Les Belges de plus en plus nombreux à faire leurs courses dans les supermarchés français
Les Belges sont de plus en plus nombreux à faire leurs courses dans les supermarchés français. Cette tendance n’est pas prête de ralentir.
La hausse des produits alimentaires pousse de nombreux Belges à aller faire leurs courses dans les pays limitrophes, et notamment en France.
Au cours du premier trimestre de cette année, les achats à l’étranger ont fortement augmenté par rapport au premier trimestre de l’année dernière, rapporte Comeos sur base de données chiffrées sur les consommateurs de GfK. La France est la première destination des Belges pour faire leurs courses alimentaires. Au cours du dernier trimestre, ils ont ainsi acheté près de 70 % de plus en France qu’au premier trimestre 2022. C’est un record. Les achats en ligne viennent s’ajouter à ces chiffres.
En chiffres absolus, les achats physiques aux frontières de la Belgique se sont élevés à 688 millions d’euros, dont 423 millions d’euros rien que pour la France, soit une augmentation de 42 %, si l’on compare les chiffres de 2019 (dernière année avant la pandémie) à ceux de début 2023. Sur une base annuelle, il s’élève à 1,6 milliard d’euros. Comeos s’attend à ce que la croissance s’accélère encore.
Une économie de 64% sur l’eau
Les Belges qui font leurs courses en France s’approvisionnent souvent en grandes quantités. Il n’est pas rare de voir des caddies remplis à ras bord de packs de sodas ou d’eau. Acheter des produits dans la catégorie épicerie/alimentation sèche peut ainsi coûter 44,36% moins cher en France qu’en Belgique. Les achats intéressants sont les produits céréaliers ainsi que les produits laitiers (34%). Il est aussi préférable d’aller en France pour les conserves et autres produits alimentaires. Il est possible d’économiser en moyenne 13% sur les boissons non alcoolisées. Cette économie grimpe à 64% en moyenne pour une bouteille d’eau (Evian 1,5L). En moyenne, nous payons plus cher pour les marques internationales en Belgique, par rapport aux autres pays.
Un panier anti-inflation aussi en Belgique ?
En France, le gouvernement a pris des mesures pour contrôler les prix des denrées alimentaires. Chez nous, un « panier anti-inflation » avec un blocage des prix a aussi été proposé la semaine dernière par le ministre de l’Économie Pierre-Yves Dermagne. Ce dernier exige une baisse des prix rapide pour les consommateurs et menace l’industrie de sanctions.
Il réagissait aux mesures prises chez nos voisins français pour forcer l’industrie agroalimentaire à réduire ses prix, alors que certaines matières premières baissent et que les coûts de l’énergie retrouvent des tarifs d’avant la guerre en Ukraine. Le cabinet du ministre a lancé un ultimatum à la Fevia, la Fédération de l’industrie alimentaire belge. Il souhaite que d’ici mi-juillet, au plus tard, un accord soit trouvé pour répercuter la baisse des coûts sur les prix à la caisse. « Si la concertation n’aboutit pas rapidement, je prendrai des mesures », a-t-il souligné à la Chambre. Le ministre pourrait en effet « dénoncer » publiquement les entreprises qui ne jouent pas le jeu, « qui refusent de faire baisser les prix pour augmenter leurs marges et les bénéfices qu’ils reversent aux actionnaires ».
Plusieurs propositions de loi sont actuellement sur la table et pourraient permettre cette baisse des prix, ou du moins, bloquer leur augmentation, en donnant davantage de pouvoir au ministre de l’Économie. Mais il n’y a pour l’instant pas de majorité politique autour de ces textes, a-t-il été rappelé à la Chambre.
La Fevia a réagi à la proposition du ministre. La fédération plaide plutôt pour une négociation au cas par cas, selon la situation des entreprises et leur secteur d’activité. Elle attend la réunion début juillet qui réunit l’industrie, les représentations agricoles wallonnes et flamandes, ainsi que Comeos qui représentera les chaînes de supermarchés notamment.
Hausse de la TVA sur les denrées alimentaires
Ajoutons à cela que les prix de certaines denrées pourraient encore augmenter à l’avenir dans les supermarchés belges. Le gouvernement travaille en effet sur une augmentation de la TVA dans le cadre de la réforme fiscale. La TVA sur les produits alimentaires passerait de 6 à 9 %. Par contre, pour les fruits et légumes, elle tomberait à 0 %.
Outre la hausse de la TVA, d’autres taxes augmentent. Le gouvernement fédéral a déjà introduit une taxe sur les emballages pour les boissons. Son coût : 340 millions d’euros par an. Il a décidé d’augmenter cette taxe de 60 millions d’euros.
De leur côté, les régions travaillent à l’élaboration d’une taxe sur les déchets sauvages dans le cadre de la responsabilité élargie des producteurs. Elle coûtera 185 millions d’euros par an. « Cette hausse de la TVA, de la taxe sur les emballages et de la taxe sur les déchets fera exploser les achats aux frontières“, prédit Dominique Michel, directeur général de la fédération commerciale Comeos, cité par De Standaard.
Cette fuite des consommateurs se traduira inévitablement par des pertes d’emploi dans les supermarchés belges, alerte encore Comeos.
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