Carte blanche

Supprimez l’âge de la retraite

Connaissez-vous la différence entre une personne âgée et une personne jeune ? En fait, ce n’est pas une question d’âge, mais d’attitude. Les “jeunes” accueillent le changement, tandis que les “vieux” le subissent ou y résistent. Il en va de même pour notre société.

Notre société est vieille, coincée dans un débat sur les droits acquis et ne se tourne que très peu vers l’avenir. Il suffit de regarder la réforme des pensions. Rien n’indique que ce gouvernement veuille réellement s’attaquer au financement de nos pensions et les propositions que le ministre Lalieux apporte au conclave gouvernemental ne changeront rien.

Que faire ?

Lier les années de carrière et l’âge légal de la retraite crée une complexité inutile. Pour nous, l’âge légal de la retraite peut disparaître et avec lui l’âge d’accès à la préretraite. Ce qui compte, ce sont les années de carrière, 45 ans pour être précis. Que l’on commence à 18 ans, à 25 ans ou plus tard n’a pas d’importance. Que l’on soit ouvrier, militaire, professeur, employé de bureau ou indépendant, cela n’a pas d’importance non plus. Tout le monde a 45 ans. Cela renforce la solidarité au sein d’une génération. L’échange des années de carrière donne également aux gens la liberté de façonner leur carrière librement. C’est possible. En effet, l’allongement de l’espérance de vie permet de disposer de plus de temps.

Nous y associons une condition de travail de 30 ans, de sorte que le travail prime clairement sur l’inactivité. Et ce, pour tout le monde. Ceux qui n’ont pas travaillé suffisamment d’années devront donc rester au travail plus longtemps.

De cette manière, la situation est claire pour tout le monde. Travailler 30 ans au cours d’une carrière de 45 ans facilite également le changement de mentalité. Nous passons de la retraite au travail, de l’âge de la retraite aux années de carrière. Peut-être cela nous aidera-t-il aussi à moins hâter le pas vers la retraite et à tirer le meilleur parti de chaque étape de la vie.

Nous ferions mieux d’introduire ce système le plus tôt possible. Nous perdons encore trop de talents et d’expertise en facilitant le départ à la retraite des plus de 55 ans. Et le coût de cette situation est énorme. Ce n’est pas possible. C’est le mode de pensée d’une “vieille” société. Une “jeune” société cherche des solutions, pense aux générations qui devront supporter le lourd fardeau des retraites et veille à ce que chacun prenne ses responsabilités et considère qu’il est de son devoir de continuer plus longtemps.

Ce week-end, le gouvernement se réunit. Nous leur demandons d’apporter les éléments suivants :

1. Abolir l’âge légal de la retraite. Le remplacer par 30 ans de travail effectif au cours d’une carrière de 45 ans.

2. Ralentir immédiatement le départ des plus de 55 ans. Resserrer la période de transition généreuse lors de l’introduction d’une condition d’emploi effectif. Faire quelque chose au sujet des tantièmes préférentiels dans les pensions de la fonction publique. C’est tout simplement injuste pour les autres statuts et ce n’est plus socialement défendable.

3. Renouveler la confiance dans le deuxième pilier. Les personnes qui travaillent devraient avoir la perspective d’une meilleure pension grâce au deuxième pilier. L’affaiblissement de la sécurité juridique et l’ouverture à l’impôt sur la fortune ébranlent la confiance dans ce système.

Frank Eijsink, PDG de l’assureur-vie NN,
Bart Chiau, professeur à la faculté d’économie, UGent,
Colin Sanders, Associé scientifique, UHasselt

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