Pourquoi l’irrésistible ascension de l’or pourrait se poursuivre

lingot d'or
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Baptiste Lambert

Le précieux métal atteint un nouveau sommet, en progression de 2% sur la seule journée d’hier. Le signe de temps troublés.

Mais où va s’arrêter l’or ? La valeur refuge par excellence a grimpé, hier, à 2.487 dollars l’once, un record absolu. L’or a gagné 2% sur la seule journée de mardi et 20% depuis le début de l’année.

Pourtant, les nuages qui planent sur l’économie mondiale ont tendance à se dissiper. Les prévisions du FMI, publiées mardi, sont loin d’être catastrophiques, avec une croissance mondiale de 3,2% cette année et 3,3% l’année prochaine, toujours soutenue aux États-Unis (2,6% cette année), et revue à la hausse en Europe, même si plus timide (0,9% en 2024 et 1,5% en 2025).

Dans le même temps, malgré une certaine résistance, l’inflation poursuit sa décroissance. Du côté de la Fed, la gouverneure Adriana Kugler se dit désormais “prudemment optimiste” en vue d’une baisse des taux aux États-Unis, dès cette année. En tout cas, si la tendance à la désinflation des trois derniers mois se confirme et que le marché du travail continue à se refroidir. En Europe, sauf surprise, une 2e baisse des taux devrait intervenir en septembre : les prévisions n’ont pas fondamentalement changé.

Une hausse des liquidités

Or, l’or, depuis toujours, est perçu comme un refuge de l’inflation. Qui dit baisse de l’inflation, dit baisse des taux. Et qui dit baisse des taux, dit hausse des liquidités.

Une hausse des liquidités peut servir à acheter des actifs plus risqués, comme le Bitcoin, qui est, lui aussi, en forte progression, à 65.000 dollars, en gain de 11% depuis 7 jours. En ces temps troublés, une hausse des liquidités signifie également une hausse des achats de l’or.

Les incertitudes géopolitiques

Ce qui alimente l’or à la hausse, c’est bien sûr l’incertitude. Économiquement, on l’a vu, la prévisibilité est plutôt bonne. Géopolitiquement, par contre, c’est beaucoup plus flou. La raison la plus récente et la plus évidente est la probable réélection de Donald Trump, qui a évité la mort de justesse.

Une élection de Donald Trump, qui était jusque-là plutôt bien vue pour les marchés, n’en reste pas moins d’une grande imprévisibilité. Notamment par rapport à la question ukrainienne, voire palestinienne.

Mais surtout, c’est sa politique par rapport à des pays qui sont dans son viseur, comme la Chine ou l’Iran, qui est redoutée. En conséquence, les banques centrales de ces pays achètent massivement de l’or, dans une tentative de se dédollariser et de se prémunir de nouvelles sanctions.

Achats d’or

“La Banque centrale chinoise a repris ses achats d’or en novembre 2022, après une pause de plus de 3 ans. Selon le World Gold Council, la Chine a été le plus grand acheteur d’or au monde en 2023, pour des achats nets de 7.23 millions d’onces”, écrit l’économiste en chef de la CBC, Bernard Kepenne, qui pense que la Chine devrait continuer à en acheter, face à la crainte d’un second mandat du républicain.

Et la Banque centrale chinoise a encore de la marge : “Selon les estimations, la part de l’or dans ses réserves s’élève à 4.9%, niveau très faible par rapport aux autres Banques centrales. Cela représente 72.8 millions d’onces d’or d’une valeur d’environ 170 milliards de dollars.”

Qui plus est, ces achats compulsifs de la Banque centrale de Chine poussent ses citoyens, méfiants par rapport aux investissements immobiliers, à se jeter, à leur tour, sur le métal précieux.

La montée du prix de l’or n’est donc sans doute pas terminée.

Effet mécanique

La dernière raison évoquée par les spécialistes pour expliquer la forte progression de l’or est la baisse du dollar, en raison de la perspective de la baisse des taux qui se renforce. “Quand le dollar marque le pas, l’or progresse quasi-automatiquement”, écrit Marc Fiorentino, spécialiste des marchés financiers, dans sa newsletter de ce mercredi.

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