Deux tiers des jeunes estiment que leurs connaissances financières sont insuffisantes

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Les jeunes Belges ressentent un besoin urgent de mieux comprendre les questions financières. S’ils ne manquent pas d’informations théoriques, ce sont les connaissances financières pratiques qui leur font défaut – celles qui permettent de gérer les défis du quotidien.

Le niveau de culture financière des jeunes Belges est préoccupant. Selon une enquête menée par Howest auprès des élèves de cinquième et sixième secondaire, un constat frappant émerge : seulement 5 % des jeunes interrogés estiment être suffisamment informés sur des sujets tels que les salaires, les emprunts et les assurances. Un tiers se considère moyennement informé, tandis que les deux tiers restants jugent leurs connaissances financières insuffisantes.

« Un chiffre alarmant », commente Jonathan Maes, coordinateur de recherche pour la filière gestion d’entreprise à Howest. « Nos recherches montrent qu’au fil des années, les adolescents expriment une demande croissante d’acquérir de meilleures connaissances financières. Par ailleurs, nous constatons que beaucoup d’entre eux se laissent séduire par des systèmes pyramidaux ou des promesses d’enrichissement rapide. Cela révèle non seulement un manque de culture financière, mais aussi un déficit en éducation aux médias. Trop crédules face aux ‘finfluenceurs’ peu scrupuleux, ils se laissent convaincre par des promesses de rendements irréalistes. »

Un paradoxe entre perception et performance

Ce constat contraste avec le bon classement des jeunes Belges dans les évaluations internationales sur la culture financière. Lors de la plus récente enquête PISA menée en 2022, les jeunes Flamands de 15 ans se positionnaient au deuxième rang mondial, juste derrière leurs homologues danois. Il est à noter que seuls les élèves de Flandre avaient été évalués pour la Belgique.

« Ces résultats restent honorables, mais ils sont en déclin depuis plusieurs années. Par ailleurs, notre enquête met en lumière des lacunes et des besoins spécifiques. Les programmes scolaires du secondaire manquent de contenu théorique sur ces sujets, mais surtout, les jeunes nous indiquent qu’ils souffrent d’un manque criant de connaissances pratiques pour gérer leurs finances personnelles au quotidien », explique Jonathan Maes.

« Ils savent parfaitement ce qu’est l’inflation, mais lorsqu’on leur demande combien coûte une maison ou une baguette de pain, ou encore ce qu’ils feraient s’ils recevaient 1 000 euros, ils sont souvent incapables de répondre. »

Des lacunes significatives

D’autres résultats de l’enquête révèlent des lacunes significatives dans les connaissances financières des jeunes. La moitié des répondants sait ce qu’est l’épargne-pension, tandis qu’un nombre équivalent pense, à tort, qu’il n’existe pas de comptes à vue gratuits sur le marché. Plus de la moitié ignore quelles assurances sont obligatoires. Seuls 25 % des jeunes savent combien coûte un pain, et un pourcentage encore plus faible a une idée du prix d’une maison.

Le bon classement des jeunes Belges dans les études internationales masque également d’importantes disparités selon l’origine socio-économique. « Les élèves issus de milieux défavorisés possèdent nettement moins de connaissances financières que la moyenne. Ce déficit se transmet souvent de génération en génération. Même en tenant compte des compétences mathématiques, les jeunes issus des groupes les plus vulnérables continuent d’afficher de moins bons résultats », explique Jonathan Maes.

Or, la culture financière constitue un levier essentiel pour réduire ces inégalités. « Les études montrent systématiquement que l’éducation financière est l’un des outils les plus efficaces pour diminuer les écarts socio-économiques. Il est donc primordial d’y accorder davantage d’attention », insiste-t-il.

Cette situation soulève également la question du rôle de l’école dans cet apprentissage. « Les enseignants du secondaire indiquent qu’ils aimeraient bénéficier de plus de soutien pour renforcer la formation financière de leurs élèves », ajoute Jonathan Maes.

Une approche concrète et personnalisée

Cette évolution de la culture financière est également perceptible chez les étudiants entrant en haute école, selon Veerle Wanzeele, responsable de la spécialisation Finance et Assurances au sein du programme de gestion d’entreprise. « Les jeunes s’intéressent aux finances personnelles. Beaucoup veulent épargner pour acheter un bien immobilier, et certains envisagent même d’en acquérir un second. Mais lorsqu’on approfondit la discussion, on constate qu’ils font souvent preuve d’un optimisme excessif et d’une surestimation de leurs capacités, et qu’il leur manque des connaissances fondamentales. C’est précisément là que nous pouvons intervenir. Nos cours abordent ces sujets de manière concrète et pratique. »

Afin de répondre en partie aux besoins des élèves du secondaire, Howest organise depuis plusieurs années des ateliers sur divers thèmes financiers, comme les assurances et les crédits, en collaboration avec des prestataires de services financiers. « À travers des exemples concrets, nous aidons les jeunes à mieux appréhender ces questions. Par exemple, nous les invitons à réfléchir aux assurances nécessaires pour organiser une fête d’anniversaire à 18 ans ou aux formalités à accomplir pour acheter un scooter », explique Veerle Wanzeele.

Avant ces ateliers, les élèves préparent également des questions en classe avec leur enseignant. « Par exemple : faut-il informer son assureur solde restant dû si l’on commence à fumer ? Les experts leur répondent de manière aussi pragmatique que possible. En parallèle, un dirigeant d’entreprise partage son parcours personnel pour leur donner un aperçu du monde de l’entrepreneuriat », détaille Veerle Wanzeele. « Durant ces sessions, nous constatons un véritable intérêt de leur part et une évolution dans leur perception des assurances. Certains vont même jusqu’à envisager des études dans ce domaine. »

Capter leur attention grâce à des exemples concrets

Souligner l’aspect personnel des finances est la clé pour capter l’attention des jeunes, observe Jonathan Maes. « Lors de certaines interventions, j’ai choisi d’être totalement transparent sur ma propre situation financière. Cela permet de briser la distance et de susciter une avalanche de questions », explique-t-il.

Ces échanges révèlent de nombreuses idées reçues et un manque de clarté persistant. « Beaucoup pensent que la moitié de leur salaire est systématiquement ponctionnée par les impôts, mais le concept des barèmes d’imposition progressifs leur est totalement étranger », constate Jonathan Maes.

« Lorsque j’évoque ouvertement mon propre salaire, cela déclenche de nombreuses interrogations : comment ai-je financé mon logement ? Combien peut-on emprunter avec tel revenu ? Peut-on encore épargner après avoir contracté un crédit immobilier ? Autant de questions pratiques et personnelles qui, aujourd’hui, ne sont pas abordées à l’école, alors que c’est précisément là que se situent les besoins les plus pressants. »

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