Le chaos trumpien masque le tsunami de l’IA


Le vacarme populiste, la crise des tariffs et le yo-yo boursier masquent le véritable séisme : la montée d’une intelligence non humaine, déjà partiellement hors de contrôle.
Par Laurent Alexandre, médecin et entrepreneur et Alexandre Tsicopoulos, étudiant en droit
Le 5 avril 2025, Mark Zuckerberg a relancé la guerre des IA en dévoilant LLAMA 4. Ce modèle aussi performant qu’économique, abaisse encore le coût de l’intelligence : elle devient gratuite. En outre, LLAMA 4 -comme la majorité des modèles chinois sortis depuis trois mois- est en open-source et donc librement personnalisable par chaque entreprise. Depuis fin 2024, les systèmes d’IA dits « agents autonomes » – capables de planifier, d’interagir, de raisonner –commencent à comprendre, anticiper, décider. Parallèlement, Donald Trump est revenu sur la scène mondiale, plus imprévisible que jamais. À peine réinstallé dans l’arène, il déclenche une guerre commerciale tous azimuts, menaçe l’OMC, l’Europe, la Chine… et même ses alliés les plus dociles. Mais ce chaos n’est qu’un théâtre d’ombres. Pendant que l’on fixe l’ogre populiste, une autre rupture – infiniment plus radicale – s’installe dans un silence assourdissant : l’Intelligence Artificielle surpasse désormais l’intelligence humaine. La tempête IA arrive et nous regardons Trump gesticuler. Tandis que Trump recycle ses obsessions protectionnistes du XIX ème siècle en créant un krach boursier mondial, l’Intelligence Artificielle atteint la suprématie cognitive.
Une partie des élites dirigeantes détourne les yeux, tétanisée par la complexité du sujet. L’autre se laisse hypnotiser par la politique-spectacle, les insultes en majuscules sur X-Twitter, les rodomontades isolationnistes et le show permanent. Et pendant ce temps, nous passons à côté de l’essentiel. Le retour de Trump n’est pas seulement un drame politique. C’est une distraction géopolitique. On disserte sur les taxes douanières et les relocalisations, alors que les vraies lignes de fracture – celles de l’intelligence, de la cognition et de la puissance computationnelle – se déplacent hors de notre emprise. Une guerre tarifaire n’est pas une réponse à la révolution technologique.
La vérité est brutale : les Européens ont déjà perdu la bataille de la régulation. OpenAI, Anthropic, xAI, Google DeepMind… tous avancent à une vitesse darwinienne. Pendant que Bruxelles s’enlise dans des règlements abscons, les géants du logiciel façonnent les cerveaux numériques de demain. En 2025, une IA peut déjà remplacer des avocats, des médecins, des professeurs. Le trumpisme 2.0 n’est pas seulement une résurgence idéologique : c’est une diversion tragique. À force de vilipender le commerce mondial, on oublie que le danger n’est pas la Chine manufacturière, mais la Chine algorithmique. L’Histoire ne se joue plus dans les douanes mais dans les laboratoires d’intelligence artificielle.
Il est urgent que l’Europe ouvre les yeux. Que ses dirigeants cessent de palabrer sur la fiscalité numérique et comprennent que l’enjeu est existentiel. Nous vivons une triple révolution : économique, civilisationnelle, et même anthropologique. Geoffrey Hinton, prix Nobel 2024, le rappelle : nous ne sommes plus l’espèce la plus intelligente de la planète. Il ne s’agit pas seulement de croissance ou de souveraineté mais de savoir qui contrôlera l’intelligence au XXI ème siècle. Et pour l’instant, ce ne sont ni les États, ni les philosophes. Ce sont les milliardaires propriétaires des IA.
Tandis que l’attention mondiale se perd dans les gesticulations d’un bouffon protectionniste, le pouvoir glisse en silence entre les mains de machines pensantes. Managers et entrepreneurs : cessez d’être obsésés les droits de douanes et les postures trumpiennes. Préparez votre famille et votre entreprise au tsunami technologique !
Intelligence artificielle
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