Heidi Cortois (NN) : “Il faut abolir la préretraite”
La semaine dernière, l’assureur-vie NN a organisé sa “journée des pensions”. Trends s’est entretenu avec l’expert en pensions de NN sur les points à améliorer dans le système belge des pensions.
Sous l’impulsion de la présidence belge de l’Union européenne, d’importantes réunions politiques sur les pensions européennes ont lieu cette semaine. Des experts en pensions de toute l’Europe se rendent dans notre pays pour cette occasion. Trends s’est entretenu avec Heidi Cortois, Chief Commercial Officer de l’assureur-vie NN, sur les réformes dont le système de pension belge a besoin.
Notre système de pension est-il encore suffisamment en phase avec la société ?
HEIDI CORTOIS : “Les règles en matière de pension sont largement dépassées en raison, par exemple, des nouvelles formes de cohabitation ou des carrières. Les employés passent plus souvent qu’avant du statut de salarié à celui d’indépendant ou de fonctionnaire. Une simplification drastique s’impose. Elle doit entre autres abolir la distinction entre ces statuts.”
En Belgique, l’âge détermine encore la carrière de retraite. À juste titre ?
“Là aussi, il faut innover. Il faut supprimer l’âge de la retraite et passer à un système basé sur les années de carrière. Ceux qui travaillent plus longtemps auront une pension plus élevée. Cela permet également aux personnes de faire des pauses au cours de leur carrière, par exemple pour se ressourcer, s’occuper d’un proche ou suivre une formation de longue durée, ce qu’elles pourront ensuite compenser en travaillant plus longtemps. Il faut aussi supprimer la préretraite. Grâce à cette flexibilité, nous augmentons notre qualité de vie.”
Qu’en est-il des pensions complémentaires ? Faut-il les réformer ?
“Une amélioration possible serait de prévoir des solutions de pension complémentaire, dans lesquelles les bénéficiaires recevraient une partie de leurs réserves de pension accumulées sous la forme d’un intérêt mensuel. Aujourd’hui, ils reçoivent ce capital complet à partir de la retraite, mais ce n’est pas toujours la meilleure solution et cela n’offre pas toujours un sentiment de confort financier.”
Pourquoi pas ?
“Le Belge moyen n’a aucune idée du capital nécessaire à la retraite pour maintenir le style de vie souhaité. La plupart des gens sous-estiment leurs frais mensuels lorsqu’ils sont à la retraite et qu’ils vivent longtemps. Il s’agit en moyenne de 3.000 euros. Si on vit jusqu’à 90 ans, on a déjà besoin d’un capital important pour pouvoir couvrir ces frais chaque mois. Les gens n’en sont pas assez conscients et n’en réalisent l’importance que trop tard. Vous pouvez éviter des surprises en versant une partie de la pension complémentaire sous forme d’intérêts mensuels fixes.”
S’ils décèdent peu après leur départ à la retraite, perdront-ils ce capital accumulé ?
“Pour éviter cela, il est conseillé de souscrire une couverture décès qui se prolonge après l’âge de la retraite. De cette manière, vous vous assurez que si vous deviez décéder peu de temps après votre départ à la retraite, le reste de vos réserves accumulées sera laissé à vos proches.”
“Les gens sous-estiment souvent leur espérance de vie et prévoient donc un capital retraite trop faible, mais ils devraient également prendre en compte le risque de mourir plus tôt que prévu.”
La politique peut-elle encourager ce type de pension complémentaire ?
“Avant tout, les responsables politiques devraient encourager les citoyens à connaître et à prendre conscience de leurs pensions et des risques qui y sont associés. Il est également important que le gouvernement encourage l’accumulation d’une pension complémentaire, car avec la seule pension légale, de nombreux Belges ne parviendront pas à joindre les deux bouts. En outre, toutes les solutions de pension complémentaire, qu’il s’agisse de capital ou d’intérêts, devraient bénéficier d’un traitement fiscal égal.”
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