Le travail n’est pas toujours un rempart contre la pauvreté
L’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps) explore la corrélation entre la situation professionnelle (emploi, allocations, retraite, etc.) et le niveau de vie. Il en ressort que le travail ne protège pas toujours de la précarité.
L’Iweps s’est basé sur les données de l’enquête SILC 2022 sur le risque de pauvreté ou d’exclusion sociale pour analyser la corrélation entre la situation professionnelle (emploi, allocations, retraite, etc.) et le niveau de vie. Ses conclusions sont publiées dans sa dernière publication “Regards statistiques”. Trois indicateurs clés – le revenu équivalent, la privation matérielle et sociale, et la capacité à gérer son budget – sont utilisés pour cet éclairage.
Bien que le travail soit généralement un rempart contre la pauvreté, il ne l’est pas toujours. Les travailleurs pauvres représentent une part significative de la population, proche de celle des allocataires. Par exemple, parmi les personnes déclarant pouvoir très difficilement boucler leur budget en Belgique, on estime qu’il y a environ 19% de travailleurs (environ 150 000 personnes), 14% de pensionnés (environ 110 000 personnes), 21% d’enfants de moins de 16 ans (environ 160.000 personnes), 9% d’étudiants (environ 70 000 personnes), 8% de personnes au foyer (environ 60 000 personnes), 13% de personnes en incapacité de travail (environ 100 000 personnes), 9% de chômeurs (environ 70 000 personnes) et 8% d’autres inactifs (y compris les personnes au CPAS, estimées à 60 000 personnes).
Précarité du travail
La pauvreté parmi les travailleurs résulte de la précarité du travail (professions peu qualifiées, contrats à durée limitée) et de facteurs externes comme la situation familiale (parent seul, isolement, conjoint inactif).
En comparant les allocataires “pauvres” aux travailleurs “pauvres”, il semble que les premiers vivent dans des conditions légèrement plus difficiles. Cependant, cette comparaison est complexe en raison des corrélations importantes entre les différents indicateurs, indiquant que les avantages des aides sociales pour les allocataires ne semblent pas toujours dépasser la situation des travailleurs pauvres.
L’évaluation du niveau de vie semble plus complète avec des indicateurs non monétaires, comme la propriété de logements sans prêt hypothécaire chez la plupart des pensionnés, et les revenus faibles ne correspondant pas toujours à un niveau de vie similaire chez certains indépendants. Cependant, l’impact de diverses aides sociales sur le niveau de vie ne semble pas évident dans les données, suggérant qu’elles pourraient ne pas suffire à compenser un faible revenu. Ainsi, il est suggéré de ne pas se limiter uniquement à évaluer le niveau de vie en se basant sur le revenu ajusté selon la composition du ménage.
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