L’Arizona touchera donc à l’indexation à deux reprises durant cette législature en 2026 et 2028. Seront concernés les montants au-delà de 4.000 euros bruts. C’est-à-dire le salaire médian.
L’accord budgétaire fédéral a tranché : l’indexation automatique sera revue. Pas de saut d’index, mais un plafond fixé à 4.000 euros bruts, soit le salaire médian à temps plein, comme le rappelle l’économiste Philippe Defeyt. Concrètement, tout le monde conservera une indexation de 2%, mais seulement jusqu’à 4.000 euros. Au-delà, l’augmentation sera forfaitaire, et non proportionnelle au salaire.
Cela signifie qu’un salarié à 4.000 euros sera indexé de 80 euros, tout comme celui rémunéré 5.000, 6.000 euros ou davantage. L’Arizona insiste : la mesure ne sera appliquée que deux fois durant la législature, et vise à introduire une dimension de “solidarité” dans un contexte budgétaire sous pression, selon le vice-Premier ministre Frank Vandenbroucke.
Un impact réel, mais limité
Pour Philippe Defeyt, le dispositif aura un impact net modéré, surtout en proportion. Exemple : pour un salaire de 5.000 euros, l’indexation limitée se traduit par une perte brute de 20 euros, soit -0,39%, et -0,29% en net.
Mais sur un an, en tenant compte du 13ᵉ mois et du double pécule, l’érosion de pouvoir d’achat devient plus visible et progresse avec le niveau de rémunération, jusqu’à 331 euros, pour les salaires de plus de 7.000 euros bruts. Mais les travailleurs au-dessus de 4.000 euros pourraient tenter d’obtenir des compensations via des avantages extra-légaux, moins taxés.

Les PME et secteurs à bas salaires (commerce, HORECA…) seront quasi épargnés : peu de travailleurs dépassent la barre des 4.000 euros. À l’inverse, les secteurs “plus prospères”, note Defeyt, seront davantage concernés.
En outre, l’économiste explique que la réforme qui pourrait accroître la marge salariale dans le prochain AIP (accord inter-professionnel), entre syndicats et patronat.
Une mesure gagnante pour les finances publiques
Autre effet notable : l’indexation plafonnée devrait générer une double économie, pour l’État et les entreprises.
- 883 millions d’euros économisés par an pour le fédéral.
- 800 millions pour les employeurs.
Mais les pertes de cotisations patronales sur la tranche non indexée obligent à un mécanisme de récupération partielle, ce qui introduit “de facto des cotisations patronales légèrement progressives”, observe Defeyt. Une complexité administrative supplémentaire, dit-il.
Les Régions et Communautés, dont les dotations suivent l’indice des prix, sont par ailleurs gagnantes : elles profiteront d’un indice plus élevé que les salaires supérieurs à 4.000 euros.
Une indexation sociale
Dans la communication gouvernementale, l’Arizona rejette l’idée d’un saut d’index et met en avant une indexation sociale. Le nouveau système préserve une hausse automatique pour tous, mais limite la progression des hautes rémunérations.
“En temps de crise, il faut de la solidarité”, a insisté Frank Vandenbroucke.
Pour les allocataires sociaux, toutefois, le plafond est fixé à 2.000 euros. Pas d’indexation au-delà.
Une incertitude
Il est prévu d’appliquer cette indexation plafonnée à deux reprises, en 2026 et 2028. Toutefois, à ce stade, l’accord ne précise rien en cas d’un retour de l’inflation. Dans ce cas de figure, que l’on a bien connu récemment, il y aurait en effet plusieurs dépassements de l’indice pivot, et donc, pour certains, plusieurs indexations.
Au-delà des chiffres, cette réforme illustre le compromis trouvé au sein d’un gouvernement qui veut afficher sa rigueur budgétaire tout en évitant le symbole explosif d’un saut d’index. À court terme, la moitié des salariés seront concernés. À long terme, l’Arizona cherche à modérer la dynamique salariale, dans une Belgique où l’indexation automatique reste un pilier social sensible et scruté.