“Woodstock du capitalisme” : ce que les investisseurs peuvent retenir de l’AG des actionnaires de Berkshire Hathaway

Selon le super investisseur Warren Buffett, le pricing power est le critère le plus important pour ses investissements. © Reuters

Berkshire Hathaway a présenté ses résultats et tenu son assemblée générale des actionnaires ce samedi. Un moment suivi par de nombreux investisseurs, qui peuvent ainsi se faire une idée du portefeuille et des stratégies d’investissement de Warren Buffett, vétéran respecté du milieu. Le nonagénaire en profite pour concrétiser sa succession.

Grande messe, ou “Woodstock”, comme l’appelle Warren Buffett lui-même, du capitalisme. Les images ne manquent pas pour décrire l’assemblée générale des actionnaires du conglomérat Berkshire Hathaway, tant cet événement est important pour le monde des investisseurs. C’est que son CEO, Warren Buffett, “l’Oracle d’Omaha”, est un des hommes les plus riches du monde, et de nombreuses personnes veulent ainsi s’inspirer de ses stratégies d’investissement et sagesses.

Actions, cash et macro-économie ; voici donc ce qu’il faut en retenir.

Ventes : Apple et Paramount

Apple est la position la plus importante du conglomérat. La firme à la pomme représente environ la moitié du portefeuille. Mais cette part a baissé sur le premier trimestre. Fin 2023, elle valait 173 milliards de dollars, mais maintenant elle affiche une valeur totale de 135 milliards. Une chute plus importante que la baisse du cours d’Apple sur la même période. Buffett aurait donc vendu 115 millions d’actions, ou plus d’un dixième de sa position, selon les calculs de Reuters.

Est-ce que Buffett désavoue Apple ? Loin de là. Il n’a en fait pas tari de compliments à destination du fabricant de smartphones et d’ordinateurs (entre autres), lors de l’AG. Par exemple : “C’est même un meilleur business” que Coca-Cola ou American Express (deux autres parts importantes du portefeuille), l’iPhone est “un des meilleurs produits, et peut-être même le meilleur produit, de tous les temps” et “à moins qu’un événement dramatique ne vienne modifier la répartition du capital, Apple sera notre principal investissement.”

Apple n’est pas la seule vente faite lors du trimestre. Berkshire s’est débarrassée de toutes ses parts de Paramount (il restait 63 millions d’actions, fin 2023). Buffett avait acheté les premières actions en 2022, mais regrette aujourd’hui cette décision, synonyme de perte : “C’était ma décision à 100 %, et nous avons tout vendu et perdu pas mal d’argent”, note-t-il lors de la réunion. Le titre a en effet perdu deux tiers de sa valeur entre son niveau le plus élevé en 2022 et le cours de clôture de ce vendredi.

Cash

Pourquoi Buffett a-t-il vendu des parts d’Apple ? La raison exacte n’est pas immédiatement claire. Mais ce que l’on peut observer, c’est que la pile de liquidités de Berkshire a augmenté. Elle affiche 189 milliards de dollars, un record. Et elle pourrait même continuer à augmenter : cela “ne dérange pas” Buffett si elle atteint les 200 milliards de dollars (lui qui a souvent répété le contraire, qu’il valait mieux investir que garder son cash sur le côté).

On peut en déduire que Buffett estime peut-être qu’il n’y a actuellement pas d’opportunité d’achat sur le marché. Il parle en tout cas du contexte géopolitique tendu et des valorisations élevées, qui représentent des risques et qui semblent donc être des raisons de mettre de l’argent de côté. Avec la vente d’Apple, Buffett a donc peut-être voulu écrémer les gains des cours faits ces derniers mois. A noter que le contexte géopolitique ne lui fait pas toujours peur : il raconte par exemple régulièrement l’anecdote qu’il est allé acheter ses premières actions lorsque les Japonais ont bombardé Pearl Harbour, lors de la Seconde Guerre mondiale.

Le bénéfice d’exploitation de Berkshire, sur le premier trimestre, a été de 11,2 milliards de dollars, en hausse de 39% (grâce à la vente des actions d’Apple). Le résultat net a été de 12,7 milliards de dollars, une baisse de 64% par rapport à il y a un an.

Succession

Buffett, du haut de ses 93 ans, a également abordé la question de sa succession au sein de Berkshire. C’était sa 60e réunion annuelle et il “espère être là l’année prochaine”, indique-t-il en riant. Il ajoute qu’il “se sent bien”. Néanmoins, sa succession se concrétise.

Le vice-président Greg Abel, 61 ans, aura désormais déjà un avis final sur les décisions d’investissement, annonce Buffett. “Je ne sais pas exactement comment il s’y prend, mais nous avons la bonne personne, je peux vous le dire”, lance-t-il à l’égard de son successeur. Ajit Jain, vice-président des opérations des assurances qui sont sous le giron du conglomérat, a également “prouvé qu’il était la personne adéquate, avec Abel, pour diriger le Berkshire”.

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