Le chef du Cyber Command met en garde : méfiez-vous de votre smartphone

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Le général-major Michel Van Strythem, à la tête du nouveau Cyber Command au sein de l’armée, révèle dans De Morgen toutes les choses inquiétantes qui se passent derrière l’écran de notre smartphone.

Michel Van Strythem est depuis un an et demi à la tête du Cyber Command, la nouvelle division du service de renseignement militaire. L’une de ses missions est de déterminer la «manipulation et l’Interférence des Informations Étrangères », soit quand les discussions en ligne sont manipulées depuis l’étranger. Or l’avant-élection est le moment idéal pour ce genre d’action puisque c’est le moment où une démocratie est vulnérable à toute forme d’influence. Et tout ne vient pas directement de l’étranger. Des Belges peuvent travailler pour un état et agir en troll sur les différents réseaux pour des raisons pécuniaires, idéologiques ou simplement une question d’ego. Les sujets et raisons sont variés, mais n’ont, par contre, qu’un seul but : saper la confiance dans le gouvernement et les institutions. Des exemples comme Trump ou le Brexit montrent que ce n’est pas sans conséquence.

Plutôt rassurant, Michel Van Strythem révèle que lors des précédentes élections belges, en 2019, ils n’ont « rien vu de grave », bien que certains pics d’activité ont été constatés. Mais en 5 ans le volume du trafic a radicalement augmenté, tout comme l’intensité des campagnes d’influence.  Aujourd’hui, les messages sont lancés simultanément sur Facebook, X, TikTok et via des centaines de faux sites d’actualités. Les algorithmes des réseaux sociaux s’étant eux aussi affinés, l’effet tunnel – soit de ne voir qu’un seul point de vue – n’en est que renforcé.

La plupart des tentatives interférences ou de piratage viennent d’un quatuor composé de la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord. Chacun a néanmoins un peu sa spécificité. Ainsi la Russie se concentre sur l’Ukraine, l’Iran sur sa diaspora, la Chine est plus dans l’espionnage industriel et la Corée du Nord s’est fait une spécialité du rançongiciel.

La Belgique relativement épargnée, mais…

“La Russie se concentre maintenant sur la Pologne, l’Allemagne, l’Estonie et la France » dit encore Michel Van Strythem toujours dans De Morgen. La Belgique reste donc relativement épargnée d’attaque directe. Sauf que « quand il pleut à Paris, il pleut à Bruxelles ». Et notre pays n’est pas exempt d’un certain cyberharcèlement, notamment avec des attaques DDos sur les sites Web de certaines institutions. « On soupçonne fortement la Chine, mais rien ne peut être affirmé avec certitude ».

Et, de façon plus retorse, la Russie et la Chine ont déjà placé quelques chausse-trappes dormantes dans les fondements numériques de nos infrastructures critiques. De quoi saboter lorsqu’ils le jugent nécessaire par exemple le trafic ferroviaire ou notre approvisionnement énergétique. L’IA représente aussi un nouveau danger puisque celle-ci devrait être bientôt capable de décrypter les clés cryptographiques de, par exemple, les banques. Plus aucune information numérique ne sera, en l’état, plus à l’abri.

À cela s’ajoutent le Telegram russe et le TikTok chinois. Le premier a moins d’influence puisque seulement 10% de la population belge a Telegram, mais « cela reste tout de même près d’un million de personnes sur une application russe » dit encore Van Strythem. Pour le second- et aussi pour le magasin en ligne Temu –  l’application doit donner accès à toutes ses données à l’État chinois. Et puis le fait que les Chinois n’ont pas droit à la même version devrait tout de même éveiller une certaine méfiance. Pourtant, le commandant ne prône pourtant pas forcément pour une interdiction. Il est plutôt partisan d’une meilleure résilience des utilisateurs. En épluchant les paramètres de l’application et en désactivant des fonctions comme le partage automatique de données, on limite déjà les risques.

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