Préparez votre 
portefeuille de titres pour l’été et évitez les risques !

LES CRAINTES d’une bulle sont toujours réelles. © Getty Images

Inflation, taux, conflits, élections en série, envolée des Bourses, etc. Les risques pesant actuellement sur votre portefeuille d’investissement se multiplient et ne prennent pas de vacances. Ces quelques précautions vous permettront d’éviter au maximum les (très) mauvaises surprises.

Que vous partiez sous le soleil ou ayez décidé de réaménager votre living, vous n’avez pas forcément envie de passer vos vacances à surveiller votre portefeuille d’investissements. Pour vaquer paisiblement à vos occupations estivales sans devoir garder un œil sur votre smartphone, il convient de prendre quelques prédispositions.

Risques multiples

Cette année en particulier, alors que les sources de tension se multiplient, l’inflation continue de ralentir moins rapidement qu’escompté comme en témoigne le relè­vement des prévisions de hausse des prix à la consommation dans la zone euro par la Banque centrale européenne (BCE) la semaine dernière. Ce qui risque à tout moment de remet­tre en cause les perspectives de baisse des taux dont l’influence est cruciale sur les marchés depuis plusieurs années.

Au niveau géopolitique, les conflits actuels (Ukraine, Proche-Orient) se combinent à une série d’élections. La semaine dernière, la perspective d’une victoire moins nette que prévu du parti de Narendra Modi aux élections indiennes a ainsi fait chuter la Bourse de Bombay de près de 6% en une séance. Le week-end dernier, c’était au tour de la Belgique et de l’Union européenne. Et les marchés vont de plus en plus se tourner vers les élections américaines de début novembre, Joe Biden et Donald Trump proposant deux visions diamétralement opposées de l’Amérique.

Enfin, les Bourses recèlent aussi certains risques, la hausse des cours et des multiples de valorisation renforçant les craintes d’une bulle, tout particulièrement dans le secteur technologique.

Nettoyage de printemps

Avant tout, précisons qu’il n’y a actuellement pas lieu de crain­dre un plongeon des marchés cet été, mais un surcroît de volatilité n’est certainement pas à exclure dans une période où moins d’investisseurs sont présents. Il n’est donc pas ques­tion de revoir de fond en com­ble votre portefeuille, mais plu­tôt d’anticiper les événements.

Dans un premier temps, vous pouvez en profiter pour nettoyer votre portefeuille, repasser chaque ligne en revue pour vous assurer que vous êtes toujours à l’aise avec ces positions. Imaginons que vous ayez (opportunément) investi dans Nvidia à l’automne dernier. Le cours a quasiment triplé depuis. Ne serait-il pas temps d’acter une partie de vos bénéfices pour ramener le poids de votre position à un niveau plus raisonnable ?

Il n’y a actuellement pas lieu de craindre un plongeon des marchés cet été, mais un surcroît de volatilité n’est pas à exclure.

Penchez-vous aussi sur les plus petites lignes de votre portefeuille, souvent celles qui n’ont pas généré les gains espérés. Les perspectives de reprise sont-elles encore réelles ? Ne serait-il pas plus judicieux d’acter les pertes et de réinvestir dans des valeurs offrant davantage de potentiel à court et moyen terme ? Vous pouvez également utiliser les liquidités ainsi générées comme tampon pour limiter l’impact d’une volatilité estivale des marchés et pouvoir profiter éventuellement de meilleures opportunités.

Faire fructifier vos liquidités

Vous disposez de liquidités sur votre compte-titres ou un compte à vue ? Il y a de fortes chances pour qu’elles ne génèrent aucun intérêt, ce qui constitue un man­que à gagner non négligeable dans l’environnement de taux actuel. Même un compte d’épar­gne classique (sans limite de versement) peut vous rapporter jusqu’à 3% selon le comparateur de Guide-Epargne. Rappelons également que les intérêts d’un compte d’épargne sont exonérés à concurrence de 1.020 euros par personne en 2024 et sont ensuite imposés au taux de 15%.

LES RISQUES se multiplient et ne prennent pas de vacances. © Getty Images

Si vous envisagez de conserver un matelas de liquidités un peu plus longtemps, vous pouvez également opter pour un compte à terme ou un bon de caisse (qui font leur retour depuis quelques mois). Vous ne risquez ainsi pas de voir le rendement de vos liquidités baisser si la Banque centrale européenne (BCE) continue de baisser ses taux directeurs. Les échéances vont de 3 mois à 10 ans, ce qui vous permet d’adapter la durée à vos besoins. Les taux sont aujourd’hui assez attractifs même s’il convient de tenir compte d’un précompte mobilier de 30% sur les intérêts. A noter que la principale différence entre un bon de caisse et un compte à terme est que le premier est un titre. Il peut donc être revendu ou transféré dans une autre banque contrairement à un compte à terme.

Couvertures du portefeuille

Après avoir soigneusement épuré votre portefeuille, vous pouvez envisager des couvertures pour vous assurer un été serein. Les options sont des produits dérivés bien adaptés à cette fin. Concrètement, une option est un droit d’acheter (option call) ou de ven­dre (option put) un actif à un certain prix, appelé prix d’exercice, jusqu’à l’échéance prévue.

Une option put sur un grand indice boursier constitue ainsi une protection efficace pour un portefeuille. Si, à l’échéance, le niveau de l’indice a chuté sous le prix d’exercice, vous recevez la différence en espèces. Pour des questions de frais et de moda­lités de contrats, vous avez tout intérêt à concentrer votre protection sur un seul indice. Si vous avez surtout des actions européennes, les options sur le DJ EuroStoxx 50 (les 50 plus grandes entreprises de la zone euro) sont les plus indiquées. A contrario, si vos positions en actions penchent surtout vers les Etats-Unis, les options sur le S&P 100 (sélection des 100 principales entreprises américaines) sont à envisager.

Imaginons que vous disposiez d’un portefeuille d’actions européennes d’une valeur de 200.000 euros. Vous pouvez couvrir ces positions en achetant quatre contrats de 10 options put sur l’indice EuroStoxx 50 à échéance au 20/12/2024 et au prix d’exercice de 4.600 points (10% sous le cours actuel). Au prix actuel de 61 euros, ces options vous coûtent au total 2.440 euros (+ frais de l’ordre de 20 à 30 euros). Une sorte de prime d’assurance qui vous permet de couvrir l’essentiel de votre portefeuille contre un risque de baisse de plus de 10% des marchés européens cet été et jusqu’à la fin de l’année, c’est-à-dire après les élections aux Etats-Unis.

Si vous être prêt à supporter une baisse plus importante de l’ordre de 20% (prix d’exercice de 4.125 points), le coût n’est plus que de 1.000 euros, soit 0,5% de la valeur du portefeuille couvert. Mais votre “assurance” n’intervient alors qu’en cas de dégringolade.

Ordres limités

Si vous souhaitez rester actif même en étant loin de votre portefeuille, vous pouvez envisager de passer quelques ordres opportunistes, afin notamment de profiter de tout pic de volatilité.

Vous pouvez ainsi placer des ordres d’achat avec un prix de 10% ou 15% inférieur au cours actuel pour acquérir une position dans un titre qui vous semble un peu cher. Ou au contraire, viser un prix de vente 10% ou 15% supérieur pour une action dont vous estimez que le potentiel commence à s’épuiser. Assurez-vous évidemment de placer des ordres GTC (Good Till Cancelled – Valable jusqu’à annulation) et pas ordres “jour” annulés dès la prochaine clôture des marchés.

Il est préférable de limiter vos ordres d’achat opportunistes à des valeurs sûres.

La technique n’est toutefois pas sans risque. Imaginons que vous appréciez l’action XYZ, mais aimeriez la payer un peu moins cher. Elle cote 40 euros et vous placez un ordre à 36 euros. Durant vos vacances, un short seller émet un rapport au vitriol et l’action chute. L’ordre d’achat est exécuté et vous constatez à votre retour que les accusations du short seller sont bien étayées. Vous risquez ainsi de vous retrouver avec un titre en moins-value et que vous n’appréciez plus.

Il est donc préférable de limiter vos ordres d’achat opportunistes à des valeurs sûres. Placer des ordres opportunistes est nettement moins risqué en matière de ventes.

Ordres stop

Une autre option pour éviter un désagréable retour de vacances est d’utiliser des ordres stop (loss). Concrètement, un tel ordre vous permet d’activer une vente au prix du marché si le cours du titre atteint un certain niveau.

Imaginons que vous disposiez d’une position sur l’action ABC qui cote actuellement 100 euros. Vous affichez une belle plus-value, mais vous craignez un retournement de tendance. Vous pouvez placer un ordre stop au prix de 95 euros. Si le cours de l’action atteint à un moment donné 95 euros, votre ordre est exécuté au prix du marché. Peu importe le prix du marché qui peut être de 95 euros comme de 80 euros. Il convient donc d’être prudent avec ce type d’ordre, surtout pour les petites valeurs ou les titres susceptibles de connaître d’importants écarts entre cours acheteur et vendeur.

Pour davantage de sécurité, vous pouvez opter pour un ordre stop limit. Ce qui vous permet de combiner un seuil de déclenchement et une limite. Dans l’exemple, l’ajout d’une limite à 92 euros vous assure de ne pas vendre sous ce prix.

Troisième éventualité, l’ordre stop trailing (ou suiveur stop). Le prix de déclenchement suit alors l’évolution du cours. Dans le cas de l’action ABC, qui cote 100 euros, vous précisez par exemple un écart de 5 euros. Si l’action baisse directement à 95 euros, votre ordre se déclen­che. Si elle monte d’abord à 110 euros avant de rechuter, le seuil de déclenchement est adapté au cours – 5 euros, soit 105 euros. Un tel ordre stop trailing peut aussi inclure un prix limite (qui suit également le cours).

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