Carte blanche
Le travail hybride représente une opportunité unique d’embrasser la neurodiversité
Postes qui ne trouvent pas preneurs, pénurie de profils techniques, collaborateurs qui baissent les bras en raison d’une charge de travail excessive… Aucune entreprise n’échappe à ces défis. Pourtant, il existe un vaste réservoir de talents que le marché de l’emploi n’exploite guère. Des personnes qui, en raison de différences neurologiques, cognitives et psychologiques, ont une façon atypique de penser et de ressentir les choses. À l’ère du travail hybride, elles peuvent plus que jamais apporter une valeur ajoutée aux entreprises.
Environ 15 à 20 % de la population s’identifie en tant que personne neurodiverse. Il est donc surprenant que neuf personnes sur dix sur le spectre de l’autisme soient sans emploi ou occupent des postes bien en deçà de leurs capacités. Les employeurs qui valorisent réellement la diversité ne doivent surtout pas perdre de vue ce pool « neuro ». La neurodiversité ne peut en effet qu’accroître la richesse des talents dans une organisation. Les personnes neurodiverses sont très créatives, axées sur la résolution des problèmes et particulièrement attentives aux détails.
Découvrir des bugs dans les applications
Une équipe diversifiée aborde les problèmes et les solutions sous différents angles. C’est d’autant plus vrai pour les personnes qui se situent quelque part sur le large spectre de la neurodiversité. Leur exclusion est non seulement une injustice sociale, mais elle est aussi inexplicable à l’heure où il est de plus en plus difficile de recruter de nouveaux talents. Certaines entreprises commencent heureusement à le comprendre. Des organisations telles que Passwerk cherchent à faire évoluer les mentalités. Passwerk offre aux personnes porteuses d’autisme l’occasion d’exploiter leurs atouts sur le marché de l’emploi.
À titre d’exemple, Belfius collabore avec cette organisation depuis plusieurs années et recrute des personnes sur le spectre autistique. Les tâches confiées à ces consultants externes étaient initialement centrées sur les tests d’applications, un travail fastidieux et peu apprécié par le département IT de l’entreprise. Non contents de s’en charger avec brio, ces professionnels caractérisés par leur extrême attention pour les détails ont en outre pu découvrir des bugs que personne d’autre n’aurait pu repérer. La banque fait désormais appel à eux pour des tâches liées aux logiciels, au développement et à la configuration, ainsi qu’au sein de son IT Security Operations Center. Le spectre est tellement large que le réservoir de talents est également très diversifié. Le monde de la cybersécurité, par exemple, regorge d’opportunités, avec plus de 300 000 postes vacants à l’heure actuelle.
Travail hybride et technologie
À l’heure où le travail hybride est entré dans les habitudes des entreprises, l’opportunité d’embrasser la (neuro)diversité sous toutes ses facettes est énorme. L’environnement de travail flexible peut réellement faire la différence pour les personnes sur le spectre. Avec des solutions comme le travail à distance, des horaires adaptés et d’autres ajustements pour une ambiance de travail plus inclusive. Pour les personnes qui se sentent trop stimulées dans un environnement de bureau, la technologie permet parfaitement de travailler à domicile tout en ayant le sentiment d’appartenir à l’équipe. Et pour celles qui préfèrent être au bureau, différents outils (comme un bon casque audio) peuvent les aider à s’isoler au besoin et à se concentrer sur leur tâche. D’autres technologies peuvent par ailleurs faciliter le travail aux personnes à besoins spécifiques, comme les logiciels de synthèse vocale qui peuvent aider les travailleurs dyslexiques dans leurs tâches quotidiennes.
Certaines organisations hésitent encore, de peur de compromettre la productivité de leurs équipes. Mais dans la pratique, mettre l’accent à la fois sur le travail hybride et sur la neurodiversité a souvent pour effet de stimuler la productivité. Bien sûr, cela nécessite quelques changements dans l’environnement de travail, mais la plupart des ajustements profitent également au reste de l’équipe. La technologie est l’un des principaux leviers pour y parvenir. Il est donc essentiel d’explorer autant que possible les besoins d’un individu pour que tous puissent se sentir bien dans l’environnement de travail. De nombreuses organisations mettent l’accent sur l’hyperpersonnalisation pour leurs clients, mais oublient d’en faire de même pour leurs collaborateurs.
Pensez aussi à adopter le même réflexe pour vos procédures de sélection et de recrutement. Ne vous demandez pas si la personne convient à l’entreprise, demandez-vous ce qu’elle peut lui apporter.
Pas d’étiquette, mais une opportunité
Vous devez offrir la technologie adéquate, mais aussi une culture ouverte, qui accepte les différences entre les travailleurs et qui reconnaît et récompense chacun en fonction de son expertise. Dans vos équipes, mettez l’accent autant que possible sur les rôles plutôt que sur les fonctions pour que chacun puisse exploiter au mieux ses compétences uniques. L’un sera par exemple doué pour inventer des concepts, tandis que l’autre excellera dans la présentation desdits concepts. Moyennant une bonne préparation et un environnement libéré de tous préjugés, chaque entreprise peut intégrer la neurodiversité dans ses équipes.
Les entreprises animées de bonnes intentions font de la neurodiversité un objectif. Il n’y a pas lieu d’attendre. D’une part parce que nous ne pouvons pas nous le permettre, vu la pénurie aiguë de profils sur le marché du travail. Engager des personnes neurodiverses permettra d’alléger la charge de travail et de réduire le risque de burn-out chez les autres travailleurs. Et d’autre part, parce que la nouvelle génération de talents est très consciente de la problématique.
Ces dix prochaines années, on peut s’attendre à ce que la neurodiversité fasse l’objet d’une attention croissante dans le monde de l’entreprise. Tout commence par un changement de mentalité. Et par la prise de conscience que la neurodiversité est une opportunité unique pour le monde de l’entreprise.
Les réflexions ci-dessus sont le fruit d’une table ronde organisée par Dell et CIONET, à laquelle Passwerk a participé avec plusieurs partenaires de différents secteurs (dont Belfius et Euroclear). Il est en effet essentiel d’impliquer tout le monde dans cette conversation.
Arnaud Bacros, General Manager Belux chez Dell Technologies
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