Faire ses courses aux Pays-Bas n’est plus si intéressant
Pendant longtemps, faire ses courses aux Pays-Bas pouvait être une bonne affaire, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Voici pourquoi.
L’époque ou faire ses courses coûtait moins cher aux Pays-Bas n’est plus qu’un souvenir. Certains produits sont même deux fois plus chers qu’en Belgique. Selon de De Morgen, alors qu’il y a deux ans la Belgique était le pays le plus cher de la région, la situation s’est inversée l’année dernière. Et ce changement doit tout au fait qu’il existe depuis quelque temps en Belgique une concurrence féroce entre les différents supermarchés. Soit depuis que des « briseurs de prix », comme Albert Hein ont osé s’attaquer à la garantie du prix le plus bas de Colruyt. A cela s’est ajouté l’hyperinflation qui a poussé les consommateurs à plus faire attention au prix. Depuis quelques mois donc, le prix est plus que jamais la préoccupation principale des supermarchés. Aldi, par exemple, clame avoir réduit le prix de plus de 500 produits depuis le début de l’année. Lidl a imité son concurrent et promis des baisses de 3 à 34% sur 250 produits. Sans oublier Colruyt et Albert Heijn dont le business model est basé sur cet argument. Carrefour n’a pas échappé à la règle et s’est inspiré de ce qui se passait en France pour proposer successivement des baisses de prix ou des produits à moins de 1 euro.
Blocage géographique
Mais comme le fait encore remarqué De Morgen, ce n’est pas le seul élément qui a joué. Le geoblocking, soit le blocage géographique, a lui aussi fait grimper les prix. Le principe est relativement simple. Des fournisseurs de grandes marques internationales peuvent exiger que les chaînes de supermarchés n’achètent que des produits locaux. Ils ne peuvent donc pas s’approvisionner dans d’autres pays ou le même produit est vendu moins cher. Ce genre de blocage concernerait 2 à 4 % des marchandises aux Pays-Bas avec pour conséquence un prix d’achat plus élevé d’en moyenne 10 %. Ce genre d’interdiction fait néanmoins tiquer de nombreux acteurs puisque c’est un obstacle à la libre circulation.
Autre fait relativement nouveau, les négociations entre fournisseurs et distributeurs ne semblent plus être limitées à une seule période, mais deviennent de plus en plus permanentes. Tant les distributeurs que les fournisseurs industriels ont un intérêt à renégocier. Les baisses ne sont donc plus une fois par an, mais se font tout au long de l’année. Toute cette concurrence a eu pour résultat que l’inflation des denrées alimentaires a été moins marquée en Belgique que chez nos voisins du nord, mais aussi en France.
La France, toujours un pays discount pour les Belges ?
S’il n’est aujourd’hui plus aussi intéressant de faire ces courses aux Pays-Bas, ce n’est, pour l’instant, pas encore le cas de la France. Un pays où les prix restent moins chers pour de nombreux produits.
Premièrement pour une raison d’échelle, puisque les supermarchés en France peuvent acheter en plus grande quantité et donc obtenir des prix plus intéressants. Le coût d’exploitation y est aussi moins élevés puisque les étiquettes ne doivent pas être rédigées en trois langues comme en Belgique. Tout cela sans parler des taxes belges qui peuvent être à la fois régionales, communales, provinciales et fédérales. Ensuite le gouvernement français est également intervenu pour maintenir les prix à un niveau bas et favoriser tout ce qui est français, par exemple avec de faibles taxes sur le vin. Enfin, le gouvernement suit de près l’évolution des prix de l’alimentation via la loi Egalim qui encadre les relations entre les industries agroalimentaires et la grande distribution avec des négociations annuelles. A sa demande, ces négociations ont été avancées au 15 janvier, au lieu du 1er mars. Le but est de faire baisser les prix des produits alimentaires en tenant compte des baisses constatées sur des matières premières. Et cela n’a rien d’anodin puisqu’une majorité de produits dans les supermarchés français sont concernés par ces négociations annuelles. A ceci près que, pour Les Echos, la loi Egalim et sa farandole de réglementations ont au contraire « remonté le ressort de la machine infernale de l’inflation alimentaire et les multinationales ont effacé le résultat d’une décennie de guerre des prix ». Pour preuve, en France, l’inflation alimentaire poursuit son chemin. Comme le précise encore les Echos, en un an, elle s’élève à 9 %, sur deux à 21 %. Et tous les professionnels sont unanimes « les étiquettes ne reviendront pas à ce qu’elles étaient au début de l’année 2022 ». L’écart des prix entre la France et la Belgique pourrait donc s’amenuiser dans les prochains mois.
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