Les courses en France, une fausse bonne affaire ?

En raison de la concurrence accrue entre les supermarchés, les prix ont augmenté moins rapidement en Belgique que dans les pays voisins.Les magasins belges restent moins chers que les magasins français mais comment l’expliquer ?

Les achats transfrontaliers sont une véritable préoccupation pour l’industrie agroalimentaire, tant pour les producteurs que pour les supermarchés qui s’inquiètent de voir filer les clients. Pourquoi les Belges ont donc l’impression de faire de bonnes affaires en faisant leurs courses en France ? Et comment expliquer que les prix en Belgique diminuent plus rapidement ? Trends Tendances décrypte.

Les faits d’abord : les Belges ont dépensé 76% de plus dans les supermarchés français si l’on compare les trois premiers trimestres 2023 et 2022. Récemment, l’Autorité belge de la concurrence a rappelé que les prix de vente moyens de presque toutes les catégories de produits en Belgique ont augmenté moins vite, ou ont baissé plus vite, que dans les trois pays voisins entre 2018 et 2022.

Les courses en France, une bonne affaire ?

Toutes les catégories de produits ne sont pas touchées de la même manière par la hausse des prix. Certaines catégories spécifiques comme les boissons non-alcoolisés et l’alcool restent moins chères en France. Cela s’explique par des contraintes territoriales d’approvisionnement où les multinationales pratiquent parfois des prix plus élevés dans des pays relativement petits comme la Belgique. La même explication s’applique pour les marques A qui ont également un plus grand pouvoir de négociation, en particulier sur les petits marchés comme la Belgique.

Autre élément : la communication du gouvernement français. Les mesures anti-inflationnistes importantes prises par le gouvernement français ont largement été relayées chez nous, donnant l’impression que le blocage des prix serait d’emblée plus avantageux pour les consommateurs. Cependant, et contrairement à la Belgique, la France ne bénéficie pas de l‘indexation des salaires, le pouvoir d’achat des Français est donc plus impacté par l’inflation.

Concurrence accrue

L’évolution récente des écarts de prix entre les distributeurs des différents pays au bénéfice des consommateurs belges peut s’expliquer, à tout le moins en partie, par l’intensification de la concurrence entre distributeurs détaillants en Belgique. L’arrivée d’acteurs des Pays-Bas comme Albert Heijn ou Jumbo a bousculé le marché et tiré les prix vers le bas. Colruyt qui fait la promesse des prix les plus bas doit constamment ajuster ses prix, en particulier s’il est situé près d’un Albert Heijn.

« Une concurrence accrue conduit à des prix plus bas, mais la situation devient progressivement intenable car la marge des supermarchés belges est tombée à 1,29% », prévient Dominique Michel, le CEO de Comeos. Un supermarché ne réalise qu’un bénéfice de 1,29 euro sur un caddie de 100 euros, illustre-t-il.

La baisse des prix belge résulte donc principalement de la baisse des marges brutes des détaillants et non pas, ou dans une moindre mesure, de la baisse des prix de vente moyens des fabricants.

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