Dépenser la totalité de ses revenus sans épargner n’est pas un signe de pauvreté

tirelire cochon épargne
© Getty Images
Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Un quart des ménages belges dépensent la totalité de leur revenu sans mettre d’argent de côté. Un signe de pauvreté? Pas forcément, selon une étude de la KULeuven, qui dévoile des chiffres surprenants: la plupart de ces ménages seraient en réalité plutôt bien nantis…

En 2022, les Belges ont épargné en moyenne 12,5% de leurs revenus, selon les derniers chiffres de la BNB. En 2001, ce chiffre était encore de 18,1%. On le voit: l’épargne tend à diminuer au fil des ans. Au total, un quart des ménages ne mettraient pas du tout d’argent de côté. Mais derrière cette moyenne se cache une grande variété de profils. L’économiste Laurens Cherchye et ses collègues Bram De Rock et Frédéric Vermeulen ont dressé le portrait de ceux qu’on appelle les « hand-to-mouth consumers ».

Leur constat est surprenant: 80% des ménages qui dépensent la quasi-totalité de leur revenu à la fin du mois sont considérés comme « riches ». Ne pas avoir un centime d’épargne ne serait donc pas forcément un gage de pauvreté.

Être riche et vivre au jour le jour

Les « hand-to-mouth consumers » sont des familles qui vivent au jour le jour, qui utilisent tout leur salaire immédiatement, et qui disposent de peu de liquidités (c’est-à-dire d’argent rapidement disponible). Jusqu’à aujourd’hui, on pensait que ces ménages avaient de faibles revenus, et qu’ils étaient donc financièrement précarisés. Or, c’est loin d’être le cas. Du moins, pour 80% d’entre eux.

Les trois économistes ont en effet distingué deux types de ménages qui n’épargnent rien du tout:

  • Les familles pauvres: faibles revenus et absence de patrimoine;
  • Les nantis: revenus élevés et patrimoine non liquide relativement important, pour lequel des dettes ont été contractées (ex: bien immobilier).

La différence majeure entre les deux groupes, c’est que les plus nantis sont pour la plupart propriétaires d’un bien immobilier. Leur situation peut donc changer au fil du temps, contrairement à celle des plus précarisés. Les consommateurs pauvres et sans patrimoine non liquide sont très vulnérables puisqu’ils ne disposent d’aucun actif à vendre en cas de pépin. À l’inverse, les consommateurs « riches », même s’ils n’ont plus un centime à la fin du mois, se constituent une réserve. Parce qu’ils remboursent leur propre maison. À la fin du prêt hypothécaire, ils auront donc la possibilité de devenir des épargnants.

Quid en cas de hausse de revenus?

Et ce n’est pas une augmentation – temporaire ou définitive – de revenus qui va bouleverser les habitudes des Belges. Les recherches montrent que toute hausse de salaire est consacrée à une
consommation plus élevée, et non à l’épargne.
En d’autres termes, les plus nantis dépenseront immédiatement ce bonus financier.

De manière générale, ceux qui ont un prêt immobilier en cours utiliseront cet argent pour rembourser leur maison. D’autres investiront plutôt cet argent dans leur épargne-pension ou dans une assurance-vie. Ainsi, même sans économies en poche, ils ont un bagage financier à ne pas sous-estimer.

La Belgique, dans la moyenne

Par rapport aux autres pays occidentaux, la Belgique se situe dans la moyenne. Au Royaume-Uni et aux États-Unis, 35% des ménages ne parviennent pas à épargner, tandis qu’en Australie, en France et en Espagne, cette proportion est de 20%.

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