Carte blanche
L’IA offre une opportunité unique pour les femmes et l’égalité entre les genres
Croire en soi et saisir les opportunités qui se présentent. Cela paraît simple et pourtant, même en 2025, faire carrière reste un défi pour les femmes. Non seulement parce que nous devons toujours justifier nos ambitions ou travailler dur pour être crédibles, mais aussi parce que de nombreuses femmes souffrent encore du « syndrome de l’imposteur ». La percée de l’IA représente une chance énorme.
Le 8 mars 2025, Journée internationale des femmes… Il y a environ quatre ans, j’ai eu l’opportunité de devenir Country Leader chez Salesforce. D’un côté, c’est une récompense, car j’ai évidemment travaillé dur pour y parvenir. Mais d’un autre côté, c’était aussi un obstacle important qu’il me fallait surmonter : comment allais-je pouvoir faire la différence dans ce rôle ? Comme pour beaucoup de femmes, le plus grand défi c’était moi-même. Je devais croire en moi et me débarrasser du « syndrome de l’imposteur », l’impression de ne pas être (encore) assez compétente, alors que vous avez fait vos preuves encore et encore. Pour de nombreuses femmes, cette idée est un facteur inhibant. Le doute de soi est donc un thème récurrent dans le Salesforce Women’s Leadership Programme, dans le cadre duquel nous réunissons chaque année plus de 100 femmes issues de toutes les organisations de la région EMEA afin de stimuler leur carrière et leurs trajectoires de leadership.
Bien sûr, le fait que notre société soit encore truffée de préjugés n’arrange rien. Alors qu’une bonne dose d’ambition semble tout à fait logique pour un collègue masculin, les femmes se voient automatiquement poser des questions lorsqu’elles souhaitent accéder à un poste de direction. Comment allez-vous concilier travail et famille ? Êtes-vous prête à travailler de longues heures ? Des questions qui, d’ailleurs, ne s’arrêtent pas une fois qu’elles ont atteint ce genre de poste. Quel est votre degré d’assurance ? Quel est le prix du succès ? Heureusement, nous constatons progressivement une augmentation du nombre de femmes dirigeantes. C’est peut-être lié à la tendance en faveur du leadership empathique – les femmes sont en moyenne plus aptes à comprendre les sentiments et les perspectives des autres. On observe effectivement une évolution de la culture depuis quelques années, créant de nouvelles attentes en matière de leadership, en particulier parmi les jeunes générations.
Des données à l’appui de votre approche de la diversité
La diversité et l’inclusion ne sont possibles que lorsqu’elles ont le soutien des dirigeants de votre organisation. Alors, lancez le dialogue, partagez vos histoires et vos expériences, et expliquez pourquoi vous prenez certaines initiatives. Si vous remarquez qu’une collègue féminine n’est pas entendue ou qu’elle est reléguée au second plan, vous devez lui faire comprendre que sa contribution est importante. En tant que leader ou mentor, vous pouvez avoir un impact bien plus important que n’importe quel programme de diversité ou de leadership.
Il ne faut pas non plus sous-estimer l’importance des données. Les données permettent aux organisations de prendre plus rapidement conscience des biais de genre, et donc de lancer un changement culture afin d’offrir à chacun des chances égales. Les chiffres ne mentent pas et mettent en évidence la contribution des femmes aux projets, aux équipes ou à l’organisation dans son ensemble. Les données et l’intelligence artificielle permettent également de reconnaître les schémas d’inégalité systématique. Pensez aux différences dans les possibilités de promotion, l’avancement des femmes vers les rôles de direction, l’impact du recrutement sur la diversité, etc. L’IA peut également contribuer à la mise en place de programmes de mentoring.
Le rôle des femmes dans l’IA
La percée de l’IA dans le monde de l’entreprise peut améliorer la situation des femmes de plusieurs façons. Une étude réalisée par Salesforce en Australie montre même que les femmes dirigeantes adoptent plus facilement la technologie de l’IA que leurs collègues masculins. Pour près de la moitié d’entre elles, l’IA est une priorité absolue pour les trois prochaines années, alors que seulement 36 % des hommes partagent ce point de vue. Et pourtant, les femmes hésitent davantage à se déclarer compétentes en matière d’IA : 37 % contre 54 % pour les hommes. Le syndrome de l’imposteur ?
Quoi qu’il en soit, nous sommes à l’aube d’une période cruciale, d’autant plus que l’« IA agentique » annonce encore une nouvelle ère. Dans presque tous les secteurs, depuis le commerce de détail jusqu’au secteur public, l’IA transforme les organisations à la vitesse de l’éclair. Cette transformation doit s’étendre à la répartition des rôles et offrir aux femmes le coup de pouce qui leur permettra d’avoir un plus grand impact. Il est également important pour le développement, la mise en œuvre et l’utilisation éthique de l’IA que les femmes aient une voix égale.
L’IA offre une occasion unique de lutter contre les préjugés et de développer des applications éthiques et représentatives de tous les membres de notre société. La technologie peut transcender les préjugés historiques de notre société et envisager chacun avec un regard neutre. Mais bien sûr, les équipes qui développent l’IA doivent également être diversifiées, afin de mieux reconnaître les préjugés.
On en trouve un bon exemple dans le secteur médical, où les systèmes d’IA, faute de données entrantes correctes, sont moins réactifs aux symptômes et aux besoins spécifiques des femmes. Un problème bien connu est le fait que les crises cardiaques chez les femmes sont parfois diagnostiquées plus tard, parce que les modèles d’IA sont formés sur la base d’études médicales qui contiennent principalement des données de patients masculins. Une équipe composée exclusivement de développeurs masculins est moins susceptible d’identifier ce déséquilibre.
Commencez par vous-même
Nous vivons une époque passionnante, et il est d’autant plus important de combler le fossé entre les hommes et les femmes le plus rapidement possible. Mais même si l’on supprime le plafond de verre, on constate encore bien souvent que les femmes gravissent les échelons de l’entreprise plus lentement que les hommes… Car il manque quelques barreaux à l’échelle. L’IA peut faire en sorte que les mêmes normes s’appliquent à tous, pour que les femmes mettent moins de temps à accéder aux postes de direction. Et pour qu’elles surmontent plus rapidement ce maudit « syndrome de l’imposteur ». En conjonction avec un bon mentor comme modèle, cela peut réellement ouvrir la voie à une culture inclusive où chacun peut contribuer sur la base de ses propres talents.
Lien Ceulemans, Directrice Générale Belux chez Salesforce
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