Les professions menacées par la réforme des pensions

Les policiers sont aussi confrontés à des difficultés, comme le port d’un équipement de 15-20 kg au quotidien.

Ce lundi, les syndicats belges, unis en front commun, organisent une manifestation à Bruxelles. Leur inquiétude majeure porte sur les projets de réforme des pensions actuellement en discussion dans le cadre des négociations de la future coalition politique Arizona. Ces réformes pourraient impacter les régimes de pension préférentiels, qui permettent à certaines professions de partir à la retraite avant l’âge légal. Explications.

La FGTB, la CSC et la CGSLB redoutent “une attaque frontale contre les pensions” de la part des négociateurs de la coalition “Arizona” (N-VA, Vooruit, CD&V, Les Engagés et le MR) au fédéral. Le vieillissement de la population belge pèse lourdement sur le système des pensions, dont le coût annuel atteint 63 milliards d’euros et devrait continuer à augmenter jusqu’en 2070. La coalition Arizona vise à réduire ces dépenses de 3 milliards par an. Cependant, les négociations en cours laissent encore planer des incertitudes sur l’ampleur des changements concernant les régimes préférentiels et d’autres aspects du système.

3 milliards d’économies

L’âge légal de la retraite en Belgique, fixé à 65 ans jusqu’en 2025, a été repoussé à 66 ans à partir de 2025 et sera porté à 67 ans en 2030. Toutefois, certaines professions bénéficient de régimes spécifiques permettant un départ anticipé, en raison des conditions difficiles ou dangereuses liées à leur métier. Ainsi, les régimes de pensions dit « préférentiels », bien qu’ancrés dans le contexte historique et social belge, sont aujourd’hui au centre des débats sur leur viabilité et leur adaptation aux réalités économiques actuelles. Ils concernent plusieurs métiers dont :

  • Cheminots : Le personnel roulant (conducteurs et accompagnateurs) peut partir à la retraite dès 55 ans après 30 années de carrière.
  • Militaires : Selon leur catégorie, les militaires peuvent partir à 50, 56, ou 61 ans, sans obligation de durée de carrière. Les militaires transférés à d’autres fonctions publiques conservent ces avantages si le transfert a eu lieu après 45 ans.
  • Policiers : Le cadre opérationnel bénéficie également d’âges préférentiels, bien que ces limites aient été relevées ces dernières années.

Ces régimes préférentiels remontent à 1838, peu après la création de l’État belge. Ils étaient initialement accordés pour récompenser les militaires pour leur service à la nation. Les critères pour accorder ces avantages incluaient la dangerosité, la pénibilité, ou l’importance stratégique de la profession pour l’État. Les cheminots ont ainsi bénéficié de ces avantages à la fin du XIXᵉ siècle en raison de la dangerosité et de la pénibilité de leur travail. Au fil du temps, des régimes similaires ont été établis pour d’autres professions comme les magistratsen raison de leur rôle crucial dans la justice, ou encore, les enseignants pour leur contribution à l’éducation de la population.

Horaires décalés et équipement lourd

Dans la pratique, pour pouvoir bénéficier de ces conditions, les conducteurs de trains à la SNCB témoignent devoir prester des horaires décalés et irréguliers, comme débuter leur service dès 3h du matin. Ces rythmes contribuent à des troubles de sommeil, des douleurs chroniques, et augmentent les risques cardiovasculaires avec l’âge. Les policiers sont aussi confrontés à des difficultés, comme le port d’un équipement de 15-20 kg au quotidien. Certains estiment qu’une personne de 60 ans ou plus ne pourrait supporter cette charge, donne comme exemple le site de la RTBF.

Des préoccupations plus larges

Outre les régimes de pension préférentiels pour certaines professions, les manifestants en Belgique expriment des préoccupations plus larges concernant l’ensemble du système de retraite. Leurs revendications principales incluent :

  • Âge légal de la pension : Les syndicats s’opposent à l’augmentation progressive de l’âge légal de la retraite, qui est passé de 65 à 66 ans en 2025 et doit atteindre 67 ans en 2030. Ils réclament le maintien de l’âge de la pension à 65 ans.
  • Montant des pensions : Les manifestants demandent des pensions plus élevées, estimant que les montants actuels ne permettent pas de vivre dignement après une carrière complète.
  • Conditions de carrière : Il est également question de la reconnaissance des métiers pénibles, avec des revendications pour des carrières plus courtes et des conditions de travail améliorées pour ces professions.
  • Financement du système de pension : Les syndicats plaident pour une augmentation des cotisations patronales afin de garantir la pérennité et l’équité du système de retraite.

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