Carte blanche

Réduire les émissions de CO2 des moyens de paiement: un objectif réalisable à brève échéance

Face aux enjeux climatiques, accélérer la décarbonisation des moyens de paiement peut contribuer à réduire l’empreinte carbone des consommateurs. Tous les acteurs de l’écosystème des paiements ont un rôle à jouer. L’approche des fêtes de fin d’année et des achats qui y sont liés est une bonne occasion de le rappeler.

Depuis les Accords de Paris sur le Climat de 2015, il existe maintenant une réelle prise de conscience des citoyens face à l’importance de faire évoluer leur mode de vie pour contribuer aux efforts environnementaux. L’étude « Accélérer la décarbonisation des paiements », rédigée par le professeur Patrice Geoffron (Université de Paris Dauphine), met en lumière le rôle de la décarbonisation des paiements dans la réduction de l’empreinte carbone des consommateurs. Sur la base d’analyses du cycle de vie (ACV), elle compare les émissions de CO2 des moyens de paiement (espèces, cartes, smartphones) utilisés en Belgique, et identifie les étapes à franchir pour les réduire.

Atteindre 1 g d’eqCO2 par transaction

Lors d’un achat en magasin, une transaction en espèces émet 37 g d’eqCO2 si on tient compte du déplacement nécessaire pour aller chercher les billets au distributeur. Cela représente 15 fois plus qu’une transaction numérique en magasin, dont l’émission est de 2,45 g d’eqCO2. Pour un achat en ligne, l’empreinte d’une transaction est de 11,9 g d’eqCO2  lorsqu’on utilise un boîtier d’authentification.

À l’exception des paiements en espèces, il est possible d’atteindre l’objectif d’1 g eqCO2 par transaction en magasin. Pour se faire une idée de l’enjeu, passer à 1 g eqCO2 par transaction gérée par Worldline en Belgique permettrait d’éviter 2 100 tonnes d’émissions de CO2 par an, soit l’équivalent des émissions produites par 200 Belges.

Suivre l’exemple des jeunes consommateurs, et privilégier les paiements via smartphone ou code QR

Les améliorations les plus significatives auront lieu prochainement quand les transactions effectuées au moyen d’objets digitaux quotidiens, comme le smartphone, et de codes QR auront remplacé celles faites par le support physique d’une carte bancaire.

Aujourd’hui, la technologie existe, reste à en généraliser l’usage. Cette évolution peut être très rapide, comme nous l’a montré l’exemple des paiements sans contact pour lesquels l’usage d’une technologie existante s’est accélérée – puis généralisée – lors de la crise du Covid-19. Aujourd’hui, selon le Baromètre des paiements numériques 2024, 82 % des Belges disent avoir déjà utilisé ce mode de paiement, contre 47 % seulement en 2020.

Le mouvement d’adoption du paiement mobile a déjà commencé, entraîné par les jeunes utilisateurs. Toujours selon le Baromètre des paiements numériques 2024, les Belges de 16 à 24 ans se distinguent par une utilisation plus importante de ces nouveaux moyens de paiement. 50 % d’entre eux indiquent se sentir à l’aise avec les paiements à l’aide d’un objet connecté et 47 % avec les paiements par code QR.

Diviser par trois les émissions de CO2 des transactions numériques en magasin : un objectif accessible à brève échéance

Actuellement, la majeure partie des émissions de CO2 des transactions numériques par carte en magasin est liée aux composants physiques : reçu papier, carte plastique et terminal de paiement. En supprimant ou en substituant ces composants, l’empreinte carbone de ces transactions peut être divisée par trois, passant de 2,45 g d’eqCO2 à 0,74 g d’eqCO2.

Les axes pour y parvenir :

  • la généralisation des paiements par smartphone qui permettent de passer du reçu papier au reçu dématérialisé (42 % des émissions de CO2 d’un paiement numérique en magasin) ;
  • la virtualisation des cartes bancaires (le support représentant 34 % des émissions) ; et
  • la substitution du terminal (20 % des émissions) par le téléphone du commerçant. Au final, la transaction se fait au travers de deux téléphones qui se connectent au data center du prestataire de services de paiement (4 % des émissions). 

Tous les acteurs ont un rôle à jouer

La décarbonisation des moyens de paiement résultera des efforts combinés des prestataires de services de paiement, des banques, des commerçants, des autorités de régulation et des consommateurs.

En tant que prestataire de services de paiement, Worldline a mis en place un programme d’optimisation de ses data centers (IT de production, virtualisation des serveurs, réduction de la température, etc.) et de minimisation de l’impact environnemental de ses équipements (ordinateurs, serveurs, stockage, etc.).

Les banques, pour leur part, devraient prolonger la durée de vie des cartes plastiques et progressivement proposer à leurs clients le passage à des cartes virtuelles. Elles doivent cesser de recourir à des boîtiers d’authentification physique (en Belgique, ces dispositifs représentent 75 % de l’empreinte carbone d’une transaction en ligne).

Le système des commerçants étant accessible en ligne, ils peuvent éviter d’imprimer systématiquement des reçus (pour eux comme pour leurs clients) et prendre l’habitude de demander à leurs clients s’ils souhaitent en recevoir une copie.

Quant aux autorités de régulation, leur rôle serait de faire en sorte qu’il soit possible de ne plus imprimer de reçus, tant pour les commerçants que pour les consommateurs afin d’inciter commerçants et consommateurs à s’en passer.

Enfin, les consommateurs, suivant l’exemple de la jeune génération, doivent privilégier les paiements par smartphone et code QR, et les reçus dématérialisés. Et dans le cas où l’usage d’espèces est inévitable, ils doivent tenter de limiter le nombre de passages aux distributeurs, le transport vers ceux-ci étant la première source d’émissions de CO2 des paiements en espèces.

L’ensemble des acteurs de l’écosystème des paiements peut contribuer à leur décarbonisation : en réduisant leur propre impact, mais aussi en permettant le déploiement de solutions plus fluides et capables de promouvoir un comportement de consommation respectueux de l’environnement (par exemple, en intégrant des systèmes de récompense pour des achats éco-responsables ou en informant les consommateurs sur l’empreinte carbone de leurs achats). 

Une carte blanche de Sébastien Mandron, Directeur RSE de Worldline

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