Le patrimoine financier des Belges bat un record : êtes-vous riche, pauvre ou dans la moyenne ?

Le patrimoine financier cumulé des Belges a atteint 1.264,4 milliards d’euros pour l’année 2024, un record absolu. Mais au fond, c’est quoi, être riche, de la classe moyenne, ou pauvre ?

Selon Statbel, 12,3 % des Belges vivent sous le seuil de pauvreté – soit 1,45 million de personnes. Pour un adulte seul, ce seuil est fixé à 1.450 euros nets par mois. Pour un ménage avec deux enfants, il est de 3.045 euros, rapporte De Standaard.

Juste au-dessus du seuil de pauvreté, on trouve la « classe moyenne inférieure ». « Ces personnes disposent d’un revenu familial situé entre 60 % et 80 % du revenu médian », explique au Standaard le sociologue Geert Schuermans, auteur du livre De achterblijvers (ndlr: “Les laissés-pour-compte”) consacré à la classe moyenne inférieure. Le revenu médian – c’est-à-dire le montant au-dessus duquel se situe la moitié de la population, et en dessous duquel se trouve l’autre moitié – s’élève en Belgique à 2.416 euros nets par mois pour un ménage, selon l’enquête EU-SILC de 2023.

« Si votre revenu familial net se situe entre 80 % et 120 % de ce montant (entre 1.933 euros et 2.900 euros par mois, ndlr), vous faites partie de la classe moyenne centrale. Entre 120 % et 200 % (entre 2.900 et 4.833 euros nets par mois, ndlr), vous appartenez à la classe moyenne supérieure. Et si vous gagnez plus du double du revenu médian, vous êtes considéré comme riche. »

Les calculs doivent cependant se faire par ménage. Un célibataire qui gagne 1.700 euros par mois n’a en effet pas le même niveau de vie qu’un couple qui gagne ensemble 3.400 euros note le quotidien flamand. Les charges fixes sont souvent partagées. Dans ces calculs, le deuxième adulte compte pour 0,5 et chaque enfant pour 0,3.

Concrètement, quand est-on considéré comme “riche”?

  • Une personne seule doit gagner 4.833 euros nets/mois pour être considérée comme riche.
  • Un couple sans enfants : 7.250 euros nets/mois (3.625 euros chacun).
  • Un couple avec deux enfants plus âgés (avec des charges proches d’un adulte) : environ 6.000 euros nets chacun pour faire partie du top des revenus.

Voici les tranches de revenus pour une personne seule

La grande majorité des Belges – près de 80 %, selon les sociologues – évolue dans ce qu’on appelle la “classe moyenne”. Un concept flou mais rassurant. Peu s’identifient comme riches, même lorsqu’ils en ont les attributs financiers. « Des couples avec deux diplômes universitaires et deux revenus à temps plein atteignent rapidement les tranches supérieures, mais refusent de se considérer comme riches », souligne Ive Marx, économiste spécialisé en inégalités à l’Université d’Anvers dans De Standaard. Il faut dire que richesse ne rime pas toujours avec confort : inflation, fiscalité, coût du logement ou des crèches viennent grignoter les marges.

Le patrimoine, juge ultime de la richesse

Le revenu n’est qu’une partie de l’équation. Ce qui détermine vraiment la richesse, c’est le patrimoine. Et de ce point de vue, la Belgique joue dans la cour des grands. En 2022, la BCE classait les ménages belges parmi les plus riches d’Europe, avec un patrimoine net médian de 242.400 euros, bien au-dessus de la moyenne de la zone euro (123.500 euros). Cela découle de l’amour des Belges pour la brique : 72,4 % des ménages sont en effet propriétaires de leur logement, contre 61,7 % dans le reste de la zone euro.

Mais la médaille a son revers. La World Inequality Database, développée entre autres par l’économiste français Thomas Piketty, a réalisé pour chaque pays des calculs sur la manière dont les richesses sont réparties entre les citoyens. Il en résulte qu’un Belge sur cinq possède moins de 10.000 euros de patrimoine net, tandis que le top 5 % détient plus de 700.000 euros par personne. Le top 1 % démarre à 1,86 million d’euros nets par personne, dettes déduites.

Un bouclier face à l’incertitude institutionnelle.

Ce paradoxe belge intrigue les économistes. Comment expliquer cette richesse privée, dans un pays aux finances publiques fragiles ? Pour Ive Marx, la réponse est à chercher dans la défiance croissante vis-à-vis de l’État. « Les Belges capitalisent parce qu’ils ne croient plus entièrement que l’État pourra continuer à assumer ses obligations : pensions, soins de santé, enseignement. » En d’autres termes : le patrimoine est vu comme un bouclier face à l’incertitude institutionnelle.

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