Shein, Temu… Les “pratiques commerciales inégales” de la Chine impactent l’économie belge

Temu
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Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Contrefaçons, produits dangereux, livraisons frauduleuses… La fédération belge du commerce électronique Becom accuse les géants chinois du commerce en ligne de violer les réglementations. « Nous demandons aux gouvernements belge et européen de prendre des mesures ».

Shein, Temu, Alibaba… Ces acteurs chinois ont connu un rapide essor tant en Belgique que dans d’autres pays européens. Le problème, c’est que 20 à 40% des colis envoyés chez nous par ces boutiques en ligne bon marché ne sont pas conformes à la législation, dénonce Becom dans une lettre ouverte. La fédération du commerce électronique demande donc aux gouvernements belge et européen de prendre rapidement des mesures contre “l’inégalité des conditions de concurrence” entre les plateformes chinoises et celles basées dans l’UE.

“Les pratiques commerciales adoptées par ces nouveaux acteurs extérieurs à l’UE soulèvent de plus en plus de questions quant au respect des règles applicables en Europe”, déclare la Fédération. “Cela concerne à la fois la protection des consommateurs, la sécurité des produits et le respect des réglementations en matière de durabilité. L’impact sur les économies belge et européenne est disproportionné.” Mais quel est le problème exactement?

Les envois dits ‘matryoshka’

L’empire commercial de ces boutiques en ligne repose sur une stratégie malhonnête: la technique de matryoshka. À l’image de ces célèbres poupées russes, une seule grande boîte dissimule souvent plusieurs paquets individuels. Par conséquent, de nombreux objets importés par avion échappent aux contrôles. Pas étonnant donc de retrouver des contrefaçons, des produits dangereux pour la santé ou non conformes aux inspections sur le territoire belge.

En sous-évaluant les colis, les acteurs chinois échappent aux droits d’importation. En outre, la capacité de contrôle actuelle de nos douanes belges est de 300 personnes à Bierset (Cainiao eHub). Un personnel insuffisant pour contrôler un flux quotidien de millions de boîtes… En 2023, près de 435 millions d’articles ont été importés de cette manière en Belgique/Europe.

Le transport aérien met la durabilité en jeu

Avec l’introduction du Green Deal, les entreprises européennes doivent investir de manière significative dans des modèles d’entreprise plus durables, rendre compte de leurs émissions de manière transparente et aider de plus en plus les consommateurs à prendre des décisions d’achat réfléchies.

20 à 40% des colis envoyés chez nous par ces boutiques en ligne bon marché ne sont pas conformes à la législation.

Avec des commerces de fast fashion comme Shein, on est loin de respecter ces idéaux… Les boutiques en ligne chinoises vendent en effet leurs produits à des prix qui défient toute concurrence. De quoi encourager les consommateurs belges à passer commande sur ces plateformes. Et peu importe si trois petits objets parcourent des milliers de kilomètres en avion avant d’atterrir dans nos salons…

Selon Reuters, un tiers du transport aérien est aujourd’hui en effet utilisé pour expédier des paquets d’achats en ligne (individuels) par des plateformes de commerce électronique asiatiques.

Conditions de concurrence inégales

De plus, ces exportations bénéficient également du soutien logistique et financier du gouvernement chinois, ce qui permet la croissance exponentielle des ventes sur des marchés tels que l’UE. Et pour maintenir le système de subvention chinois, un système de rotation est utilisé: un nouvel aéroport européen différent est choisi comme destination finale après 3 ans. Une fois la destination atteinte et tous les colis déchargés, l’avion repart vide.

De surcroît, les colis arrivant dans l’UE ont déjà été pourvus des étiquettes d’adresse nécessaires dans les centres de traitement chinois. Cela crée donc des conditions de concurrence inégales, puisque l’échange de commerce et/ou de l’emploi durables sont totalement absents.

Produits dangereux

Comme expliqué plus haut, en échappant aux contrôles, les fournisseurs chinois peuvent commercialiser de plus en plus de produits dangereux. Ceux-ci ne répondent alors pas aux exigences de l’UE en matière de sécurité des produits et d’étiquetage. Une conséquence du « système d’enchères » adopté par certaines plateformes chinoises.

Les fournisseurs sont en effet mis en concurrence pour fabriquer des produits au prix le plus bas possible. Cela se fait alors (souvent) au détriment de la qualité ou de la sécurité du produit.

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