La promotion “1+1 gratuit” bientôt interdite ?
Le Belge serait très friand de promos. Il le serait même encore davantage depuis la hausse de l’inflation et des prix de l’énergie. Mais comme rien n’est jamais gratuit dans ce monde, que cache les promotions du genre 1+1 gratuit?
Les possibilités de promotions sur certains produits sont larges et variées. Cela va du 1+1 gratuit (soit une offre conjointe de 2 pour le prix de 1), d’une réduction si on achète un deuxième produit ou plusieurs produits sur une même marque (ce qu’on appelle une offre conditionnelle; par exemple un deuxième produit à 50%), ou encore des actions via sa carte de membre.
Le succès du 1 + 1 gratuit
Selon une étude de l’application mobile Shopmium, ce serait pas moins de 76 % des consommateurs qui seraient “davantage qu’auparavant, à la recherche d’offres promotionnelles et de réductions». Un résultat cependant nuancé par De Standaard pour qui l’appétit des Belges pour la promo est constant. Le quotidien précise tout de même qu’une forme de promotion aurait tout de même les préférences des consommateurs. Ces derniers seraient particulièrement friands du 1+ 1 gratuit. La clé de cette promo serait la simplicité. Pas besoin de calcul compliqué pour la comprendre, ni de lire les petites lignes. Quoique (voir encadré).
Celle-ci serait particulièrement tentante pour certaines catégories de produits de consommation comme les boisons, l’épicerie (pâtes, riz, chips, sauces, huiles, épices…) les produits de soins corporels ( savon, shampoing, déo,…) ou encore d’entretiens (produits ménagers, papier toilette …) ou dédiés aux animaux de compagnies comme chien et chat.
Toujours selon De Standaard, les promos représenteraient, par exemple, entre 20 et 25 % des achats chez Cora et 15% des achats de bières et 25 % des achats de pâtes et de riz chez Delhaize. La raison n’est pas très difficile à comprendre puisque ce sont aussi des produits qui ne périment pas rapidement et qui sont relativement facile à stocker (quand on dispose d’un minimum d’espace). Cependant, devant son succès, ce genre de promo s’étend aussi désormais à des produits frais comme des légumes ou de la viande. Une course à la promo qui ne réjouit pas tout le monde.
Une promo bientôt interdite ?
Ainsi, selon le CD&V ce genre de ” promotion est néfaste pour les agriculteurs, les petits supermarchés et les magasins spécialisés, mais aussi, à long terme, pour les consommateurs eux-mêmes”. Outre un manque de respect évidant pour le travail des agriculteurs, elles conduisent surtout à des marges de plus en plus réduites pour ces derniers. De quoi empêcher ces derniers d’investir pour cultiver de façon plus écoresponsable, selon le CD&V. Cette baisse de marge rendrait les supermarchés indépendants et les magasins spécialisés aussi plus vulnérables et affaiblirait le principe de concurrence. Par ailleurs, des prix toujours plus bas feraient aussi baisser la qualité des produits, les producteurs cherchant à rendre leur produit moins cher.
Le CD&V cherche donc, avec le soutien de l’Unizo (qui défend les boulangers, les bouchers et les petits supermarchés locaux) et du Boerenbond (organisation d’agriculteurs), à faire passer un projet de loi interdisant les promotions dans les magasins telles que la formule “achetez-en un, obtenez-en un gratuitement” pour les produits agricoles et alimentaires.
L’idée est donc d’interdire les “promotions excessives sur les prix des produits frais”, y compris les fruits, les légumes et la viande. Et la promo qui est particulièrement visée par le projet est “1+1 gratuit” et le “1+2 gratuits”, voire le 1+5 gratuits comme l’avait fait en septembre dernier la chaine Albert Heijn. Ce qui sera par contre encore possible, si la loi passe, c’est 2+ 1 gratuit. Soit d’offrir un troisième produit gratuitement si on en achète deux autres.
On ne peut pas vendre à perte
Notons qu’une promo 1+2 gratuits, ou encore davantage, est déjà potentiellement non légale puisqu’en Belgique il est interdit de vendre à perte. Cette interdiction de vendre à perte ne s’applique néanmoins pas pour les produits périssables, pendant les soldes ou encore en cas de liquidation totale ou de produits endommagés. Enfin, lorsqu’une entreprise annonce une réduction de prix au consommateur, elle doit aussi indiquer au prix de vente le prix antérieur appliqué au cours des 30 jours précédant l’application de la réduction de prix. Si pour les promotions relatives aux denrées périssables les entreprises ne sont pas tenues d’indiquer un prix de référence, l’interdiction de pratiques commerciales déloyales demeure, précise encore le site du SPF finance.
Si l’idée n’est pas neuve puisqu’une telle interdiction a déjà lieu en France depuis 2019, elle fait bondir la fédération professionnelle Comeos, qui représente les chaînes de supermarchés. « Cela ne fera que rendre le panier des consommateurs encore plus cher qu’il ne l’est déjà aujourd’hui » dit-elle dans De Standaard, avant de préciser que parfois ce type de « promotions sont également utilisées pour prévenir le gaspillage alimentaire, par exemple en cas de très bonne récolte ».
Cinq astuces pour ne pas être piégé par une promo
1. Se méfier des lots et paquets “famille”
Avant de se laisser tenter par les sirènes des prix qui semblent ultra attractif, la première règle est de vérifier le prix unitaire. Selon Test-Achats, cela reste le meilleur indicateur. Il est ainsi tout à fait possible qu’un paquet « standard » soit moins cher ailleurs par la magie de la concurrence.
2. S’attendre à une rupture de stock
En cas de promo vraiment attirante, le produit objet de toutes les convoitises est souvent déjà plus en rayon dès le premier jour. S’il est mentionné selon les stocks disponibles, la chance n’en est que plus grande de s’être bougé pour rien et qu’il est impossible de commander le dit produit en ligne par exemple.
3. Se méfier de la “shrinkflation” et de la promo permanente
La shrinkflation signifie que de la quantité du produit a diminué, mais le prix est le même qu’avant. Il y a aussi des produits ou des marques qui semblent ou même sont en promos permanentes. Ce qui n’est du coup plus vraiment une promo.
4. La promo est parfois trop subtile
En tête de gondole ou en rayon, il n’est pas toujours très clair sur quels produits porte la promotion. Certaines bénéficiant de la remise, alors que d’autres non. Par exemple, la promo ne marche que sur certains formats comme les bouteilles d’un litre, mais pas sur celles de 1.5 litre; ou encore sur un seul parfum de shampoing, mais pas sur tous.
5. Une trop grande quantité
Pour obtenir la promo, on doit parfois acheter un gros conditionnement ou en masse. Mais qu’est-ce qu’on va faire, par exemple, avec 6 bidons de produits-lessive, 2 litres de shampoing à la vanille ou encore dix paquets des mêmes pâtes ? Il faut de l’espace pour stocker tout cela et une certaine discipline pour en venir à bout. Ce qui fait, qu’in fine, ce genre de produits ne sont pas utilisés et finissent à la poubelle. De quoi sérieusement plomber l’économie réalisée.
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