La double pension de Didier Reynders : un symbole des inégalités dans le système belge

Didier Reynders, ancien ministre belge et commissaire européen, se trouve au centre de l’actualité pour des soupçons de blanchiment d’argent. Ce contexte offre l’opportunité de s’intéresser à sa situation financière, et notamment au montant de sa pension, qui illustre un mécanisme bien spécifique : la double pension.

Selon des informations de Sudinfo, Didier Reynders perçoit une pension cumulée de 12.629 euros bruts. Un montant élevé qui s’explique par le fait que l’ancien ministre belge touche à la fois une pension belge et une pension liée à sa fonction internationale de commissaire européen qu’il a exercée de 2019 à 2024.  

Une retraite nationale et européenne

Depuis sa mise à la retraite le 6 août dernier (le jour de ses 66 ans), Didier Reynders perçoit deux pensions distinctes. La première est liée à ses nombreuses années de carrière en Belgique, comme député, ministre et président de la SNCB. Cette pension est plafonnée par le mécanisme Wijninckx. Mis en place en 2012, du nom de Jan Wijninckx, un haut fonctionnaire et conseiller, ce dispositif vise à plafonner les pensions particulièrement élevées des fonctionnaires et des mandataires politiques belges, en introduisant une limite globale de revenus pour la retraite. Actuellement, ce plafond est fixé à 8129,08 euros bruts par mois, conformément à l’évolution de l’indice santé. 

12 629,08 euros bruts par mois 

La seconde pension de Reynders provient de son mandat en tant que commissaire européen, poste qu’il a occupé de 2019 à 2024. Celle-ci s’élève à environ 4500 euros bruts par mois, calculée sur 18 % de son salaire européen, en fonction de son ancienneté. En cumulant ces deux montants, la pension totale de Didier Reynders atteint 12 629,08 euros bruts mensuels a calculé Sudinfo, un chiffre bien supérieur à la moyenne des pensions en Belgique, qui oscille autour de 1600 euros pour les salariés et 1050 euros pour les indépendants. Des montants qui peuvent varier en fonction de l’ancienneté, des cotisations et du statut professionnel.

Si Reynders peut empocher ces deux pensions chaque mois, largement au-delà du plafond imposé, c’est parce que le dispositif ne s’applique pas aux revenus provenant de pensions internationales, comme celles issues d’un poste à l’Union européenne (commissaire européen, député européen, etc.). Cela permet à d’anciens politiciens ayant exercé des fonctions internationales de cumuler des montants dépassant largement les plafonds imposés à leurs collègues restés dans des mandats strictement nationaux. 

Pas le seul

Le cas de Didier Reynders met en lumière une particularité du système de retraite belge. Cette situation n’est pas unique. Des personnalités comme Charles Michel, ancien Premier ministre et actuel président du Conseil européen, ou encore Guy Verhofstadt, ex-premier ministre et député européen, bénéficient ou bénéficieront également de pensions cumulées grâce à leurs carrières internationales. 

En outre, d’autres exceptions permettent à certains hommes politiques d’échapper aux limitations de pension. Par exemple, les présidents de la Chambre bénéficient de bonus de pension, tandis que des députés en place avant 2014 peuvent prétendre à des montants supérieurs à 9000 euros mensuels. Avant cette date, il suffisait de 20 ans de mandat pour bénéficier d’une carrière complète de 45 ans. 

Une réforme nécessaire ? 

Le cas de Didier Reynders relance la discussion sur la justice et la transparence du système de retraite en Belgique. Tandis que la majorité des citoyens doit se contenter de pensions modestes, les montants élevés cumulés par les élites politiques, souvent grâce à des mécanismes d’exception, suscitent frustration et incompréhension. Une réforme des règles de cumul des pensions pourrait s’imposer pour restaurer la confiance dans le système et renforcer son équité.  

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