Carte blanche
Une extension de la garantie légale? Il ne faut pas oublier les appareils reconditionnés
Vous l’avez sûrement déjà vécu : un de vos appareils tombe en panne alors que sa garantie vient d’expirer. Le nouveau ministre fédéral de la Protection des consommateurs, Rob Beenders (Vooruit), veut éviter cette obsolescence rapide en faisant passer la période de garantie légale de deux à trois ans. L’idée est bonne, mais il ne faut pas oublier d’inclure le marché du reconditionné. Une extension du délai de garantie peut renforcer la confiance des consommateurs et donner à l’économie (circulaire) un coup de pouce bienvenu.
Vous l’avez sûrement déjà vécu : un de vos appareils tombe en panne alors que sa garantie vient d’expirer. Le nouveau ministre fédéral de la Protection des consommateurs, Rob Beenders (Vooruit), veut éviter cette obsolescence rapide en faisant passer la période de garantie légale de deux à trois ans. L’idée est bonne, mais il ne faut pas oublier d’inclure le marché du reconditionné. Une extension du délai de garantie peut renforcer la confiance des consommateurs et donner à l’économie (circulaire) un coup de pouce bienvenu.
Chaque année, les Européens produisent plus de cinq millions de tonnes de déchets électroniques. Les smartphones représentent évidemment une bonne part de cette montagne de détritus. Toutefois, nous ne devrions pas appeler ces vieux appareils des « déchets », car ils contiennent des matériaux précieux et réutilisables, majoritairement extraits et produits en dehors de l’Europe. Ainsi, chaque fois que nous jetons un téléphone pour le remplacer par un nouveau, ce sont des usines étrangères qui en profitent. Sans parler du fait que les matières premières ne sont pas disponibles en quantité infinie sur notre planète.
L’extension de la période de garantie légale en Belgique est un bon début, à condition que le reste de l’Europe suive. C’est le seul moyen de convaincre les fabricants et les consommateurs de donner la priorité à la durabilité. Mais il faut aussi arrêter de jeter les téléphones usagés. De nombreux smartphones peuvent connaître une seconde vie sur le marché du reconditionné.
Renforcer la confiance dans le marché du reconditionné
Pour le moment, notre gouvernement ne prévoit pas d’allonger la période de garantie pour le marché de l’occasion et du reconditionné. Aujourd’hui, le délai légal est d’un an pour ces appareils. Toutefois, une extension de la garantie serait un bon signal pour les consommateurs. Ne serait-ce que pour renforcer la confiance du public dans les appareils reconditionnés.
Un appareil correctement reconditionné a été soumis à un processus minutieux à la suite duquel il peut durer des années, à l’instar d’un appareil neuf. Et la batterie ne pose pas de problème. Même si la garantie ne couvre pas les consommables tels que les batteries, les vendeurs réputés de produits reconditionnés proposent uniquement des appareils avec une batterie remplacée dont les performances sont équivalentes à une neuve. Une extension de la garantie légale continuera d’inciter le marché du reconditionné à ne vendre que des appareils de haute qualité.
Les déchets électroniques comme moteur économique
En adoptant une approche durable, nous pouvons relancer l’économie européenne, d’autant plus qu’elle bat de l’aile. L’Europe et la durabilité sont étroitement liées depuis un certain temps, ce qui a donné lieu à de nombreuses réglementations. Heureusement, certaines d’entre elles sont très utiles, comme la législation sur le droit à la réparation, qui entrera en vigueur dans notre pays dès 2026. Il s’agit de donner aux consommateurs plus d’options pour réparer un appareil défectueux, au lieu d’acheter un nouveau produit par facilité. Cette loi peut vraiment changer la donne à plusieurs points de vue.
Tout d’abord, les produits doivent être conçus pour pouvoir être réutilisés. Par exemple, il faut mettre un terme à la pénurie de pièces détachées sciemment organisée par les grands fabricants d’équipement d’origine (OEM), qui veulent ainsi empêcher la remise en état de leurs appareils par des réparateurs indépendants. C’est un obstacle de taille pour le marché du reconditionné. En outre, il convient de donner la priorité à la réparation plutôt qu’au recyclage. En effet, les deux concepts ne sont pas identiques. Lors du recyclage d’un appareil, de nombreuses ressources et matériaux précieux sont perdus, alors que le réemploi permet d’en garder une grande partie en circulation.
Enfin, l’économie circulaire doit être économiquement attrayante. Pour vraiment encourager le droit à la réparation, il est nécessaire d’établir des règles claires pour les fabricants et de créer de meilleures conditions pour le marché du reconditionné. Pour l’Europe, c’est l’occasion de montrer la voie et d’utiliser cet énorme tas de déchets électroniques comme carburant pour sa croissance économique.
Maintenant ou jamais
Nous sommes à un moment charnière de notre transition d’une économie linéaire vers une économie circulaire. Pour que les produits reconditionnés deviennent une véritable option dans l’économie circulaire, l’État doit inciter les consommateurs à changer de mentalité. Avec des initiatives telles que le droit à la réparation et l’extension de la garantie légale, nous sommes sur la bonne voie pour promouvoir une approche durable et rendre la circularité rentable.
D’une part, davantage d’appareils auront une seconde vie, ce qui réduira notre dépendance à l’égard des nouveaux appareils généralement fabriqués en dehors de l’UE. D’autre part, la qualité du marché du reconditionné s’améliorera, permettant ainsi aux consommateurs de choisir cette alternative plus durable en toute confiance.
Martine Hardeveld Kleuver, Country Manager pour la Belgique et les Pays-Bas, Swappie
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