Réforme des pensions : que signifie l’accord de Pâques pour votre future retraite ?

Le gouvernement De Wever a franchi une nouvelle étape décisive dans la réforme du système de pensions. L’accord de Pâques, entériné vendredi dernier, prévoit plusieurs mesures d’application immédiate, tandis que d’autres entreront en vigueur dès 2026 ou 2027. Objectif affiché : générer rapidement des économies, mais aussi rendre le système plus soutenable face au vieillissement démographique. Qu’est-ce que cela change concrètement pour vous ?
Indexation limitée des pensions les plus élevées
Il va y avoir du changement pour votre pension. Première mesure choc : l’indexation des pensions supérieures à 5.182 euros bruts par mois sera plafonnée jusqu’en 2029. Dans la tranche 5.182–5.250 euros, l’indexation sera partielle. Au-delà, elle sera strictement forfaitaire, limitée à 36 euros par indexation. Environ 60.000 pensionnés sont concernés, essentiellement d’anciens fonctionnaires, rapporte De Tijd. L’intention est claire : épargner le budget public en modulant les hausses automatiques des pensions les plus confortables, tout en continuant d’indexer les minima.
Fiscalité accrue sur la pension complémentaire
Dans la même logique de contribution accrue des plus aisés, le gouvernement a décidé de doubler la contribution de solidarité sur les pensions complémentaires dépassant 150.000 euros, la faisant passer de 2 à 4 %. Cette mesure s’appliquera dès 2027 et touchera environ 10 à 15 % des nouveaux retraités.
Ce n’est pas tout : la fameuse cotisation Wijninckx, qui cible les très hauts revenus de pensions complémentaires, passera de 3 à 12,5 % en 2027, soit une forte hausse fait remarquer le quotidien économique. Elle ne s’applique que lorsque la pension complémentaire, combinée au régime légal, dépasse la pension maximale d’un fonctionnaire (environ 93.000 euros annuels). En 2024, quelque 2.000 contribuables y ont déjà été assujettis.
Suppression du bonus actuel et introduction d’un système bonus-malus
Le bonus pension instauré en 2024 sera supprimé dès le 30 juin 2025. Ceux qui espéraient en tirer un avantage devront se contenter d’un maximum de 1,5 an de jours bonifiables, soit environ 3.927 euros nets pour une année complète.
À sa place, un système bonus-malus sera introduit à partir de 2026. De Tijd détaille la façon dont il modifie profondément l’incitation à prolonger l’activité professionnelle. Le bonus ne s’appliquera plus à partir de l’âge anticipé de la pension, mais à partir de l’âge légal (66 ans, 67 dès 2030). Pour chaque année travaillée au-delà, la pension sera majorée de :
- +2 % jusqu’en 2030,
- +4 % jusqu’en 2040,
- +5 % à partir de 2040.
À l’inverse, un malus s’appliquera à ceux qui partent avant l’âge légal sans remplir les conditions de carrière stricte (35 ans avec au moins 7.020 jours effectivement prestés). Chaque année anticipée entraînera une réduction similaire : -2 %, -4 % ou -5 % selon l’année. Le ministre des Pensions Jan Jambon insiste : « Ce système vise à inciter réellement à travailler plus longtemps, ce que ne permettait pas le bonus actuel qui intervenait trop tôt. »
À noter : certaines périodes assimilées comme les congés de maternité, les maladies de courte durée et les crédits-temps à visée de soins ne seront pas pénalisées dans le calcul.
Des droits supplémentaires pour la pension des indépendants
Les indépendants pourront continuer à acquérir des droits de pension après avoir atteint l’âge légal, même s’ils ne remplissent pas les conditions de revenus pour rester affiliés à titre principal. À partir du 1er juillet 2025, ils auront le choix : continuer à cotiser comme indépendants à titre principal pour engranger des droits supplémentaires, ou cesser les cotisations sans bénéficier d’acquis nouveaux. Cette mesure vise à flexibiliser la fin de carrière tout en soutenant l’effort contributif.
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Accord de Pâques
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