Carte blanche
Félicitations pour votre mission de freelance pour Belgique S.A., Monsieur Clarinval
En France, les freelances dénoncent de nouvelles règles fiscales qui fragilisent leur compétitivité. En Belgique, on pourrait presque envier cette attention : dans le nouvel accord de gouvernement, les freelances sont cruellement ignorés. Pourtant, ils jouent un rôle crucial dans la transformation numérique des entreprises et pourraient être des moteurs clés pour atteindre l’objectif du gouvernement Arizona : porter le taux d’emploi à 80 %.
Cette lettre s’adresse à David Clarinval, Vice-premier ministre et ministre du Travail, de l’Économie et de l’Agriculture, afin qu’il élimine les obstacles qui empêchent les entreprises de tirer pleinement parti de l’expertise des freelances.
Monsieur le Ministre Clarinval,
Félicitations pour votre nouvelle mission. Après sept mois d’incertitude – les chances de réussite des négociations semblaient, vu de l’extérieur, ne tenir qu’à un fil – vous entrez en fonction comme Vice-premier ministre et ministre du Travail, de l’Économie et de l’Agriculture.
Vous devez être soulagé de pouvoir enfin commencer.
Il n’y a personne de mieux placé pour comprendre ce sentiment de soulagement que les freelances belges, qui sont d’ailleurs de plus en plus nombreux. Vous ne l’aviez peut-être pas encore envisagé de la sorte, mais le 3 février 2025, vous débutiez, vous aussi, une mission freelance, pour « Belgique S.A. ».
Les similitudes entre les freelances et les professionnels de la politique comme vous sont frappantes. Les freelances, tout comme vous, s’engagent dans des missions temporaires, parfois complexes voire impossibles à première vue. Comme vous, ils sont jugés sur leurs réalisations à la fin d’un projet. Et, tout comme vous, ils vivent souvent dans l’incertitude : quelle sera ma prochaine mission ?
Des différences majeures existent néanmoins. Contrairement aux politiques, les freelances n’ont pas à rendre de comptes à l’opinion publique, et les négociations avant une mission sont bien plus brèves. Mais, à l’inverse des politiciens, ils ne peuvent compter sur aucun parti pour les soutenir si une opportunité idéale venait à échouer. De plus, en tant qu’homme politique, vous bénéficiez d’un statut clair. Ce n’est pas le cas des freelances.
Tout comme nous avons un besoin urgent de ministres comme vous pour diriger ce pays, nous avons besoin de talents pour concrétiser les ambitions de votre gouvernement. Des personnes engagées et expertes, capables de mener à bien des projets d’innovation, de transformation numérique et de renouvellement d’infrastructures IT au sein des entreprises. C’est de cette façon que nous pourrons renouer avec la croissance économique.
Le problème ?
En cette période d’incertitude économique, les entreprises envisagent de réduire leurs investissements en talents.
Les freelances sont une solution à ce défi. Pour illustrer mon propos, j’aime comparer un vivier sain de freelances à la révolution du cloud. Il y a 10 à 15 ans, le cloud était pour les entreprises une solution ponctuelle, utilisée pour répondre à des besoins spécifiques. Fast-forward aujourd’hui : plus aucune entreprise ne peut fonctionner sans Microsoft Azure ou Google Workspace. Les freelances offrent un avantage similaire. Ils donnent la possibilité aux entreprises de mobiliser temporairement des talents là où elles en ont le plus besoin.
N’est-il pas temps de reconnaître la place essentielle des freelances ? Et de faciliter, pour les entreprises, le recours à des profils talentueux ?
En alignant les pensions des indépendants sur celles des salariés, vous avez prouvé votre compréhension du monde freelance. Désormais, en tant que ministre fédéral du Travail et de l’Économie, vous pouvez harmoniser les besoins de la société, du budget et des freelances.
Je vous souhaite plein succès dans votre mission et reste à votre disposition pour partager mes idées.
Malik Azzouzi
General Manager, Malt Belgium
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