Pourquoi le pétrole fait vaciller les Bourses !

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En signant son pire premier semestre depuis 20 ans, le pétrole a insinué le doute chez les investisseurs, désormais bien moins certains de la remontée des taux et inquiets des conséquences financières potentiellement colossales d’une poursuite de la chute du prix du baril de brut.

À l’automne dernier, l’annonce par l’OPEP et quelques autres pays dont la Russie d’un accord pour réduire la production de pétrole de 1,8 million de barils par jour pendant six mois avait suffi à stimuler le prix de l’or noir. Le baril de Brent (principale référence mondiale) a flirté début janvier avec les 60 dollars, quelques investisseurs et analystes ayant même déjà misé sur un retour à 100 dollars comme avant son plongeon de 2014. Depuis le début de l’année, le prix du pétrole a toutefois reculé inexorablement, même la prolongation de 9 mois de l’accord de réduction de la production n’a pas suffi à inverser la tendance. Le baril de Brent subit ainsi son pire premier semestre depuis 1997 avec une chute de 20% et des perspectives extrêmement mitigées. La croissance de la demande mondiale montre clairement des signes de ralentissement alors même que s’annonce une vague de véhicules électriques à partir de l’année prochaine. Du côté de l’offre, la baisse de la production en Arabie Saoudite et en Russie est éclipsée par la hausse aux États-Unis et désormais le Nigéria et la Libye, deux membres de l’OPEP mais qui avaient été exclus de l’accord de réduction de la production en raison des problèmes connus ces dernières années.

Le pétrole grippe la rotation

A priori, la baisse du prix du pétrole apparait plutôt favorable aux économies occidentales, surtout en Europe qui est un important importateur net d’or noir. Cela ne suffit toutefois pas à estomper les craintes liées à l’inflation, devenue prépondérante pour les investisseurs. Ces derniers ont en effet eu tendance ces 10 derniers mois à privilégier les actions au détriment des obligations en raison de la perspective d’une remontée des taux. Une hausse du loyer de l’argent pèse mécaniquement sur le cours des obligations. Jusqu’à présent, le pari est plutôt réussi, la Réserve fédérale américaine (Fed) ayant à nouveau relevé son taux directeur à la mi-juin. La baisse du prix du pétrole menace toutefois la poursuite de cette politique. La Fed se base évidemment davantage sur des indicateurs d’inflations sous-jacents, c’est-à-dire excluant l’évolution directe des prix plus volatils comme l’énergie ou l’alimentation, mais les effets de second tour (via le prix du transport, du chauffage, etc.) se feront inévitablement sentir. Si la Fed suspend son cycle de relèvement des taux, la rotation des obligations vers les actions pourrait s’estomper, voire s’inverser dans le pire des cas.

Le pétrole à l’origine d’une crise financière ?

Par ailleurs, certains s’inquiètent également d’un risque de crise financière en cas de chute persistante du prix du pétrole. Outre l’industrie pétrolière, les analystes de Fitch soulignaient en effet l’année dernière que cela pourrait également fragiliser de nombreux acteurs dans les secteurs des utilities (production d’électricité notamment) et automobiles. Les sociétés dépendantes des hydrocarbures représentent l’équivalent de 3400 milliards de dettes d’entreprises, un quart du marché mondial et autant que les dépréciations actées par les banques durant la crise du subprime.

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