Santé et durabilité : les bons et les mauvais élèves de l’alimentation en Belgique
Sciensano dévoile les résultats d’une vaste étude sur les engagements des entreprises alimentaires en Belgique dans les domaines de la santé, de la durabilité et de l’alimentation saine. Cette étude a été réalisée auprès d’une trentaine d’entreprises issues de quatre secteurs (supermarchés, fast-foods, fabricants d’aliments emballés et boissons non alcoolisées). Bien que certaines entreprises aient progressé depuis 2019, date de la première étude, les résultats restent globalement faibles, en particulier pour la promotion d’une alimentation saine.
L’étude de Sciensano révèle des progrès visibles chez certains acteurs. “Un certain nombre d’entreprises obtiennent un meilleur résultat qu’en 2019, mais les progrès restent généralement limités,” confie Stefanie Vandevijvere, chercheuse chez Sciensano, qui a coordonné l’étude. “D’autres ont régressé. En règle générale, l’environnement alimentaire reste malsain, ce qui favorise des habitudes alimentaires néfastes pour la santé. C’est donc aux autorités de prendre des mesures pour le rendre plus sain.”
Les supermarchés se distinguent par une amélioration continue de la qualité des produits de leurs marques propres.
Avec un score de 75/100, Danone se distingue par ses efforts en matière de réduction des sucres ajoutés et sa transparence grâce à l’adoption précoce du Nutri-Score sur ses produits. Les supermarchés Delhaize obtiennent un bon score grâce à l’amélioration continue de la qualité nutritionnelle des produits de leurs marques propres et à des initiatives pour promouvoir des aliments sains.
Les secteurs à la traîne : des efforts insuffisants
Les chaînes de restauration rapide affichent, en revanche, des progrès minimes. Bien que davantage d’informations nutritionnelles soient disponibles, les engagements pour réduire la promotion des aliments malsains restent absents, selon l’étude de l’institut de santé publique belge. En parallèle, le nombre de fast-foods en Belgique continue de croître, ce qui aggrave l’impact négatif sur les habitudes alimentaires de la population belge.
Les chaînes de fast-foods comme McDonald’s affichent des scores faibles, notamment en raison d’un manque d’engagement pour limiter la promotion des aliments mauvais pour la santé. Bien que des informations nutritionnelles soient désormais disponibles, aucun progrès significatif n’a été constaté sur la composition des repas. Avec un score modeste, Coca-Cola a progressé dans l’utilisation du Nutri-Score, mais les engagements pour réduire la teneur en sucre des boissons et limiter leur publicité, notamment auprès des enfants, restent insuffisants. Bien que leader dans certains secteurs, Nestlé affiche des résultats mitigés, avec peu de changements notables sur la composition nutritionnelle de ses produits. La chaîne de fast-foods Quick, à l’instar de McDonald’s, obtient des scores faibles en raison d’une offre largement dominée par des aliments peu sains et d’un marketing agressif.
Concernant les fabricants d’aliments emballés et de boissons non alcoolisées, les résultats sont mitigés. Si l’utilisation du Nutri-Score a progressé, la composition des produits reste peu modifiée. Là encore, les engagements pour limiter la publicité des aliments malsains sont quasi inexistants.
De meilleurs résultats en durabilité
En matière de durabilité, les entreprises obtiennent en moyenne de meilleurs résultats qu’en santé (avec une exception importante : l’offre d’alternatives végétales). Stefanie Vandevijvere chercheuse chez Sciensano et coordinatrice de l’étude explique : “Pour la durabilité, il existe un stimulant économique: réduire l’énergie ou le matériel d’emballage permet de réduire les coûts pour les entreprises.” Pour la santé, ce stimulant économique est généralement absent.
Un environnement alimentaire toujours malsain
Malgré des améliorations sporadiques, Sciensano souligne que l’environnement alimentaire belge demeure largement défavorable à des habitudes alimentaires saines. Cela contribue à l’aggravation des problèmes de santé publique tels que l’obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires. Par ailleurs, le système alimentaire belge est responsable d’environ 20 % des émissions de gaz à effet de serre.
L’étude met également en lumière l’absence de lien entre les scores en santé et en durabilité, ce qui illustre le manque d’incitations économiques pour promouvoir une alimentation saine. Selon Stefanie Vandevijvere, des mesures réglementaires sont indispensables pour améliorer cet environnement. Les priorités incluent la régulation la publicité des aliments malsains, notamment ceux destinés aux enfants ainsi que de cibler les secteurs les plus faibles, comme les fast-foods. “Ces mesures, déjà recommandées par le Conseil supérieur de la santé, auraient un impact significatif sur la santé publique tout en étant peu coûteuses », avance la chercheuse.
Méthodologie
L’étude a porté sur 33 entreprises issues de quatre secteurs: supermarchés, restaurants à service rapide, fabricants d’aliments emballés et de boissons non alcoolisées. Leurs engagements en matière d’alimentation saine a été évaluée dans six domaines. Les entreprises ont également eu la possibilité de fournir des informations et un retour sur leurs résultats. Réalisée pour la deuxième fois depuis 2019, l’étude permet une comparaison avec les données antérieures.
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