Epargnants, ménages : attention, les taux partent dans tous les sens !


Mauvaise nouvelle pour les ménages qui épargnent et envisagent d’acheter une maison. Tandis que la BCE baisse à nouveau ses taux directeurs, lesquels influencent la rémunération du compte d’épargne, les taux longs, qui servent eux de référence pour les prêts hypothécaires, s’envolent.
C’est un peu le scénario du pire pour les jeunes qui épargnent en prévision de l’achat d’une maison ou d’un appartement. Coincés, entre deux feux : ils sont désormais pris en étau entre des taux à court terme qui continuent de baisser sous l’effet du desserrement monétaire de la BCE et des taux longs qui flambent sur les marchés en réaction aux annonces faites sur le terrain des investissements dans la défense.
Sans surprise, la gardienne de l’euro a en effet décidé ce jeudi d’abaisser pour la cinquième fois d’affilée ses taux directeurs. Après avoir descendu le coût du crédit d’un nouveau cran de 0,25 point de pourcentage, son taux de dépôt atteint désormais 2,5 %, son niveau le plus bas depuis février 2023.
A l’inverse, et dans le même temps, les marchés ont réagi vivement à l’annonce du bazooka budgétaire en provenance du nouveau gouvernement allemand souhaitant lever le «frein à l’endettement, avec à la clé les dépenses d’armement à venir et un paquet d’infrastructures d’environ 500 milliards d’euros : le rendement des obligations allemandes à 10 ans a ainsi bondi de plus de 30 points de base pour atteindre 2,79 %. La plus importante hausse journalière depuis les années 1990, selon Bloomberg. Quant au rendement des obligations de l’État belge à dix ans (OLO), il a fortement grimpé hier a pour atteindre 3,39 %.
Bref, cela part dans tous les sens…
Epargne encore moins rémunérée
Hélas, le scénario ne constitue pas une bonne nouvelle pour les épargnants. Pourquoi ? D’abord parce le taux des livrets d’épargne est principalement déterminé par le taux des banques centrales, en particulier la BCE, plutôt que par le taux du marché obligataire.
Comme le rappelle dans le Standaard de ce vendredi l’économiste d’ING Belgique, Peter Vanden Houte, on peut dès lors clairement s’attendre à ce que la baisse des taux de la BCE entraîne une (nouvelle) diminution des taux sur les livrets d’épargne, qui devraient être encore moins rémunérateurs à l’avenir. Les baisses de taux successives de la maison de Francfort ont d’ailleurs déjà eu un impact sur la plupart des offres, qu’il s’agisse des grandes banques ou des challengers de l’épargne.
Ces derniers mois, les baisses se sont multipliées quasiment partout, dans toutes les banques. Dernièrement encore, plusieurs enseignes (ING, BNP Paribas Fortis, MeDirect…) ont réduit les taux de leurs livrets. Résultat, une bonne partie des comptes d’épargne offre désormais un rendement inférieur à 1 %, prime de fidélité comprise.
Prêts hypothécaires plus chers
A l’inverse, les taux d’intérêt à long terme (OLO) servent, eux, de référence pour fixer les prêts hypothécaires à taux fixes. Mais plutôt que de suivre, comme c’est le cas en temps normal, la tendance des taux à court terme, ils sont actuellement fortement à la hausse. Merci pour l’effet ciseaux…
Car comme l’explique l’économiste à la banque CBC Bernard Keppenne, dans son blog matinal, “il est évident qu’une injection massive de capitaux dans l’économie européenne aura un impact inflationniste, ce qui explique pourquoi les anticipations d’inflation en zone euro ont très fortement bondi depuis deux jours, et que la remontée des taux longs en zone euro est évidemment aussi liée à cette hausse des anticipations.”
Ce faisant, la traduction est évidente pour les candidats emprunteurs : “La hausse des taux d’intérêt à long terme va exercer une pression à la hausse sur les taux hypothécaires, qui étaient très stables ces derniers mois”, entrevoit Peter Vanden Houte.
Bon pour les banques
En revanche, les banques se frottent les mains. Et pour cause : faut-il le rappeler, le métier classique d’une banque est de récolter des dépôts d’épargne à court terme pour octroyer des crédits aux ménages et aux entreprises à long terme. Dit autrement : plus la courbe de taux est pentue, mieux c’est pour votre banquier.
En effet “la situation d’une hausse des taux d’intérêt à long terme et d’une baisse des taux à court terme est généralement favorable aux banques”, reprend Peter Vanden Houte, dans les colonnes du Standaard. Elles bénéficient d’une courbe des taux plus pentue, c’est-à-dire un écart croissant entre les taux à court et à long terme. Les banques se financent principalement par les dépôts d’épargne, sur lesquels elles paient un taux d’intérêt court, qui est actuellement en baisse, tandis qu’elles prêtent surtout à long terme, comme pour les prêts hypothécaires.”
Conclusion, ajoute l’économiste d’ING : “Sachant que leur revenu provient essentiellement de la différence entre ces taux : plus cet écart est grand, plus leur bénéfice augmente.”
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