Carte blanche

Unir plutôt que punir: la seule voie face aux absences de longue durée

Ces dernières semaines, des expressions tranchantes comme « la chasse aux malades » et « la ligne de délation anti-médecins » critiquent en permanence les nouvelles mesures autour de l’incapacité de travail de longue durée.

Et c’est bien compréhensible, car les changements suscitent toujours de vives émotions. Mais cette polarisation donne hélas aussi le ton du débat. Ce qui est regrettable, car elle mésestime la gravité et la complexité du problème. Si nous voulons vraiment réduire le nombre de malades de longue durée, il ne faut pas stigmatiser les entreprises, les médecins et les travailleurs malades, mais plutôt leur permettre de collaborer.

Le fait est que le taux d’absence pour cause de maladie augmente année après année en Belgique, qu’il s’agisse d’absentéisme de courte durée (moins d’un mois), de moyenne durée (entre un mois et un an) ou de longue durée (plus d’un an). Les coûts pour notre société deviennent peu à peu incontrôlables. Avec une population active vieillissante, les risques ne font qu’augmenter. Ne pas intervenir n’est plus une option.

Dans ses plans, le gouvernement opte pour davantage de suivi et de responsabilisation – des employeurs, des travailleurs, des médecins, des services régionaux de l’emploi et des mutualités. Ce n’est pas une « mauvaise route » en soi. Pourtant, le débat public tourne surtout autour des éléments négatifs, comme le contrôle, les sanctions et les lignes de délation. Résultat ? Le message positif fondamental – stimuler la collaboration, renforcer la prévention et soutenir la réintégration – risque de se perdre.

Collaboration multidisciplinaire

Les employeurs sont dépeints comme des contrôleurs et des délateurs, les médecins traitants, comme des paresseux. Cette image est fausse et manque de nuances. S’il est vrai que les entreprises ont encore du chemin à parcourir pour aboutir à une politique structurée en matière de reprise du travail et de prévention, il n’est pas juste de polariser les médecins traitants comme s’ils prenaient l’absentéisme pour cause de maladie à la légère. L’immense majorité d’entre eux agissent conformément à leur déontologie professionnelle, avec soin et responsabilité. Ce qui fait parfois défaut, ce sont plutôt le temps et les connaissances pour jouer un rôle actif dans des trajets de réintégration complexes. La force des nouveaux plans réside précisément dans l’appel à la collaboration : organiser une concertation précoce entre employeur et travailleur, impliquer les médecins traitants, faire appel aux médecins du travail et aux coordinateurs Retour au Travail, et activer les services régionaux de l’emploi. Cette approche multidisciplinaire n’est pas seulement nécessaire, c’est la seule voie correcte.

Soutenir au lieu de stigmatiser

Les malades de longue durée méritent du soutien, pas de la stigmatisation. Les médecins méritent de la confiance, pas de la suspicion. Et les employeurs méritent des partenaires, pas de la méfiance. Mais dans le même temps, nous devons bien reconnaître que le système actuel croule sous son propre poids, et que ne rien faire n’est plus une option.

Donc, dépolarisons le débat et dépassons les slogans. La polarisation peut peut-être mobiliser quelque temps, mais elle n’apporte pas de solution durable. Ne ramenons pas le plan d’action à des termes comme « chasse » ou « ligne de délation », mais reconnaissons qu’un vaste mouvement alliant responsabilité partagée, solidarité et prévention s’impose. Il est nécessaire de nuancer. Mais nous devons également entrer en action ensemble.

Bart Teuwen, expert en absentéisme chez Mensura

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