Le potentiel du biotech va devenir évident

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Le secteur des fonds exposés aux biotechs a montré des écarts de performance significatifs durant les trois dernières années. Les avancées attendues dans différents domaines thérapeutiques sont toutefois significatives, et susceptibles de soutenir la croissance durant la prochaine décennie.

Le mois d’avril 2023 a été l’occasion de fêter deux anniversaires importants pour le secteur de la biotechnologie: la découverte de la structure en double hélice de l’ADN (1953) et la cartographie du génome humain (2003). “Ces deux découvertes ont permis de tracer la voie pour réaliser des innovations majeures”, explique Linden Thomson, gestionnaire du fonds Axa IM Wave Biotech. “Innovations qui ont à leur tour attiré les investisseurs en dépit d’une volatilité parfois importante”, poursuit-elle.

Aujourd’hui, une grosse poignée de fonds permettent de s’exposer sur les valeurs du secteur biotech (voir ci-dessous). Ces produits sont généralement relativement bien diversifiés (entre 55 et 95 positions) avec une large domination des Etats-Unis, qui représentent en moyenne plus de 80% des encours. L’analyse des portefeuilles permet toutefois de constater que ces produits prennent souvent des paris importants sur les valeurs du top 10, qui pèsent entre 33% et 50% des actifs sous gestion.

Correction significative

Les deux dernières années ont été particulièrement difficiles pour le secteur. Depuis le sommet atteint en février 2021, l’indice S&P Biotech s’est ainsi effondré de près de 50%, après avoir abandonné un temps plus de 60%. Les raisons de cette mauvaise passe sont à rechercher dans l’euphorie qui avait suivi la découverte des différents vaccins anti-covid (et qui avait poussé les valorisations sur des niveaux très élevés) et par des changements à la tête de l’administration américaine des médicaments (FDA), qui ont ralenti le rythme d’approbation de nouvelles molécules.

Comme tous les secteurs qui se reposaient sur les taux bas (notamment par le biais d’émissions d’obligations convertibles), le biotech a été touché par le retour de l’inflation. Enfin, l’intervention des autorités de la concurrence américaine (FTC) pour bloquer l’acquisition d’Horizon Therapeutics par Amgen a également constitué une mauvaise nouvelle.

Ecarts de performance

A l’image des actions dans lesquelles ils investissent, les fonds biotechs se démarquent par les écarts de performance significatifs sur pratiquement toutes les échéances. Depuis le début de l’année 2023, l’écart entre le meilleur et le plus mauvais fonds atteint près de 12%. Et sur une période de trois ans, en principe susceptible de davantage lisser les écarts de performances, l’écart de performance annualisé atteint même 20%.

Andy Acker
Andy Acker (Janus Henderson Horizon Biotechnology) © PG

En tête des performances sur toutes les échéances, nous trouvons Janus Henderson Horizon Biotechnology géré par Andy Acker, qui présente la particularité d’être celui qui privilégie le plus les petites et moyennes capitalisations avec une volatilité également très supérieure à celle des autres fonds notés cinq étoiles chez Morningstar.

“La biotechnologie est un des secteurs les plus dynamiques sur lequel investir. Après les deux années difficiles, les valorisations sont retombées à des niveaux attractifs”, d’autant que les performances commerciales ont continué d’être excellentes avec des ventes en progression de 12% en 2022.

“Six des dix médicaments les plus vendus dans le monde sont issus de la biotechnologie, y compris le plus important, l’anti-inflammatoire Humira, constate Rudi Van Den Eynde, gestionnaire du fonds Candriam Equities L Biotechnology. La corrélation du secteur est faible par rapport au marché boursier dans son ensemble car les hauts et les bas des cycles économiques ont peu d’influence sur la réussite ou l’échec du développement d’un médicament. A cet égard, et au vu du potentiel de croissance de nombreuses sociétés, les valorisations ne semblent clairement pas déraisonnables.”

Avancées significatives

Pour 2023, ce ne sont pas moins de 75 nouveaux traitements qui attendent une décision de la FDA. “La plupart des produits en développement représenteront des nouveaux cycles pour des grandes catégories thérapeutiques (cancer, obésité, Alzheimer, diabètes, hémophilie, etc.), ce qui offre des perspectives de croissance significatives pour la prochaine décennie”, poursuit le gestionnaire. Pour Andy Acker (Janus Henderson), “les valorisations des biotechs au cœur de ces avancées sont encore loin de refléter ce potentiel de croissance, et cette anomalie va devenir de plus en plus difficile à ignorer.”

Rudi Van Den Eynde
Rudi Van Den Eynde (Candriam Equities L Biotechnology) © PG

Linden Thomson, gestionnaire d’Axa IM Wave Biotech, précise que 325.000 documents scientifiques ont été publiés en 2022 pour le domaine de la génétique. “Ceci montre le volume de travail actuellement réalisé dans ce domaine. Plus d’un million de maladies ont été identifiées comme étant d’origine génétique, dont entre 5.000 et 8.000 provoquées par une seule mutation. Pas moins de 180 traitements ont été approuvés aux Etats-Unis, visant spécifiquement une mutation génétique à l’origine d’un cancer.”

“Les développements rapides dans le séquençage du génome ont fortement réduit le temps et le coût de développement des médicaments, poursuit Linden Thomson. Alors qu’une centaine d’années ont été nécessaires pour découvrir le gène à l’origine de l’amyotrophie spinale, et qu’une vingtaine d’années supplémentaires l’ont encore été avant qu’un traitement ne soit disponible, les malades disposent aujourd’hui de trois traitements efficaces contre cette maladie rare et souvent fatale”. La rapidité dans le développement de vaccins contre le Covid-19 est une autre preuve de la vitesse à laquelle le secteur bouge actuellement.

Attrait pharmaceutique

En dépit de l’intervention de la FTC dans le dossier Amgen/Horizon Therapeutics, les gestionnaires de fonds estiment que les fusions et acquisitions vont rester au cœur de la performance du secteur. Les grands groupes pharmaceutiques font encore face à de nombreuses pertes de brevets durant les prochaines années (160 milliards de dollars pour les cinq prochaines années), et resteront donc intéressés par l’achat de traitements efficaces et commercialisés (ou en passe de l’être). D’autant qu’ils disposent de moyens financiers importants, estimés à 500 milliards de dollars, pour réaliser des acquisitions. “La combinaison de valorisation faible et d’innovation thérapeutique est attractive pour les groupes pharmaceutiques, qui ont parfois offert des primes allant jusqu’à 100% du cours durant les derniers mois”, indique Andy Acker.

“Contrairement aux groupes pharmaceutiques classiques, les biotechs sont moins exposées à la concurrence des génériques en raison de leur complexité scientifique intrinsèque et de la nécessité d’organiser des essais cliniques coûteux.” Pour Rudi Van Den Eynde, ceci explique largement l’omniprésence des opérations de fusions et acquisitions constatée dans le secteur.

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