Un dirigeant de Danone veut taxer les produits trop sucrés et salés, une approche efficace contre l’obésité ?
Le patron britannique de Danone, James Mayer, estime que le gouvernement devrait aider les consommateurs à faire des choix plus sains. Le dirigeant plaide pour des taxes plus élevées sur le sucre, le sel et les matières grasses, ce qui devrait contribuer à lutter contre l’obésité.
James Mayer, le président de la branche britannique du géant de l’agroalimentaire Danone, est le premier dirigeant d’une grande entreprise alimentaire à réclamer des taxes plus élevées sur les produits alimentaires riches en graisses, en sucre ou en sel. Et cela, afin de lutter contre l’obésité dans la population.
Cet appel fait suite aux déclarations du Premier ministre britannique, Rishi Sunak, qui a expliqué la semaine dernière que les derniers médicaments contre l’obésité, tels qu’Ozempic, pouvaient enfin apporter une aide réelle. Selon le dirigeant de Danone, la prévention est une bien meilleure solution.
C’est la première fois qu’un grand fabricant de produits alimentaires coté en bourse appelle à une action urgente du gouvernement face à l’augmentation des chiffres de l’obésité. Elle pourrait encourager d’autres géants du secteur à réagir.
L’industrie alimentaire contre les taxes
La multinationale française Danone possédait autrefois des marques de biscuits populaires, dont les biscuits Lu, mais elle a vendu son unité de biscuits et d’en-cas céréaliers à Kraft Food en 2007 (rebaptisé ensuite Mondelez). L’entreprise fait désormais la promotion de ses marques de produits alimentaires et de boissons plus sains, dont l’eau minérale Volvic. Elle a reformulé les recettes de ses produits et affirme que 90 % de son portefeuille de produits au Royaume-Uni, en termes de volume de ventes, n’est pas riche en matières grasses, en sucre ou en sel. Danone s’est aussi engagée à ne pas produire de tels produits pour les enfants.
Une étude de la Food and Drink Federation suggère que les grandes entreprises alimentaires ont beaucoup mieux réussi à réduire la teneur en sucre et en sel de leurs produits que les petites et moyennes entreprises (PME) britanniques. L’étude, publiée en avril, indique que les PME ont eu du mal à reformuler les produits incriminés.
L’industrie alimentaire s’est déjà opposée à l’instauration de taxes supplémentaires, arguant qu’elles feraient grimper les prix. Toutefois, les militants en faveur de cette stratégie affirment que les recettes fiscales pourraient être utilisées pour promouvoir des habitudes alimentaires plus saines auprès de la population.
Des militants ont accusé l’industrie alimentaire dans son ensemble de ne pas agir assez rapidement pour reformuler leurs aliments et promouvoir des options plus saines. Le mois dernier, le géant de l’alimentation Nestlé a encore été critiqué pour le lancement de ses céréales KitKat pour le petit-déjeuner, qui contiennent près de 25 % de sucre.
La taxe soda, efficace ?
Une taxe sur les boissons sucrées existe en Belgique depuis 2015. Les boissons contenant du sucre ou d’autres édulcorants, tels que le cola, la limonade et l’eau aromatisée soda sont taxées 0,12 cent par litre.
La taxe s’applique aux producteurs de sodas. Ainsi, l’augmentation du prix pour les consommateurs peut varier d’un produit à l’autre. On peut estimer que ces deux taxes ont fait augmenter les prix d’environ 3-4% chacune.
Pour Testachats, il s’agit surtout d’une opération juteuse pour le Trésor public qui empoche le produit de la taxe. Par contre, niveau santé publique on est encore loin du compte.
« Cette taxe santé n’a donc aucun effet sur votre comportement d’achat. Une faible taxe augmentée petit à petit, comme cela se passe actuellement, ne crée pas d’effet-choc. Le consommateur s’habitue simplement à ces nouveaux prix sans modifier son comportement, observe l’association des consommateurs. Il est plus important de promouvoir une alimentation saine et équilibrée que de proscrire les produits riches en sucre et en graisses », estime l’association de défense des consommateurs.
Par ailleurs, les consommateurs belges trouvent des alternatives moins chères à l’étranger pour éviter de pas payer cette taxe soda. D’après une étude menée par la FIEB (l’association sectorielle de l’industrie belge des eaux et des boissons rafraîchissantes) citée par La Libre, près d’un Belge sur huit se rend au moins une fois par mois au-delà de nos frontières pour acheter des boissons. “La taxe sur le sucre est donc complètement passée à côté de son objectif et notre lasagne de taxes belges entraîne une perte de revenus, tant pour nos entreprises que pour le gouvernement”, estime le président de la FIEB, Bart Peeters.
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