Les sous-performances structurelles du Bel 20

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A nouveau à la traîne de la tendance mondiale, l’indice bruxellois présente aujourd’hui une valorisation plus attractive. Il est toutefois hasardeux de miser sur un rebond, le Bel 20 souffrant de défauts structurels.

Alors que les marchés boursiers mondiaux ont retrouvé le sourire au premier semestre, le Bel 20 fait plutôt grise mine. A l’heure d’écrire ces lignes, notre indice national affiche en effet un repli de plus de 6% en 2023. A des années-lumière de l’envolée de près de 40% du Nasdaq 100, boosté par les géants technologiques et le boom de l’intelligence artificielle (IA). Même les autres marchés européens tirent bien mieux leur épingle du jeu, à l’image du Cac40 parisien ou de l’indice continental Stoxx 600.

Pour expliquer cette sous-performance du Bel 20, il est tentant de chercher une explication du côté de l’exposition sectorielle. Certaines activités sont en effet traditionnellement surreprésentées, comme l’immobilier actuellement avec Aedifica, Cofinimmo et WDP.

Mais ce n’est pas le cas cette année. Quatorze valeurs affichent en effet une baisse depuis le 1er janvier, et les six en territoire positif affichent des gains limités à moins de 10%. Melexis (+9,57%), meilleure entreprise du Bel 20, fait ainsi moins bien qu’InterContinental Hotels (+10,08%) qui figure à la 200e place du classement 2023 du Stoxx 600 Europe.

Ce sont en fait surtout les secteurs manquants qui ont pesé sur la performance moyenne de l’indice bruxellois: sous-pondéré en valeurs technologiques (Melexis et Barco pèsent moins de 4% de l’indice), absence d’un secteur porteur comme le luxe sur Euronext Paris, pas de valeur liée au tourisme qui affiche un gain de plus de 20% depuis le début de l’année en Europe.

Scandales et déceptions

Le deuxième élément expliquant la contre-performance du Bel 20 est l’actualité négative d’une série d’entreprises de l’indice. AB InBev, poids lourd du Bel 20 avec une pondération de 12%, a ainsi décroché en mai à la suite d’une polémique aux Etats-Unis. Bud Light, sa marque phare outre-Atlantique, a noué un partenariat avec l’influenceuse transgenre Dylan Mulvaney. La frange conservatrice a réagi par un boycott qui a fait perdre à Bud Light sa place de bière la plus vendue aux Etats-Unis le mois dernier.

Dans un tout autre registre, Sofina n’a pas profité du retour en grâce des valeurs technologiques, bien représentées dans le portefeuille du holding. En cause, notamment, son importante participation dans Byju’s: le leader indien de l’e-learning a besoin de capitaux frais (un milliard de dollars selon Bloomberg) et est la cible d’enquêtes (flux financiers suspects et fraude fiscale).

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Malgré une performance positive, Solvay a également déçu. Le groupe chimique avait très bien commencé l’année (+15% en janvier-février), son projet de scission devant permettre une revalorisation de ses activités. Les détails de l’opération dévoilés au printemps ont toutefois déçu, notamment par rapport au risque d’une hausse des charges d’intérêt.

Mauvais timing

Enfin, comment ne pas évoquer le très mauvais timing du Bel 20. En mars, Euronext a annoncé que Colruyt quitterait l’indice après 30 ans de présence ininterrompue. Depuis son éviction le 20 mars, le distributeur a bondi de 37% en Bourse.

Autre exemple, VGP a intégré le Bel 20 en mars 2022 et a chuté de 64% jusqu’à son éviction en mars 2023. Depuis, la société immobilière a rebondi de 17%. Melexis a été intégré ou évincé du Bel 20 chaque année depuis 2021 et a connu sa meilleure performance la seule année où il n’en était pas membre.

Une situation qui est historiquement assez courante. De façon simplifiée, les entreprises flirtant avec l’indice y sont reprises les bonnes années quand leurs résultats sont orientés et en ressortent après une période plus difficile.

Opportunités

Après cette période mitigée, le Bel 20 offre-t-il des opportunités? Oui selon les analystes. Au total, 10 valeurs bénéficient de recommandations majoritairement à l’achat et affichent un potentiel d’appréciation allant de 19% à 56%.

Certains ratios de valorisation sont effectivement très attractifs. Par exemple, AB InBev cote 15 fois les bénéfices réalisés contre un multiple de 20 pour Heineken. Même en dévalorisant Byju’s à zéro, Sofina affiche une décote de 26% par rapport à sa valeur intrinsèque selon Kris Kippers de Degroof Petercam. Aedifica affiche un rendement de dividende net de 5,3% selon le coupon prévu pour 2023 (3,80 euros brut).

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Ne perdons toutefois pas de vue cette célèbre citation de John Maynard Keynes: “les marchés peuvent rester irrationnels plus longtemps que vous ne pouvez rester solvable”. Dans le cas présent, une valorisation fondamentale attractive n’est pas forcément synonyme de hausse boursière, surtout en l’absence d’élément déclencheur comme une opération stratégique ou des prévisions (largement) meilleures qu’attendu.

Prudence

Une certaine prudence est donc de mise, d’autant plus que le Bel 20 présente un historique peu engageant. Depuis son sommet de mai 2007, l’indice bruxellois affiche une perte de près de 25%. Une contre-performance structurelle qui résulte avant tout du poids important des valeurs bancaires lors de la crise de 2008 et de sa faible exposition aux valeurs technologiques.

Le Bel 20 rassemble bien quelques valeurs biotechnologiques, mais ce segment est plus risqué. Les biotechs ont effet généralement encore beaucoup à prouver, notamment d’un point de vue commercial. Ce qui se traduit par des performances extrêmes. Depuis son entrée dans le Bel 20 en juin 2018, Argen-X a ainsi plus que quadruplé alors que son homologue Galàpagos a sombré de 60% durant la même période.

Le deuxième élément pesant durablement sur le Bel 20 est un vivier d’actions relativement étriqué. Des valeurs en perte de vitesse structurelle, comme Proximus et Galàpagos, y sont ainsi maintenues faute de remplaçants. En termes de capitalisation boursière, Azelis et Lotus Bakeries pourraient certainement les remplacer. Mais ces deux groupes souffrent de volumes d’échange limités étant donné que moins de la moitié de leurs actions sont négociables en Bourse.

Investir mondialement

Le Bel 20 ne constitue ainsi absolument pas un portefeuille suffisamment solide et diversifié. Si vous souhaitez investir en actions pour profiter de leur potentiel de rendement supérieur à long terme, il est indispensable d’élargir vos horizons. Ce qui vous offre également une certaine protection patrimoniale. En effet, habiter, travailler et investir en Belgique vous expose à une importante concentration géographique.

Ce que vous pouvez limiter en investissant par exemple dans le MSCI World. Rassemblant plus de 1.500 grandes entreprises cotées sur 23 marchés développés, il constitue une véritable référence mondiale. Un fonds indiciel comme l’iShares Core MSCI World UCITS ETF (Euronext Amsterdam, ISIN: IE00B4L5Y983 ; IWDA ; frais annuels de 0,20%) vous permet d’investir facilement et à moindre coût dans le MSCI World.

A noter qu’il existe de nombreuses versions du MSCI World selon que vous préférez vous concentrer sur les entreprises de qualité (MSWI World Quality), les dividendes élevés (MSCI World High Yield) ou les faibles valorisations (MSCI World Value) notamment. Xtrackers et iShares proposent des ETF indiciels sur ces différentes variantes.

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