Et si l’alimentation était vendue à son “coût réel”? Un supermarché a fait le test

Imposer des prix “réels” et donc plus élevés pour l’alimentation entraîne une baisse des ventes, mais moins qu’estimée. C’est ce qui ressort d’une campagne-test réalisée en Allemagne. Le test révèle notamment que les habitudes des consommateurs jouent un rôle crucial dans l’acte d’achat, au delà du prix. 

Fin juillet 2023, la chaîne de supermarchés hard-discount franco-allemande Penny a facturé des “vrais prix” pendant une semaine pour neuf produits. Les prix tenait compte de tous les dommages environnementaux causés par leur production. Le fromage Maasdammer et les saucisses Wiener étaient, par exemple, affichés jusqu’à 94 % plus cher, tandis que la différence était beaucoup plus petite pour les produits biologiques. La chaîne de magasins voulait sensibiliser de cette manière ses clients à l’impact de la production alimentaire sur l’environnement.

Les “coûts réels”

Pour déterminer ces “coûts réels”, des scientifiques de la Technische Hochschule de Nuremberg et de l’université de Greifswald ont réalisé des analyses du cycle de vie des produits. Ils ont décomposé le processus de production alimentaire en étapes distinctes et calculé les coûts : “Nous calculons les émissions de CO2, la consommation de ressources et la consommation d’énergie. Ces chiffres sont confrontés aux coûts des dommages, tels que les hospitalisations accrues dues à de mauvaises habitudes alimentaires.” Par exemple, pour le fromage Maasdammer, le prix a été augmenté par quatre facteurs : le climat (+0,85 euro), la pollution du sol (+0,76 euro), la santé (+0,63 euro) et la consommation d’eau (+0,12 euro).

Supplément de revenus

Les scientifiques ont interrogé 2.255 clients avant et après la semaine de test. Environ la moitié du groupe était constituée d’un échantillon représentatif de la population allemande. L’autre moitié était composée de clients de la chaîne Penny qui y faisaient leurs courses au moins une fois par mois. Parmi les clients qui avaient acheté les produits malgré le prix plus élevé, 93 % ont déclaré les acheter habituellement et l’avaient fait également par habitude cette fois-ci. 86% ont déclaré prendre en compte la durabilité. 83 % ont mentionné que faire un don était une raison importante.

Selon l’étude, les ventes des neuf produits ont diminué dans toute l’Allemagne. 85 % des consommateurs qui n’avaient pas acheté les produits les trouvaient trop chers. La baisse des ventes était particulièrement forte dans les nouveaux Länder, avec une diminution de 70 %. Dans l’ouest et le sud de l’Allemagne, les ventes de ces produits ont diminué proportionnellement le moins, souvent seulement de moitié. Les chercheurs estiment que ces différences régionales peuvent être attribuées à divers facteurs tels que le revenu ou l’intérêt pour la durabilité.

370.000 euros récoltés

Selon les chercheurs, le fait que la baisse des ventes ait été moins importante que prévu est probablement également dû à la communication autour de la campagne de test et à la récolte de dons. Selon l’étude, 64 % des répondants étaient au courant de l’action menée par le supermarché. Deux tiers des répondants ont déclaré qu’ils étaient devenus plus conscients des prix alimentaires par la suite. 46 % ont estimé, en revanche, que cette campagne était du pur marketing et n’avait aucun effet positif.

Le discounter Penny a consacré les revenus supplémentaires engrangés, ainsi que 50.000 euros propres, à un projet de protection du climat et de préservation des exploitations agricoles familiales dans les Alpes. Selon la chaîne de supermarchés, plus de 370.000 euros ont pu être récoltés.

Der Spiegel

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