Ne votez pas tête de liste (quelle que soit votre couleur politique)

Pourquoi ? Les profils scientifiques au sens large sont mal placés sur la plupart des listes, et par conséquent sous-représentés dans nos assemblées (région, fédéral, Europe), tandis que les professionnels du droit, de la communication, de l’économie, ainsi que les diplômés de sciences politiques constituent l’essentiel du contingent qui finit par siéger dans les hémicycles.

Je ne prétends pas qu’il ne faut plus aucun juriste ou financier ou journaliste au parlement ou dans l’exécutif. Par ailleurs, le métier et le diplôme ne définissent pas une personne dans toute sa complexité.

Néanmoins, si on pouvait caser l’un.e ou l’autre vétérinaire, agronome, glaciologue ou électro-mécanicien.ne dans le paquet, ça réduirait la perception “d’entre-soi” et ça ne ferait vraiment pas de tort à la diversité des points de vue et à l’intelligence collective de l’ensemble.

Par ailleurs, les élections sont présentées comme un match entre partis, mais c’est aussi (voire surtout) une occasion de rééquilibrer les rapports de forces au sein de chaque famille politique. Tant dans la majorité que dans l’opposition, la communauté scientifique a besoin d’interlocuteurs critiques avec un bagage minimal (une fresque du climat c’est mieux que rien, mais ça reste insuffisant pour un décideur)

Donnons à ces candidats inattendus la légitimité pour maintenir une indépendance en interne vis-à-vis des personnalités clivantes et péremptoires qui préfèrent déresponsabiliser leur public-cible par des messages simples et flatteurs (NB: la remarque concerne un spectre assez large de formations politiques)

Dans notre système de représentation proportionnelle, les promesses électorales des partis sont sélectivement abandonnées lors des négociations de formation d’un gouvernement. Autrement dit, les programmes sont plutôt indicatifs et l’électeur a une visibilité faible sur ce qui sera lâché ou non dans le “package”. C’est une raison supplémentaire pour optimiser le pool de compétences des élus, plutôt que de se focaliser sur leur couleur.

A titre d’exemple, voici à quoi ressemble ma présélection pour les listes européennes et fédérales dans la circonscription de Namur où je vote (je ne sais toujours pas pour qui, d’ailleurs). J’ai mis en évidence de candidats ayant une expérience ou un background pertinent concernant (1) les sciences et industries (2) le monde vivant (3) la santé publique (4) l’enseignement (sur base des informations publiquement disponibles sur moteur de recherche).

La méthodologie est simple et reproductible en quelques heures par tout un chacun (libre à chaque électeur de prendre d’autres critères de pertinence). Quiconque souhaite faire le même exercice peut consulter les bulletins de vote pour chaque élection et circonscription sur le site du gouvernement fédéral consacré aux élections : https://elections.fgov.be/candidats/bulletins-de-vote

Tsurukawa Nicolas (Ir.)
(Ce post n’engage que moi, et non les organisations auxquelles je suis affilié)