En 2025, l’âge de la retraite passe à 66 ans: comment adoucir sa fin de carrière
En 2025 l’âge légal de la retraite passe à 66 ans. Pas de chance pour ceux qui auront 65 ans l’année prochaine. Les règles de la « retraite anticipée » restent cependant inchangées, rendant cet âge légal surtout théorique.
Il y a dix ans, le gouvernement Michel Ier décidait de relever l’âge légal de la retraite de 65 à 66 ans à partir de 2025 et à 67 ans à partir de 2030. Concrètement, à partir du 1er janvier, les Belges nés en 1960, 1961, 1962 et 1963 devront travailler légalement un an de plus. Et pour tous ceux nés en 1964 ou plus tard, ce sera même deux ans de plus.
Selon le Service fédéral des pensions, ce relèvement de l’âge légal de la retraite ferait passer le nombre de nouveaux retraités en 2025 de 160.000 à 80.000. La mesure devrait donc réduire de moitié les nouveaux pensionnés cette année-là. Toujours selon le Service des pensions, l’effet serait surtout temporaire, puisqu’il se ferait principalement ressentir pendant les années de transition. L’âge légal a néanmoins une réelle fonction psychologique : le relever permet de déplacer le curseur. Une fois l’idée intégrée, il deviendra normal de travailler jusqu’à 66 ou 67 ans.
L’âge de la pension : une donnée surtout théorique
Si, pour une partie des futurs pensionnés, il y aura effectivement un décalage d’un an, il est cependant difficile de prédire l’effet exact de cette mesure. Le relèvement mécanique de l’âge de départ à la pension n’a qu’un effet partiel : seule la moitié des travailleurs concernés environ reste au travail jusqu’à cet âge. En Belgique, l’âge légal de la retraite est presque une donnée théorique. Si certains continuent de travailler après, ils sont loin d’être majoritaires. Au-delà de 65 ans, le taux d’emploi n’est que de 6 %. La réalité montre surtout que la plupart des Belges cessent de travailler avant l’âge légal.
Perte d’envie de travailler
Les raisons de ces départs précoces du marché du travail sont en partie à chercher chez les employés eux-mêmes. Une récente étude menée par Securex, spécialiste des services RH, révèle que 80 % des Belges estiment ne pas pouvoir tenir jusqu’à 66 ans. La majorité souhaiterait partir à 63,2 ans, créant un écart moyen de 2,8 ans avec l’âge légal. Pour 30 %, cet écart peut atteindre jusqu’à cinq ans. Ce qui ressort de l’étude, c’est que la perte d’envie de travailler constitue un frein majeur. Mais la faute n’est pas uniquement à imputer aux employés : les entreprises ont aussi un rôle important à jouer pour motiver leurs équipes en renforçant l’engagement.
Les entreprises ont trop longtemps tout fait pour pousser les employés plus âgés vers la sortie
Pendant des années, les entreprises belges ont tout fait pour pousser les gens dehors prématurément, préférant se débarrasser des employés de plus de 55 ans plutôt que de les motiver. Mais les temps changent, et le vieillissement des actifs s’accélère. Actuellement, 11,5 % des travailleurs belges ont 60 ans ou plus, et cette tranche d’âge a augmenté de 60 % sur le marché du travail en cinq ans. C’est plus dû à un contexte qui a radicalement changé qu’à l’âge de la pension qui augmente. Les entreprises font face à la guerre des talents et à une pénurie de main-d’œuvre, modifiant profondément le marché du travail. Aujourd’hui, non seulement elles n’hésitent plus à engager des profils de plus de 55 ans, mais elles multiplient aussi les dispositifs pour garder leurs seniors, en leur proposant par exemple un travail adapté et faisable. Dans les faits, ce rehaussement de l’âge légal de la pension ne change donc pas grand-chose. Il ne devrait pas servir d’épouvantail, car de nombreux dispositifs permettent d’adoucir la fin de carrière.
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Quelques dispositifs pour adoucir sa fin de carrière
- Le crédit-temps de fin de carrière
Le crédit-temps de fin de carrière permet aux salariés, à partir de 55 ans (dans certains secteurs, cet âge est abaissé à 50 ans), de réduire leurs prestations à 4/5e ou à mi-temps jusqu’à leur pension. Il faut disposer d’une carrière d’au moins 25 ans, avoir au moins deux ans d’ancienneté chez l’employeur actuel et avoir été occupé dans le régime de travail imparti pendant les 24 mois précédents. L’effet est neutre sur la pension dès que l’on touche une allocation de l’ONEM. Certaines entreprises ajoutent une indemnité mensuelle supplémentaire. - La prépension
La prépension existe toujours, même si l’on parle désormais de RCC (régime de chômage avec complément d’entreprise). Depuis 2024, hommes et femmes doivent avoir 62 ans et 40 années de carrière pour en bénéficier, à condition que leur entreprise accepte de les licencier.
Dans les secteurs de la construction, du travail de nuit et des métiers lourds, le RCC est accessible dès 60 ans et après 33 années de carrière. Le RCC ne signifie pas nécessairement une sortie définitive du marché du travail, rien n’empêche de reprendre une activité. - Les pensions anticipées et le bonus pension
La pension anticipée est une autre possibilité, avec une perte minime sur le montant définitif. Attention cependant à ne pas demander le versement des pensions complémentaires sous peine d’une taxation plus élevée (20 % au lieu de 10 %). Actuellement, il faut avoir 63 ans et 42 années de carrière (ou 60 et 44 ans, ou 61/62 et 43) pour en bénéficier. Toutefois, avec l’arrivée du bonus pension au 1er juillet dernier, cette option devient moins intéressante. - Système pour une fin de carrière adoucie
La CCT 104 prévoit des mesures de fin de carrière aménagées pour les collaborateurs âgés d’au moins 58 ans : passer d’un travail en équipe ou de nuit à un travail ordinaire, exercer un travail moins lourd ou réduire son temps de travail (par exemple, d’un temps plein à 4/5e). À partir de 60 ans, une indemnité compensatoire est prévue. - Dispense de prestations
De nombreux secteurs offrent des dispenses de prestations légales à leurs collaborateurs en fonction de leur ancienneté.
Comment savoir à quel âge vous pourrez prendre votre pension ?
Sur mypension.be, vous pouvez vérifier la date de votre départ en retraite en tenant compte du relèvement de l’âge légal. Si le site indique que vous pouvez partir le 1er août 2025, l’année supplémentaire ne vous concerne pas. Les premiers départs en pension à l’âge légal de 66 ans auront lieu en 2026, pour des demandes introduites en 2025.
Si vous n’atteignez pas le nombre d’années de carrière requis, rien ne vous empêche de partir plus tôt. Cependant, vous ne percevrez pas de pension avant l’âge légal et devrez compter sur votre épargne pour compenser financièrement cette période. Cela aura également un impact sur le montant de votre pension future. Pour peser le pour et le contre, des simulations sont disponibles sur le site web du Service des pensions.
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