L’épargne pension est-elle un cadeau empoisonné ?
C’est ce qu’affirme Grégory Guilmin, expert financier indépendant, selon qui les fonds d’épargne pension sont trop chers et pas assez diversifiés.
Comme chaque année à pareille époque, c’est l’heure de l’épargne-pension. Selon les chiffres de Febelfin, plus de 1,8 million de Belges disposent d’un plan d’épargne pension. Et nombre d’entre eux procèdent à des versements de dernière minute au cours des derniers mois de l’année. Mais est-ce aussi intéressant que le prétendent les banques ?
Trop de frais
Pour Grégory Guilmin, auteur et expert financier indépendant, la réponse est claire. Il n’est absolument pas convaincu des mérites de l’épargne retraite à long terme, qu’il qualifie même de “cadeau empoisonné”. Selon lui, les fonds d’épargne pension sont trop coûteux à gérer et insuffisamment diversifiés.
“Les frais d’entrée prélevés par votre intermédiaire (courtier ou banquier) pour chaque dépôt sur le plan d’épargne retraite se situent généralement entre 2 et 3 %, hors frais de gestion annuels et coût des instruments financiers. La plupart des fonds d’épargne retraite investissent eux-mêmes dans d’autres fonds, ce qui entraîne des coûts supplémentaires”, soutient l’expert en placements financiers qui dit ne pas investir personnellement dans des plans d’épargne-pension malgré la déductibilité fiscale (réduction d’impôt de 30 % du montant investi si vous versez jusqu’à 990 euros et de 25 % si vous versez entre 990 et 1.270 euros).
Moins performants
Si Grégory Guilmin considère les fonds d’épargne-pension comme un placement peu intéressant, outre des frais trop élevés, c’est aussi parce qu’il dit avoir régulièrement constaté que leur performance nette était largement inférieure à celle des marchés, et ce malgré la déductibilité fiscale.
Selon lui, cette sous-performance s’explique par une diversification insuffisante due à une surexposition à l’Europe (plus de 80 %) ; une sous-exposition aux États-Unis (moins de 15 %) et à l’Asie (moins de 5 %) ; des investissements dans d’autres fonds communs de placement (ce qui engendre des frais supplémentaires) ; et des frais annuels totaux, hors droits d’entrée, de l’ordre de 2,50 %.
En fait, “la loi européenne sur les fonds d’épargne retraite qui exige une exposition significative à l’Europe et une allocation minimale en obligations d’État européennes, dit Grégory Guilmin. Les fonds d’épargne-pension peuvent également investir jusqu’à 20 % dans d’autres fonds ou des ETF passifs et 10 % dans le capital-investissement, mais ils ne le font pas en pratique. La forte exposition à l’Europe s’apparente à du protectionnisme financier. Un plan d’épargne retraite d’un Européen n’investira jamais aux États-Unis ou en Asie dans la même proportion que la capitalisation boursière mondiale”, dit-il.
Conflit d’intérêts
Grégory Guilmin estime enfin que la déductibilité fiscale accordée aux fonds d’épargne pension place le gouvernement dans une situation de conflit d’intérêts. “D’une part, il fait un cadeau aux personnes qui souscrivent à des plans d’épargne pension et d’autre part, cet argent permet au gouvernement de se financer à des conditions plus intéressantes, car lorsque l’État émet de nouvelles obligations, ce sont les compagnies d’assurance et les fonds de pension, entre autres, qui les achètent”.
Même en tenant compte de la déductibilité fiscale à très long terme (50 ans), un investissement à 100 % en actions rapporte au bout du compte, selon lui, beaucoup plus.
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