Soins de santé : le Belge paye plus que ses voisins
Le Belge paye, en moyenne, 17,9% des soins de santé de sa poche. Cela peut sembler raisonnable, mais c’est beaucoup plus que dans les pays voisins.
Les soins en Belgique sont relativement accessibles. On peut ainsi aller chez le généraliste en ne payant que le ticket modérateur (aussi appelé tiers payant), soit 4 euros. Néanmoins, 17,9% du montant des soins de santé restent à la charge du patient. Cette partie de la somme n’est donc ni prise en charge par la sécurité sociale ni par les assurances. C’est plus que chez les Allemands qui ne payent que 12%, les Français (8,9%) ou encore les Néerlandais (9,3%).
Ce qui plombe la quote-part des Belges n’est pas le ticket modérateur qui reste somme toute modeste. Ce qui fait grimper la note des Belges par rapport à leurs voisins, ce sont les frais liés au prix des maisons de repos et de soins ou encore des médicaments chers qui ne sont que peu ou pas remboursés. À cela s’ajoutent des lunettes ou des appareils auditifs pour lesquels l’intervention est minime. Mais ce qui fait réellement exploser le coût des soins en Belgique est ce qu’on appelle pudiquement les honoraires supplémentaires ou le dépassement d’honoraires. Soit le supplément que l’on paye si l’on veut avoir une chambre seule ou chez un praticien qui dépasse le tarif conventionné. Pour mieux comprendre, prenons un exemple concret. La base de remboursement pour un ophtalmologue est fixée à 30€, mais la consultation vous est facturée 60€. Ces trente euros de différence, c’est pour votre portefeuille.
Les accords médico-mut
Les tarifs conventionnés sont fixés tous les deux ans. Ils sont le fruit de tractations entre les représentants des médecins et les mutualités. Ces accords médico-mutualistes sont régulièrement remis en cause, car les prix sont trop bas ou induisent des inégalités (voir encadré). La convention ne rémunère en effet que l’acte technique. Concrètement les honoraires sont fixés par acte et pas par heure consacrée. C’est donc le même tarif si la consultation dure quinze minutes ou une heure. Or certains rendez-vous médicaux demandent plus de temps que d’autres. Il n’y a pas non plus de valorisation barémique. Un jeune médecin sera autant payé qu’un médecin expérimenté.
Aujourd’hui ce sont ces conventions médico-mut, dento-mut, etc. qui établissent une liste de prix officiel. Ceux qui les respectent sont ce qu’on appelle des praticiens conventionnés. Au tarif classique se greffe dans certains cas le tarif préférentiel BIM, à savoir les bénéficiaires de l’intervention majorée (par exemple les personnes bénéficiant de faibles revenus ou présentant un handicap). Tous les soins ne sont pas non plus remboursés par l’assurance maladie. Les soins concernés sont repris dans “la nomenclature”. Elle se présente comme une longue liste numérotée. Elle reprend une description de la prestation, le tarif, le ticket modérateur et parfois les conditions comme l’âge.
Comment savoir combien l’on va payer ?
Les tarifs devraient, en principe, être affichés dans le cabinet. Si ce n’est pas le cas, le plus simple est de le demander directement au praticien. En cas d’hospitalisation, si vous le demandez, l’hôpital est également obligé de vous remettre la liste des médecins qui ne sont pas conventionnés ou que partiellement conventionnés. Faire cette demande n’est jamais une perte de temps en sachant que dans 20 % des hospitalisations classiques en Belgique des suppléments d’honoraires sont facturés.
Et la question est d’autant plus pertinente que quand un médecin, un dentiste ou un spécialiste est déconventionné, il peut demander ce qu’il veut. Et certains, mais pas tous, n’hésitent pas à taper dans les prix. De quoi se retrouver avec une note particulièrement salée. D’autres enfin ne sont que partiellement déconventionnés. Ils pratiquent des prix conventionnés à l’hôpital, par exemple, mais pratiquent des prix déconventionnés à leur cabinet. Le plus souvent on obtient plus rapidement un rendez-vous dans le second. Sachez aussi qu’un médecin conventionné peut également se déconventionner au terme de l’accord “médico-mut”.
Si vous souhaitez vous renseigner discrètement sur les tarifs pratiqués, le site de l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (Inami) est une aide précieuse puisqu’il dispose d’un outil informatique qui vous permet de découvrir si tel médecin est conventionné, ou non. Pour les médecins partiellement conventionnés, l’Inami peut également vous renseigner, mais cela se fera par mail (medecins-dentistes@riziv-inami.fgov.be) ou par téléphone (02 739 74 79).
On pourrait ne se faire soigner que par des médecins conventionnés
En principe, on devrait pouvoir se contenter des soins conventionnés pour se soigner. En Région bruxelloise, selon le dernier accord “médico-mut”, 88,5% des généralistes et 81% des spécialistes sont conventionnés. En Wallonie ce chiffre est même un peu plus élevé pour les généralistes et tourne autour des 80% pour les spécialistes. Sauf qu’il s’agit là de chiffres généraux. Dans certaines spécialisations – comme les orthodontistes, les ophtalmologues ou les dermatologues – les conventionnés se font beaucoup plus rares. En trouver un, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Il faut s’armer de courage ou croire au miracle. Car lorsqu’on en trouve un, faut-il encore que le délai d’attente soit raisonnable.
Quid de l’accord dento-mut ?
Pour que la convention medico-mut soit effective, elle doit être approuvée par un nombre suffisant de praticiens. S’ils sont trop nombreux à la refuser, aucune convention n’est établie. Ils sont alors libres de déterminer les tarifs et il n’y a plus d’obligation du tiers payant. Or c’est ce qui est arrivé en mars 2024 avec la dento-mut, la convention avec les dentistes. Pour contourner ce problème, le kern a décidé de réduire le taux de conventionnement pour les dentistes. Il est passé de 60 à 55 %. Comme 56,97 % des dentistes avaient accepté d’adhérer à la convention, le nouveau dento-mut est rentré en vigueur. Ce taux abaissé signifie aussi qu’un plus grand nombre de dentistes sera désormais non conventionné. Or depuis plusieurs années trouver un dentiste conventionné est devenu compliqué. Ainsi dans le Brabant wallon, Mons, Bastogne et Neufchâteau, plus de 40 % des dentistes n’étaient pas conventionnés. Bon à savoir : depuis le 1er mars, les dentistes ont également l’obligation d’informer leurs patients à l’avance sur leurs tarifs et possibles suppléments pour des prestations courantes.
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