Carte blanche

Les droits d’importation imposés par Trump: un nouveau signal pour les entreprises en faveur de la planification par scénarios

Droits d’importation, mesures de rétorsion, encore plus de droits d’importation… Pour les chaînes d’approvisionnement, ce climat instable rappelle la pandémie. Il est difficile de mesurer l’impact des décisions du président américain Donald Trump et de la guerre commerciale qui en découle.

Alors, comment préparer son entreprise à cette situation ? Il est urgent que les organisations abandonnent la planification traditionnelle et réfléchissent à plusieurs scénarios en parallèle.

Nous devrions pourtant être habitués à l’imprévisibilité… Il y a d’abord eu le Brexit, qui a déstabilisé le marché pour les entreprises européennes. Ensuite, la pandémie de Covid-19 a mis à rude épreuve la chaîne d’approvisionnement mondiale. Alors que nous commencions à peine à en sortir, la guerre en Ukraine a éclaté. Et aujourd’hui, Donald Trump rebat les cartes en imposant des droits d’importation vers les États-Unis. Du jour au lendemain, le président américain a annoncé de lourdes taxes appliquées sur les produits exportés vers son pays.

Une guerre commerciale mondiale est déclenchée, et plusieurs pays menacent à leur tour de taxer les importations américaines en guise de représailles. Par ailleurs, de nombreux dirigeants se bousculent pour entreprendre des négociations et tenter d’échapper à ces mesures. Les entreprises ont l’impression d’être ballottées comme des pions. Depuis des années, elles passent d’une crise à une autre, et l’agilité est devenue leur maître-mot.

Or, cette agilité n’est possible qu’en se préparant à plusieurs scénarios. Les organisations ont besoin d’outils qui s’appuient sur des données factuelles pour envisager plusieurs issues et cartographier aussi précisément que possible les conséquences de chaque décision.

Calculer les scénarios et leurs impacts

Historiquement, les entreprises établissaient un plan pour l’avenir, puis ajustaient leur production et leurs achats en conséquence. Elles pouvaient évidemment évaluer et ajuster ce plan au besoin. Toutefois, cette approche est purement réactive et ne permet pas de répondre avec agilité à des événements soudains, comme l’imposition de droits de douane américains. L’alternative consiste à adopter une approche proactive : établir deux ou trois scénarios différents et analyser, pour chacun, leurs répercussions sur l’activité.

Comment procéder ? Grâce aux outils de prévision, une entreprise de la chaîne d’approvisionnement peut anticiper les conséquences d’un événement sur la production ou les achats. De lourds droits de douane à l’exportation vers les États-Unis sont un premier scénario possible. Un autre tient compte d’un éventuel retour en arrière de Trump, à l’issue de négociations avec l’Union européenne. Nous pourrions également nous retrouver dans une situation intermédiaire, avec des droits d’importation finalement moins sévères que prévu. Chaque scénario a des répercussions sur la chaîne d’approvisionnement.

Pour être prêt, il faut non seulement savoir quel scénario est le plus probable, mais aussi avoir un plan B ou C permettant de réagir de manière proactive si la situation évolue autrement. Quels risques êtes-vous prêt à prendre, et quelles concessions refusez-vous de faire ? Si vous êtes capable de prédire les conséquences d’une décision, il vous sera plus facile de faire des choix réfléchis.

Du changement climatique à la cyberguerre

La planification par scénarios ne permet pas seulement de gérer l’imprévisibilité de Trump ; elle aide aussi à faire face à d’autres événements inattendus. Le changement climatique, par exemple, perturbera bien des choses dans les années à venir. Par exemple, si la récolte de grains de café est mauvaise, le fournisseur doit savoir à quels clients il livrera en priorité. À court terme, il est parfois judicieux de ne pas livrer certains clients, mais les répercussions à long terme peuvent menacer la rentabilité de l’entreprise.

Il y a quelques années, le blocage d’un navire dans le canal de Suez a mis à mal la chaîne d’approvisionnement. C’est un autre exemple de situation imprévue, qui ne peut être maîtrisée qu’à l’aide d’une planification par scénarios. Il en va de même pour la cybersécurité. Aujourd’hui, toute entreprise sait qu’elle risque un jour de subir une cyberattaque, d’autant plus dans le contexte géopolitique actuel qui se répercute aussi dans le cyberespace. Que faire si un fournisseur est hors service pendant plusieurs semaines après un incident ? Comment maintenir la production ? Et comment éviter que toute la chaîne d’approvisionnement s’effondre ?

Pour rester agile dans un monde incertain, il faut pouvoir envisager différents scénarios pour chaque situation. La prise de décision peut alors opérer dans cet espace. Aujourd’hui, la plupart des entreprises ont une vision claire du moyen terme, mais elles sont incapables d’anticiper les répercussions d’un changement. Elles doivent donc se préparer à une incertitude qui vient s’ajouter à celle de leurs propres clients. Et cela requiert de bons outils, de bons processus et de bonnes compétences.

Plus une entreprise est grande, moins elle peut se permettre de se fier à sa seule intuition. Les droits de douane imposés par Trump sont une preuve supplémentaire que, sans agilité, nous ne sommes rien.

Olivier Corluy, managing director chez Optimact

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