SWIFT ouvre la voie à la concrétisation de l’euro numérique

L'euro digital serait donc comme un billet de banque numérique, basé sur la même technologie blockchain que le bitcoin. © getty images

SWIFT, le système de messagerie qui connecte quasi toutes les banques et institutions monétaires et financières du monde, travaille sur un système d’échange de devises numériques de banques centrales. Il s’agit d’une des étapes les plus importantes dans le développement et l’adoption de ces devises.

Une étape-clé dans l’adoption de l’euro et d’autres devises numériques est la capacité de pouvoir les échanger entre institutions bancaires, et entre pays. Et cette étape est en train de se préparer : SWIFT, le service de messagerie bancaire internationale basé à La Hulpe, dans le Brabant wallon, connectant près de 12.000 institutions financières à travers 200 pays, travaille sur un système d’échange, qui sera intégrée au système financier mondial.

Ce système sera prêt dans les 12 à 24 mois à venir, explique SWIFT à Reuters : “On passe du stade expérimental à quelque chose qui devient une réalité”. Il pourra être adapté en fonction des CBDC (Central Bank Digital Currencies, devises digitales des banques centrales) qui sortent. Sa sortie pourrait aussi être retardée si les projets d’euros, francs, livres ou couronnes numériques sont lancés plus tard.

Test grandeur nature

Un test a déjà eu lieu, retrace SWIFT. Il s’agit d’une des plus grandes expérimentations dans l’histoire du développement des CBDC. Le test a duré six mois et 38 acteurs (banques centrales, banques commerciales et sociétés de règlement de litiges) ont pris part.

Le but était de vérifier la faisabilité des connexions sur une même plateforme. Car ces devises sont développées sur des technologies différentes, chaque banque centrale ayant la sienne. Mais cette interconnexion est essentielle pour la viabilité des CBDC. Sinon, il faudrait créer une connexion entre chaque institution.

SWIFT indique que le test a été une réussite. Il a par exemple montré que même des échanges plus complexes étaient possibles, et que des processus pouvaient être automatisés, ce qui veut dire que le temps et les coûts peuvent être réduits. Autre résultat : les banques peuvent continuer à utiliser leur infrastructure actuelle.

Qu’est-ce que les CBDC ?

Les CBDC sont souvent comparées à des cryptomonnaies, mais elles ne le sont pas vraiment. Elles sont toujours émises par une banque centrale, au nom de la loi. Cela reste un système centralisé. Les cryptomonnaies sont quant à elles créées par des acteurs indépendants et échangés entre pairs, sans instance centrale : c’est le principe de la finance décentralisée. Le seul point en commun qu’il peut y avoir, c’est que des CBDC passent, comme les cryptomonnaies, via une blockchain. Mais pour ces premiers, ce n’est pas un élément essentiel, car d’autres supports sont possibles.

Ces devises numériques ont leurs partisans, qui invoquent notamment des arguments de facilité des transferts, mais aussi leurs critiques. Ces derniers invoquent deux arguments principaux. Premièrement, les CBDC ne changeraient rien pour l’immense majorité des utilisateurs – faire un virement à quelqu’un ou un paiement avec sa carte serait toujours la même chose. Le développement du système demanderait donc beaucoup trop d’efforts, pour aucune amélioration remarquable du côté des clients des banques. L’autre critique invoquée est que les banques centrales gagnent beaucoup plus de contrôle sur les échanges bancaires : les critiques craignent donc que le système puisse servir à “fliquer” les individus et leurs dépenses ou revenus.

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