse rapide et très forte des taux d’intérêt. Auparavant, une telle hausse, aussi brutale, aurait envoyé dans les cordes l’économie mondiale. Mais celle-ci est plutôt en mode « même pas peur ». La meilleure preuve, c’est que les grandes banques n’en souffrent pas et affichent même des profits historiques.

Les grands promoteurs immobiliers tirent la langue, c’est évident, mais même la faillite de certains d’entre eux n’a pas entraîné l’économie mondiale dans le ravin, bien au contraire. L’économie montre une résistance sans pareille. Comment est-ce possible ? L’une des principales raisons données par les économistes, c’est que nous sommes dans une économie numérisée, « internetisée ».

Quand il y a un point de blocage quelque part, la solution passe par un autre point. Les entreprises se sont aussi très vite adaptées et relocalisent près de chez elles. Elles diversifient leurs fournisseurs pour ne plus être dépendantes comme par le passé d’une seule source, le plus souvent en Asie.

Quant à l’Europe, elle a beau nous énerver par sa lenteur, par sa naïveté, je constate et ne suis pas le seul à le faire, que nous restons le continent le plus désirable. Le débat sur l’adhésion à l’euro est relancé en Tchéquie, en Suède et en Pologne. Ces pays ont compris que faire partie de la zone euro, c’est se rapprocher du cœur de l’Europe. Depuis la guerre en Ukraine, la Finlande et la Suède ne rêvent même que d’une chose : rejoindre l’OTAN. Autrement dit, la guerre et le retour de l’inflation rendent notre zone euro et notre continent de plus en plus désirables aux yeux de nos plus proches voisins.

Bernard Tapie disait : « Dans la vie, je n’ai pas de rétroviseur ». Pour suivre l’actualité et ne pas déprimer, l’usage du rétroviseur est au contraire nécessaire, c’est le meilleur antidote à la déprime.

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