Les bourses (presque) sens dessus dessous

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Wall Street a connu une de ses pires séances des 9 dernières années ce mardi. Cette dégringolade s’explique essentiellement par la perspective d’une inversion de la courbe des taux. Ce phénomène intrigant pour le non initié constitue une menace pire que la guerre commerciale, le Brexit ou la crise du budget italien aux yeux des marchés.

Le Dow Jones en baisse de 3,1%, le Nasdaq en chute de 3,8% et le Russell 2000 en dégringolade de 4,4%, plus fort repli quotidien depuis plus de 7 ans. La séance de ce mardi a été catastrophique pour les bourses américaines. La semaine avait pourtant plutôt bien commencé avec la trêve commerciale signée entre les États-Unis et la Chine, soit les deux premières puissances économiques mondiales. Il a toutefois suffi que le rendement du Bon du Trésor américain à 2 ans dépasse celui de son homologue à 5 ans pour faire s’effondrer l’édifice. L’écart entre les deux référence à 2 ans et à 10 ans s’est également réduit à 0,12% faisant craindre une inversion majeure de la courbe des taux dans un avenir très proche.

Indicateur de récession le plus fiable

A priori, ce phénomène apparaît assez bénin. Il est certes illogique qu’un placement à 10 ans rapporte moins qu’un autre comparable à 2 ans mais cela semble dérisoire à côté des autres sujets d’actualité. Ce ne sont d’ailleurs pas quelques fractions de pour cent qui inquiètent les marchés mais bien leur symbole. Une inversion de la courbe des taux est en effet considérée comme l’indicateur de récession le plus fiable aux États-Unis. La première inversion recensée a ainsi eu lieu en 1929, annonçant la pire crise de l’histoire moderne pour l’économie mondiale et les marchés financiers. Ensuite, quasiment chaque inversion a prédit son lot de déboires économiques et financiers. La courbe des taux s’est inversée 10 fois depuis 1955 aux États-Unis, précédant (de 6 à 24 mois) les 9 récessions recensées depuis lors avec un “faux positif” en 1966, l’économie américaine avait alors ralenti sans entrer en récession.

Une double indication

Certains économistes ont remis en cause l’utilité de cet indicateur au vu des taux historiquement bas. Une conclusion que ne partagent pas Michael Bauer et Thomas Mertens, chercheurs à la Réserve fédérale de San Francisco. Ils estiment, données à l’appui, qu’il est faux de considérer que “cette fois, c’est différent”. Selon eux, une inversion de la courbe des taux témoigne toujours d’un risque élevé de récession. Si une inversion de la courbe des taux est aussi fiable, c’est qu’elle synthétise deux évolutions majeures pour l’économie. La hausse des taux à court terme, jusqu’à 2 ans, est largement induite par la Réserve fédérale américaine. Si ces taux sont élevés, cela signifie que sa politique est moins accommodante, voire freine la conjoncture. Les taux à plus long terme sont plutôt déterminés par les marchés financiers. Si les taux à long terme sont faibles par rapport à ceux à court terme, cela démontre un intérêt de la part des investisseurs pour les Bons du Trésor américain, valeur refuge par excellence. Cela traduit une certaine méfiance par rapport aux perspectives économiques et aux marchés financiers, risquant de priver l’économie de capitaux frais.

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